Pour éviter de mettre la clé sous la porte, l'équipe d'Hector Larivée «s'est virée sur un 10 cents».
Lorsque le premier ministre François Legault a annoncé que les commerces non essentiels devaient fermer leurs portes jusqu’au 13 avril, l’équipe du grossiste Hector Larivée, comme bon nombre d’entreprises de la province, a eu droit à une douche froide.
D’une part, près de 85 % de ses clients, qui opèrent notamment des cafétérias d’écoles et d’entreprises, de même que des restaurants, coupaient leurs commandes. De l’autre, l’entreprise se retrouvait avec un entrepôt rempli de denrées périssables qui ne demandaient qu’à être consommées.
« On ne voulait pas mettre la clé sous la porte, à la fois pour continuer d’approvisionner nos clients restants, mais aussi pour garder des emplois et payer nos coûts fixes », explique d’entrée de jeu Jessica Larivée, responsable des comptes majeurs chez Hector Larivée.
L’entreprise familiale, témoin des difficultés des épiciers à répondre à la demande des livraisons de commandes en ligne, souhaitait aussi mettre l’épaule à la roue pour la communauté.
Après le dévoilement de ces nouvelles consignes gouvernementales, le grossiste, armé d’une plateforme transactionnelle sur Shopify et d’un 100 $ en publicité, a annoncé sur son mur Facebook qu’il vendait des paniers de fruits et légumes variés. L’intérêt des consommateurs d’un peu partout dans la région a surpris son équipe.
« Certains ont attendu près d’une heure trente devant l’entrepôt pour récupérer leurs paniers », raconte Jessica Larivée au téléphone.
Au fil des nouvelles mesures de distanciations sociales, l’équipe d’Hector Larivée a apporté plusieurs altérations à ses services : de la vente de paniers pour écouler ses stocks — et éviter du même coût le gaspillage alimentaire —, elle offre maintenant aux particuliers un service d’épicerie en ligne et de livraison à domicile sans contact.
« Ça a demandé beaucoup de travail pour le peu de gens qui continuent à travailler. C’est vraiment se virer sur un 10 cents tous les jours », illustre la responsable des comptes majeurs.
C’est que le grossiste peut tirer profit de ses systèmes et infrastructures de livraison déjà en place. Les commandes passées sur son site web, d’un minimum de 200 $, sont livrées grâce à l’un de ses 70 camions dans les 24 à 48 heures, moyennant 25 $.
Cette adaptation a permis à l’entreprise basée dans l’arrondissement Mercier–Hochelaga-Maisonneuve de rappeler des employés qui percevaient l’assurance-emploi depuis le début de la pandémie pour manutentionner et livrer ses commandes. « Cette nouvelle offre de services a permis de ramener sur leurs lieux de travail des gens rapidement », tout en respectant des mesures sanitaires, comme de prendre la température de chaque employé lorsqu’il pose les pieds à l’entrepôt.
Poursuivront-ils l’aventure lorsque leurs clients habituels reprendront leurs activités? L’entreprise n’y est pas complètement fermée, estime Jessica Larivée, mais elle devra évaluer sa faisabilité lorsque les mesures de confinement seront levées.