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Mountain Equipment Company (MEC) de retour sur le droit sentier

Denis Lalonde|Publié le 13 octobre 2021

Mountain Equipment Company (MEC) de retour sur le droit sentier

Le PDG de Mountain Equipment Company, Eric Claus (Photo: Denis Lalonde)

Un peu plus d’un an après avoir été acquis par le fonds d’investissement privé californien Kingswood Capital Management, le détaillant de vêtements et d’articles de plein air Mountain Equipment Company, anciennement Mountain Equipement Coop, a repris des couleurs.

L’entreprise s’était protégée de ses créanciers en septembre 2020, une semaine avant l’annonce de sa vente à Kingswood qui allait lui faire perdre son statut de coopérative. De bien gros changements pour l’entreprise fondée en 1971 et qui célèbre cette année son 50e anniversaire. 

«Quand Kingswood a acheté MEC, j’étais à la retraite, mais j’ai voulu faire partie du projet, étant membre de l’entreprise depuis 1984», raconte Eric Claus, PDG de l’entreprise.

Selon lui, l’investisseur dont le siège social se trouve à Los Angeles comprend bien l’industrie du commerce de détail et sait faire confiance aux équipes de direction en place. «Ils ne sont pas motivés par des plans de réduction des effectifs», dit-il.

À ce jour, 21 des 22 commerces sont toujours ouverts, dont quatre au Québec (Montréal, Laval, Longueuil et Québec) et la société dit compter aujourd’hui plus de six millions de membres, soit un million de plus qu’avant la transaction.

 

Mauvaises décisions financières

«À la base, les problèmes de MEC sont venus de mauvaises décisions financières, comme la construction d’un siège social à 25 millions de dollars et de magasins à plus de 50 millions de dollars à Vancouver et Toronto», analyse le dirigeant. 

Selon lui, la société était très endettée lorsque la pandémie a frappé et la fermeture des magasins pour se conformer aux mesures sanitaires lui a asséné le coup de grâce. «Les problèmes financiers ne venaient pas de la performance des magasins, dont les ventes par pied carré sont parmi les meilleures de l’industrie», affirme-t-il. 

Depuis la conclusion de la transaction, Eric Claus soutient que l’entreprise a généré des flux de trésorerie positifs tous les mois et a atteint ses objectifs annuels de 2021 en moins de six mois.

Pour 2022, le PDG souhaite poursuivre la transformation numérique de la société, projet qui inclut la mise en place d’un nouveau progiciel de gestion intégré, de nouveaux systèmes informatiques pour gérer le marchandisage, de même qu’une nouvelle technologie de commerce électronique. 

«L’an prochain, nous voulons aussi mettre en place un programme de fidélisation et nous jonglons avec l’idée d’implanter de plus petits commerces dans des endroits très touristiques comme Whistler ou Mont-Tremblant», raconte Eric Claus, rencontré dans la boutique du Marché Central, à Montréal. 

Le PDG mise sur les compétences du personnel pour convaincre même les plus sceptiques que l’entreprise a su conserver ses valeurs sociales et coopératives en misant d’abord sur les connaissances du personnel. «Nous avons ramené les programmes de formation. Les employés peuvent ainsi suivre un expert de l’escalade, de randonnée ou de vélo tout en étant rémunérés, ce qui leur permet ensuite de mieux conseiller la clientèle en magasins», dit-il.

Le dirigeant est bien conscient que le plan d’affaires d’investisseurs comme Kingswood est de procéder à la revente de MEC d’ici trois à cinq ans en réalisant au passage d’importants bénéfices, mais il souhaite, d’ici là, faire tout en son pouvoir pour que la société soit dans la meilleure santé financière et puisse assurer son succès à plus long terme.

 

Des vêtements remis au goût du jour

Un moyen pour y parvenir est de toucher la fibre nostalgique de ses membres en lançant sa collection APEX. Le concept mis en place par Mountain Equipment Company est simple: relancer des vêtements conçus il y a une trentaine d’années avec des matériaux plus techniques et plus légers disponibles aujourd’hui. Selon la haute direction, les premiers modèles commercialisés se sont écoulés à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires dans les premiers jours suivant leur mise en vente.

«Nous misons sur les vêtements et les produits haut de gamme. Toutefois, ce qui nous distingue, c’est nos marques maison, car les prix sont toujours inférieurs à ceux des autres collections que nous tenons en magasins», explique Eric Claus.

 

Problèmes de recrutement

L’entreprise, comme bien d’autres dans le monde du commerce de détail, dit peiner à recruter tous les employés dont elle aurait besoin pour offrir un service optimal. «Je ne sais pas pourquoi, mais la situation est pire au Québec que dans les autres provinces canadiennes. Tant que le gouvernement fédéral poursuivra des programmes comme la Prestation canadienne de relance économique (PCRE), il nous sera difficile de combler tous nos postes. Quand les gens sont payés pour rester à la maison, ils sont moins intéressés à occuper un emploi», dit le PDG.