Les propriétaires de Bercée, Sébastien et Guillaume Bergeron, affirment qu’il est plus difficile d’ouvrir une microbrasserie aujourd’hui qu’il y a dix ans. (Photo : Trium Médias)
Les propriétaires des plus anciennes et des plus jeunes brasseries artisanales de la région doivent tous composer maintenant avec une offre de produits qui a explosé. Il y a aujourd’hui plus de 300 microbrasseries au Québec et la bataille est féroce pour se faire une place sur les tablettes.
Le copropriétaire de Bercée, la plus jeune des microbrasseries au Lac-Saint-Jean qui a ouvert ses portes à Hébertville il y à peine deux ans, en témoigne.
«Tu ne peux pas arriver sur le marché aujourd’hui sans avoir un concept original et des produits de qualité, affirme Sébastien Bergeron. Il y a beaucoup de différences entre ouvrir une microbrasserie il y a 10 ans et en ouvrir une aujourd’hui. Ce n’est vraiment pas facile. La culture de la bière est plus répandue, mais d’un autre côté, il y a plusieurs joueurs. Le marché est encore bon dans la région, mais dans notre cas et celui des nouvelles microbrasseries, ce n’est pas évident d’essayer d’aller chercher des parts de marché à l’extérieur.»
Pour se démarquer, l’entreprise située sur la route 169 à l’entrée de la réserve faunique des Laurentides a misé sur des valeurs environnementales et d’achat local. Ses bières peuvent également être dégustées dans une maison ancestrale.
Niveau de saturation
De son côté, un des actionnaires de La Chouape à Saint-Félicien, François-Daniel Hébert, parle d’un certain niveau de saturation du marché.
«D’année en année, les volumes de vente et les capacités de production ont augmenté jusqu’en 2019-2020. On a vu que le marché avait atteint un plateau. Avec le nombre de microbrasseries qu’il y a maintenant, je ne sais pas si l’ensemble gagne des parts de marché en ce moment encore. Nous, on consolide nos marchés dans les marchés où on est déjà très présents. Mais c’est sûr que le développement des potentiels de croissance pour une microbrasserie est restreint par le fait qu’il y a beaucoup de joueurs.»
Selon lui, la microbrasserie félicinoise arrive à tirer son épingle du jeu grâce notamment à l’appui remarquable de sa clientèle locale et en se distinguant par l’utilisation de petits fruits régionaux.
Caroline Mailloux, la directrice générale du Coureur des Bois, qui a ouvert ses portes quelques années après La Chouape, reconnaît aussi que la compétition actuelle est très forte.
«En 2018, quand on a commencé à produire pour envoyer nos bières sur les tablettes, il y avait environ 150 microbrasseries au Québec et maintenant, il y en a deux fois plus. L’enjeu sur les tablettes est immense. Il y en a beaucoup. S’il y en avait trop, probablement qu’Investissements Québec et les principaux investisseurs se hâteraient d’arrêter de les financer. La difficulté, c’est de continuer à faire notre place. On n’a pas tous le même budget ou la même philosophie. Nous, et la plupart des microbrasseries de la région, on a le même désir de créer un produit de qualité. Notre budget, on l’investit dans le produit, pas dans le marketing, contrairement à Molson ou Labatt.»