Les offres du Vendredi fou ne sont pas toujours bonnes
La Presse Canadienne|Publié le 21 novembre 2023De nombreux détaillants préparent les soldes des mois à l’avance en intensifiant la fabrication d’articles sélectionnés afin qu’ils puissent être vendus à des prix fortement réduits, ou en réduisant leurs stocks excédentaires. (Photo: La Presse Canadienne)
Le déferlement de publicités du Vendredi fou pourrait inciter beaucoup de gens à sortir leur portefeuille, mais des experts mettent en garde contre les achats facultatifs inutiles cette année, dans un contexte d’inflation et de hausse vertigineuse du coût de la vie.
Mais maîtriser les dépenses est bien plus facile à dire qu’à faire. Bruce Winder, un analyste du commerce de détail avec plus de deux décennies d’expérience, recommande aux consommateurs d’aborder la saison de la mégasolde d’avant Noël avec deux stratégies en tête: la préparation et la recherche.
«La plupart des gens voient le Vendredi fou comme le coup d’envoi de la saison des dépenses des Fêtes, et il est vrai que cela peut être un excellent moyen d’économiser de l’argent grâce à certaines de ces bonnes affaires», a-t-il observé.
«Mais il est également important de savoir que toutes les transactions ne sont pas bonnes.»
De nombreux détaillants préparent les soldes des mois à l’avance en intensifiant la fabrication d’articles sélectionnés afin qu’ils puissent être vendus à des prix fortement réduits, ou en réduisant leurs stocks excédentaires. Cependant, la principale source de revenus des commerçants pour le Vendredi fou provient rarement de leurs articles les plus réduits, a souligné M. Winder.
«Là où ils ont tendance à gagner une grande partie de leur argent, c’est sur les articles quelconques devant lesquels vous passez lorsque vous êtes attirés par un magasin ou un site web par ses autres offres plus intenses», a-t-il expliqué.
«Ainsi, vous pourriez vous retrouver à acheter des articles à 20% ou 30% de réduction — puisque vous êtes, de toute façon, en magasin ou en ligne — vous donnant l’impression du Vendredi fou sans les économies agressives.»
L’importance de planifier
Les consommateurs peuvent donc être incités à acheter davantage que ce qu’ils avaient prévu, ou plus que nécessaire, et c’est là que planifier ses achats avant de partir pour le Vendredi fou est particulièrement important, a préconisé Kelly Ho, une planificatrice financière agréée de Vancouver.
«Le Vendredi fou peut être une excellente occasion d’économiser sur les choses dont nous avons besoin, mais lorsqu’il s’agit de flux de trésorerie, c’est vraiment ainsi que cela doit être défini: comme un besoin, ou même comme une dépense discrétionnaire qu’on peut réellement se permettre», a souligné Mme Ho.
Quant à faire de la place aux dépenses facultatives, Mme Ho a recommandé aux Canadiens de commencer par se fixer des objectifs financiers concrets en fonction de ce à quoi ils veulent que les prochaines années de leur vie ressemblent.
«En tant que professionnelle, je ne suis pas ici pour vous dire de ne pas acheter ceci ou de ne pas acheter cela — ce qui m’importe, c’est le résultat net, a-t-elle expliqué. Donc, en fin de compte, il s’agit vraiment de demander : “Voulez−vous plutôt cela, ou voulez−vous cela davantage ?”»
M. Winder a également noté qu’il est crucial de faire ses recherches sur les achats potentiels avant de se lancer dans la saison des ventes du Vendredi fou.
Il prévient que certains détaillants pourraient augmenter le prix d’un article environ un mois avant, pour le réduire lors du Vendredi fou, donnant ainsi l’impression qu’ils ont considérablement abaissé le prix, alors que la différence peut être marginale en réalité. Ils peuvent également annoncer des articles en solde — en particulier des appareils électroniques populaires comme les ordinateurs portables et les téléphones portables — à des prix comparables à ceux de produits de meilleure qualité présentant des caractéristiques plus élevées ou d’autres avantages.
Attention aux promotions
Cependant, M. Winder prédit que ce que les millénariaux et la génération Z devront surveiller le plus cette année, ce sont les promotions du type «achetez maintenant, payez plus tard», où les clients peuvent effectuer des achats importants et les payer en plusieurs versements au fil du temps.
«Ce n’est pas une pratique trompeuse, mais c’est une de ces choses auxquelles, en tant qu’acheteur, vous devez faire attention, a-t-il déclaré, parce que vous pourriez oublier que vous avez acheté beaucoup de choses et que tout d’un coup, vous obtenez ces factures surprises.»
Pour les jeunes Canadiens en particulier — dont les liquidités peuvent être limitées en raison du remboursement de leurs prêts étudiants, des coûts de location élevés et d’autres dépenses — ces paiements supplémentaires peuvent constituer une menace sérieuse pour leurs objectifs financiers, même s’ils peuvent sembler attrayants au départ.
Mme Ho ajoute qu’il est essentiel d’être conscient de ce type de tactiques de marketing ainsi que d’autres, comme la livraison gratuite liée à un montant minimum de dépenses, pour réduire le risque de se laisser prendre par le battage publicitaire du Vendredi fou.
«Il s’agit de choses dont les gens sont conscients qu’elles posent généralement des problèmes, mais lorsque vous êtes dans l’état d’esprit de dépenser, il peut être plus facile d’y être sensible», a-t-elle souligné.
«Donc, faire vos recherches et avoir une liste de ce que vous voulez et de ce dont vous avez vraiment besoin avant de faire vos achats vous aidera à garder les choses sous contrôle.»
Et si les acheteurs considèrent le Vendredi fou comme un moyen de trouver les cadeaux parfaits pour leurs amis et leur famille avec un budget nouvellement restreint, a rappelé M. Winder, l’une des choses les plus importantes pourrait être d’apprendre à réajuster ce que nous attendons de nous−mêmes et des autres cette année.
«Vous savez, les gens hésitent à parler de ce qu’ils peuvent ou ne peuvent pas se permettre», a-t-il souligné.
«Mais c’est une période difficile, et il n’y a rien de mal à dire à vos amis et à votre famille que vous devez réduire un peu vos dépenses — il vous suffit de vous donner la permission de le faire.»
Pascale Malenfant, La Presse Canadienne