Des données «alarmantes» pour la biodiversité au Québec. (Photo: Erika Fletcher pour Unsplash)
Changements climatiques, inondations, pollutions en tous genres… Les milieux naturels sont aujourd’hui mis en péril par l’action de l’être humain, notamment «au sud du 49e parallèle, là où se situe la majorité de la biodiversité québécoise». D’où la publication aujourd’hui d’un livre blanc intitulé «Un Plan Sud pour le Québec», qui propose une série de 39 recommandations visant à mieux protéger la nature.
L’initiative est portée par cinq organismes: le Regroupement national des conseils régionaux de l’environnement du Québec (RNCREQ), le Centre de la science de la biodiversité du Québec (CSBQ), la Chaire de recherche du Canada en économie écologique de l’Université du Québec en Outaouais, la Chaire Liber Ero en biologie de conservation de l’Université McGill et le Réseau de milieux naturels protégés (RMN). Ensemble, leurs experts ont consulté près de 200 acteurs clés de la protection de l’environnement au Québec, dont des universitaires et des membres des Premières Nations.
Il en est ressorti des données «alarmantes» pour l’avenir des milieux naturels au Québec. Par exemple, une récente analyse du RMN montre qu’en décembre 2020 seulement 17% du territoire québécois était protégé, et pis, que ce pourcentage tombait à 9% au sud du 49e parallèle. Autre exemple : différentes études montrent que 85% de la superficie des milieux humides de la grande région de Montréal ont aujourd’hui «complètement disparu».
Par conséquent, les services que la nature rend aux êtres humains sont aujourd’hui on ne peut plus «fragiles», souligne le livre blanc. Les milieux naturels purifient l’air, ou encore filtrent l’eau, et ils ont «de plus en plus de difficulté» à le faire. Idem, envers «les méfaits des vagues de chaleur et autres pluies diluviennes».
Or, «le tiers des efforts requis pour l’atténuation des impacts des changements climatiques pourraient passer par l’application de solutions fondées sur la nature», est-il noté dans le livre blanc. D’où «l’urgence de mettre en œuvre un Plan Sud», c’est-à-dire un pendant au Plan Nord du gouvernement du Québec qui prévoit consacrer 50% du territoire au nord du 49e parallèle à des usages non industriels, incluant la protection de l’environnement et la sauvegarde de la biodiversité.
Martin Vaillancourt, le directeur général du RNCREQ, est catégorique : «Il y va de notre capacité à lutter contre les changements climatiques, et donc à léguer des milieux de vie sains et durables aux prochaines générations», lance-t-il.
Selon le livre blanc, les mesures à prendre sans tarder touchent aussi bien le gouvernement que les municipalités et les entreprises:
– L’obligation d’atteindre le pourcentage de 25% d’aires protégées d’ici 2025, et 30% d’ici 2030. Ce qui passerait notamment par les mise en place de 83 projets d’aires protégées qui sont actuellement mis en suspend.
– L’arrêt de la destruction des boisés urbains et périurbains où le pourcentage de couvert forestier est inférieur à 50%, en adoptant une loi inspirée de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles.
– L’obligation pour les entreprises de divulguer toute information relative à leur impact environnemental (risques, pratiques, etc.).
– La création de nouveaux outils fiscaux visant à aider les municipalités à mieux protéger les milieux naturels.
– Etc.
Selon Andrew Gonzalez, le titulaire de la Chaire Liber Ero en biologie de conservation de l’Université McGill, le but du projet de Plan Sud n’est pas de mettre des bâtons dans les roues de l’économie québécoise : «L’objectif est avant tout de garantir le bien-être des Québécois, en favorisant un développement économique équitable et inclusif», dit-il.