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Les épiciers ont commencé à «riposter» aux prix de Dollarama

La Presse Canadienne|Publié le 13 Décembre 2023

Les épiciers ont commencé à «riposter» aux prix de Dollarama

Même si les détaillants d’alimentation ont décidé de «riposter» sur le front des prix, il y a une limite à ce que l’industrie peut faire pour alléger le fardeau des consommateurs. (Photo: La Presse Canadienne)

Les épiciers auraient intensifié leur offensive contre Dollarama (DOL), qui connaît un regain de popularité dans un contexte de forte inflation, constate le patron du détaillant montréalais.

«Dans le secteur des denrées de consommation, nous voyons que le marché est plus compétitif, commente le président et chef de la direction, Neil Rossy, lors d’une conférence téléphonique, mercredi, avec les analystes financiers. Je dirais même, extrêmement compétitif.»

Au moment où la facture d’épicerie des ménages ne cesse d’augmenter, le détaillant montréalais profite d’un fort achalandage. L’enseigne est même devenue un sujet en vogue sur les médias sociaux où des influenceurs discutent de l’offre alimentaire non périssable chez Dollarama.

Même si les détaillants d’alimentation ont décidé de «riposter» sur le front des prix, il y a une limite à ce que l’industrie peut faire pour alléger le fardeau des consommateurs, croit M. Rossy. «C’est vraiment une situation difficile. Les manufacturiers continuent de pousser les prix vers le haut. Les détaillants font leur possible pour ne pas refiler la facture aux consommateurs, mais il y a une limite à ce qu’ils peuvent absorber.»

Ces commentaires surviennent à un moment où les grands épiciers canadiens font l’objet de pression de la part du fédéral afin de réduire leurs prix. Dollarama n’a pas été visée par les démarches du gouvernement.

L’inflation alimentaire s’est modérée dans les derniers mois au Canada, mais la progression des prix demeure nettement supérieure à la moyenne récente et s’ajoute aux flambées de prix record de 2022 et du début de l’année 2023.

Au Canada, l’inflation alimentaire est passée de 8,3% en juin à 5,6% en octobre, selon les données de Statistique Canada.

 

Résultats supérieurs aux attentes

Les magasins de Dollarama sont plus achalandés au moment où les consommateurs surveillent leurs dépenses et sont plus sensibles aux prix des produits qu’ils consomment.

La société montréalaise affirme que le nombre de transactions faites en magasin a bondi de 10,4% au troisième trimestre clos le 29 octobre. Cette popularité a permis aux ventes comparables, qui excluent les ouvertures et fermetures de magasins, de bondir de 11,1%.

Son bénéfice net s’est ainsi établi à 261,1 millions de dollars (M$), ce qui représente une augmentation de 31,4%. Le bénéfice dilué par action est de 92 cents. Les revenus, pour leur part, ont augmenté de 14,6% à 1,5 milliard de dollars (G$).

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice par action de 86 cents et des revenus relativement similaires à ceux affichés, selon la firme de données financières Refinitiv.

L’analyste Irene Nattel, de RBC Marché des capitaux, croit que les résultats confirment sa thèse optimiste. «Les résultats démontrent que la proposition de Dollarama résonne, encore plus dans un contexte de forte inflation. Les résultats démontrent aussi l’attention que porte la direction à l’efficacité.»

 

Un ralentissement à venir?

Les analystes ont toutefois été surpris de voir la direction ne pas réviser ses prévisions annuelles plus à la hausse après neuf mois de croissance vigoureuse.

L’entreprise prévoit une croissance de ventes comparables d’entre 11% et 12% au cours de l’exercice qui terminera à la fin janvier. Après neuf mois de forte performance, la prévision laisse entendre une «abrupte» décélération, estime l’analyste Martin Landry, de Stifel. «Ça laisse entrevoir des ventes comparables d’entre 0% et 4% au quatrième trimestre. C’est moins que notre prévision de 6% et celle du consensus à 5%.»

Questionné sur le sujet, M. Rossy est demeuré évasif. «Jusqu’à maintenant, les affaires suivent leur cours normal. Il n’y a rien d’inhabituel. Pour le moment, c’est tout ce que je peux dire.»

La vice-présidente des finances d’entreprise et trésorière, Jolyane Caron, a toutefois ajouté que la demande reste vigoureuse, mais la forte croissance de l’an dernier rendait la comparaison plus difficile.

L’action de Dollarama perdait 1,12$, ou 1,13%, à 97,96$ à la Bourse de Toronto en après-midi.

Stéphane Rolland, La Presse Canadienne