Le Comité consultatif sur les changements climatiques recommande de réduire l’offre excédentaire de droits d’émission de GES. (Photo: 123RF)
La tendance à la hausse du prix du carbone à long terme pourrait s’accélérer au Québec, si le gouvernement Legault applique les recommandations du rapport publié ce mercredi par le Comité consultatif sur les changements climatiques.
Intitulé «Inscrire le SPEDE dans une réelle démarche de décarbonation de la société québécoise», le rapport de 75 pages propose deux grandes réformes qui auraient une incidence sur les entreprises québécoises actives dans le marché du carbone entre le Québec et la Californie.
L’objectif de ces réformes est de réduire l’offre excédentaire de droits d’émission de gaz à effet de serre (GES) en circulation. Actuellement, la présente offre empêche la hausse nécessaire du prix du carbone afin de décarboner rapidement l’économie québécoise.
Premièrement, le comité recommande de réduire − à un rythme au moins équivalent à la réduction des émissions nécessaire pour atteindre la cible 2030 − les allocations gratuites d’unités d’émission du secteur industriel pour accélérer la décarbonation de ce secteur au Québec et éviter les retards technologiques.
Deuxièmement, le Comité recommande d’accroître la couverture du système de plafonnement et d’échange de droits d’émission (SPEDE) pour inclure de façon obligatoire les entreprises industrielles émettant de 10 à 25 kt éq. CO2 à compter de 2027, et de prévoir l’assujettissement du secteur des matières résiduelles le plus rapidement possible.
En entrevue à Les Affaires, Charles Séguin, professeur au département des sciences économiques de l’ESG à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), et membre du comité consultatif, explique que la pression à la hausse sur les prix du carbone serait «modeste» si le gouvernement québécois appliquait ces deux recommandations.
«On parle d’une hausse supplémentaire de 1 à 3$ la tonne de plus d’ici 2030», dit-il, en soulignant que les réformes au Québec ont peu d’incidences sur le prix du carbone de SPEDE étant donné la taille de la Californie dans ce marché du carbone entre les deux juridictions.
Une hausse de 5 à 25$ avec la Californie
En revanche, si on inclut les réformes probables et attendues en Californie (un scénario de réduction de 265 millions d’unités d’émission, et ce, afin d’atteindre une nouvelle cible californienne de GES 48 % d’ici 2030), la pression à la hausse sur les prix du carbone sera alors pratiquement dix fois plus importante d’ici la fin de la décennie, selon Charles Séguin.
«Dans ce cas, on pourrait avoir une hausse supplémentaire de 5 à 25$ la tonne d’ici 2030», estime ce spécialiste.
Au terme de la dernière vente aux enchères du marché du carbone du Québec et de la Californie le 14 août, le prix du carbone s’est établi à 41,50$ la tonne, soit un recul de 18%.
À la suite des enchères du 22 mai, le prix du carbone avait aussi reculé, cette fois de 11%, pour s’établir à 50,53$ la tonne.
Habituellement, dans un marché du carbone efficace, la tendance des cours doit être à la hausse pour envoyer le signal de prix aux entreprises qu’elles doivent investir dans les nouvelles technologies afin de réduire leurs émissions de GES.