Tout en pot a choisi de faire appel à ceux qui ont accroché le sarrau, les outils ou le tablier qu’ils ont porté durant la partie la plus active de leur carrière. (Photo: 123RF)
Alors que le recrutement est devenu bien difficile pour de nombreux commerces, une entrepreneure julievilloise fait appel à des retraités qui, en plus de faire bénéficier Tout en pot d’une grande expérience de la vie, sont toujours habités par la passion et le désir de contribuer à la collectivité.
Lorsqu’elle nous parle de son entreprise Tout en pot, qui en est à sa première année d’existence, Anne-Marie Choquette admet que l’idée ne lui est pas venue, mais que c’est plutôt cette dernière qui l’a trouvée.
« Avec mon conjoint et un couple d’amis, nous voulions lancer une ferme maraîchère à Beloeil, nous raconte celle dont les produits sont notamment offerts au Petit marché de Sainte-Julie. Pour financer notre projet, nous avons décidé de vendre des plats dans des pots. Finalement, comme nous avons dû faire face à énormément de défis, nous avons décidé de ne pas aller de l’avant parce que c’était trop compliqué pour nous. »
En revanche, la popularité des pots vendus dans le cadre de l’activité de sociofinancement lui a permis de reconnaître l’opportunité que se présentait à elle. « Ça m’a permis de constater que les gens qui ont acheté nos pots ont vraiment aimé nos recettes. Moi, j’étais en questionnement par rapport à ma vie professionnelle. Je me suis dit : “Il y a quelque chose là. Pourquoi ne pas aller vers ça!” »
Lors de la première semaine d’existence de Tout en pot l’automne dernier, Anne-Marie a dû livrer 500 pots et a même craint de ne pouvoir répondre à la demande. Depuis, l’offre de repas s’est élargie et les clients peuvent aujourd’hui s’offrir des chilis, riz tex-mex, tajines amandes-abricots et même un burger végé feta et betterave pour se remplir le bedon tout en encourageant une entreprise qui a adopté un mode on ne peut plus écologique de production et de consommation.
Comme bien des entreprises actuellement, grandes ou petites, Tout en pot a cependant dû faire face depuis le début de ses activités à un problème de taille, soit le faible bassin de main-d’œuvre disponible. Pour poursuivre ses activités, la Julievilloise, qui provient d’une famille où on a la fibre entrepreneuriale, a choisi de faire appel à ceux qui ont accroché le sarrau, les outils ou le tablier qu’ils ont porté durant la partie la plus active de leur carrière.
Ne pensez surtout pas qu’il s’agit d’un compromis fait à reculons. « J’adore travailler avec les retraités, nous dit une Anne-Marie tout sourire quelques minutes après avoir raccroché avec une brigadière qui venait de lui offrir ses services. Les échanges que nous avons, je trouve ça extraordinaire. Ça donne un autre type d’ambiance de travail quand nous sommes de générations différentes, à parler de nos expériences de vie, à philosopher sur toutes sortes de choses. Je trouve ça incroyable. C’est fou, mais je le fais aussi pour ma propre santé mentale. Je trouve ça nourrissant de travailler avec des retraités. »
Quelques jours après avoir diffusé son offre, plus une trentaine de personnes l’avait contacté pour offrir leur service.
Pour sa part, Anne-Marie espère également que cette collaboration permet à toutes les parties d’en tirer quelque chose. « J’ai l’impression d’avoir moi aussi un impact dans la vie de ces gens-là et qui, dans certains cas, ont besoin de sortir de chez eux, de contribuer à quelque chose. Et moi qui ai une nouvelle entreprise, je sens l’amour de ces personnes-là qui ont aussi été des jeunes avec plein de projets. Ils me disent à leur façon : “Je vais te donner un coup de main pour t’aider à partir.” Ce que je vois, ce sont des gens passionnés qui veulent comprendre d’où vient mon idée et qui sont vraiment contents de venir chez nous. »
En écoutant le discours d’Anne-Marie Choquette, on comprend vite par ailleurs que cette atmosphère qu’elle a voulu créer et maintenir fait aujourd’hui partie de l’ADN de son entreprise. « Je veux que l’ambiance de travail demeure simple comme les recettes. On dîne ensemble, parfois j’apporte des trucs pour partager avec tout le monde. Nous avons vraiment créé un milieu convivial où on s’amuse. »
Un texte de Steve Martin pour l’Initiative de journalisme local