Un groupe accuse Lululemon d’«écoblanchiment» et veut une enquête
La Presse Canadienne|Publié le 13 février 2024Une organisation de défense de l'environnement a déclaré avoir demandé au Bureau de la concurrence du Canada d'enquêter sur Lululemon, arguant que l'entreprise induit les clients en erreur sur ses impacts environnementaux. (Photo: La Presse Canadienne/Darryl Dyck)
Une organisation à but non lucratif de la Colombie-Britannique a déclaré avoir demandé au Bureau de la concurrence du Canada d’enquêter sur le géant des vêtements de sport Lululemon, arguant que l’entreprise induit les clients en erreur sur ses impacts environnementaux.
Une déclaration de Stand.earth soutient que Lululemon a utilisé le slogan «Be Planet» dans le cadre de son «programme d’impact» publié en 2020, mais que les propres rapports de l’entreprise révèlent depuis lors un doublement des émissions de gaz à effet de serre.
Le rapport d’impact 2022 de Lululemon indique que ses «produits et actions contribuent à diriger [l’industrie] vers un avenir climatiquement stable où la nature et les gens prospèrent».
Le rapport d’impact 2022 de Lululemon indique que l’entreprise établie à Vancouver vise à atteindre une série d’objectifs en matière d’action climatique d’ici 2030, notamment une réduction de 60% de l’intensité des émissions pour les opérations de «portée 3», qui englobent la fabrication et l’expédition de vêtements à l’échelle mondiale.
Mais les rapports de Lululemon, cités par Stand.earth, montrent que les émissions totales pour cette catégorie ont atteint près de 1,7 million de tonnes, contre environ 830 000 tonnes en 2020.
Ces activités de «portée 3» représentent 99,7% de l’empreinte carbone totale de l’entreprise, indique le rapport 2022. Il montre que 16% des émissions en 2022 provenaient des matières premières et 26,8% provenaient de l’industrie manufacturière, tandis que la consommation d’énergie dans les magasins et les bureaux ne représentait que 0,3%.
Selon Rachel Kitchin, responsable de la campagne climatique chez Stand.earth, bien que Lululemon affirme que ses produits sont bons pour la planète, plus de 60% des matériaux utilisés pour ses produits sont fabriqués directement à partir de combustibles fossiles.
«Si Lululemon veut que ses paroles soient véridiques, l’entreprise a besoin d’une voie claire pour éliminer les combustibles fossiles de ses produits et de sa fabrication, et s’engager à faire passer sa chaîne d’approvisionnement à 100% d’énergies renouvelables d’ici 2030», a-t-elle affirmé.
En réponse, un représentant de l’entreprise a déclaré que Lululemon «se concentre sur la création d’une industrie du vêtement plus durable et qui s’attaque aux graves impacts du changement climatique».
«Nous restons déterminés à travailler directement avec nos fournisseurs, nos partenaires industriels, la société civile et les décideurs politiques», a-t-il soutenu, ajoutant que l’entreprise avait contribué 10 millions $ dans un fonds visant à accélérer l’action climatique dans l’industrie mondiale du vêtement.
Un communiqué indique que Lululemon investit dans son «plan de décarbonisation», visant à devenir une «entreprise carboneutre» d’ici 2050 avec une réduction de 90% de ses émissions.
Lululemon a jusqu’à présent atteint ses objectifs d’alimenter ses propres installations avec de l’électricité renouvelable tout en réduisant ces émissions de 60%, a-t-il ajouté.
L’entreprise reconnaît que la majorité de son empreinte carbone provient d’émissions «au sein de la chaîne d’approvisionnement plus large», indique le communiqué.
Tzeporah Berman, directrice du programme international de Stand.earth, a déclaré lundi lors d’une conférence de presse que l’image de marque de Lululemon équivaut à de l’«écoblanchiment», prétendant être un intendant du climat tout en empochant les bénéfices associés à l’augmentation des émissions.
«Après deux ans passés à attirer l’attention de la haute direction de Lululemon sur ce problème, l’entreprise n’a pas agi, mais elle a intensifié son écoblanchiment et ses messages comme quoi elle est une leader planétaire», a-t-elle exprimé.
Avec un chiffre d’affaires annuel de plus de 8 milliards de dollars, «Lululemon peut se permettre de s’imposer comme une leader en matière de développement durable», a déclaré Tzeporah Berman.
«Lululemon se distingue comme une entreprise qui a l’opportunité d’apporter de grands changements dans le monde et qui a l’un des plus grands écarts entre sa rhétorique et ce qu’elle fait réellement sur le terrain», a-t-elle laissé entendre.
La plainte de Stand.earth déposée
Le Bureau de la concurrence a confirmé lundi avoir reçu la plainte de Stand.earth alléguant que Lululemon se livrait à des pratiques commerciales trompeuses.
Christopher Rusnak, avocat de Stand.earth basé à Vancouver, a révélé lors de la conférence de presse que neuf personnes avaient déposé la plainte.
Le document daté du 8 février indique que les demandeurs reconnaissent que Lululemon «prend des mesures pour réduire les dommages causés par ses activités et ses produits à l’environnement», et la demande ne constitue pas une critique de ces efforts.
Le document souligne plutôt que les critiques visent la campagne marketing de l’entreprise, estimant qu’elle «va trop loin» en créant l’impression que les actions et les produits de Lululemon contribuent à une planète et à un environnement plus sains.