Boralex devra payer une surtaxe sur les profits en France
La Presse Canadienne|Publié le 09 novembre 2022Boralex a dévoilé des résultats inférieurs aux attentes des investisseurs, tandis que sa production moyenne à long terme était inférieure de 10% aux prévisions. (Photo: La Presse Canadienne)
La décision du gouvernement français de récupérer les surprofits des producteurs d’énergie a contraint Boralex à inscrire une provision de 57 millions de dollars (M$) pour tenir compte de la nouvelle loi.
Les activités de l’entreprise en France et les conditions du marché énergétique dans le pays d’Emmanuel Macron ont monopolisé mercredi une grande partie des questions des analystes, lors d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du troisième trimestre de Boralex.
Alors que la flambée des prix de l’énergie fouette de plein fouet les ménages européens, la France a annoncé en août qu’elle imposerait une taxe rétroactive sur les surprofits des producteurs d’énergie réalisés depuis le 1er janvier 2022.
Les sommes récupérées seront déterminées à partir d’un prix de référence qui n’a pas encore été fixé.
La direction de Boralex ignore le montant qu’elle devra remettre au gouvernement français. En attendant, la totalité de la portion des revenus qui pourraient potentiellement être touchés par le partage sera mise de côté.
La société prévoit qu’elle dévoilera une autre provision à cet égard au quatrième trimestre. «Ça veut dire que nous allons enregistrer les revenus [excédentaires], mais nous allons les mettre de côté immédiatement par la suite, à moins que le gouvernement publie les seuils [à partir duquel les prix demandés seraient considérés comme excédentaires]», a expliqué le chef de finances, Bruno Guilmette.
La nouvelle a le potentiel d’ébranler les investisseurs, mais Rupert Merer, de la Financière Banque Nationale, croit qu’une faiblesse du titre pourrait offrir une occasion d’investissement. La provision de 57M$ représente un montant d’environ 50 cents par action. «Nous serions opportunistes en cas de faiblesse du titre, s’il diminuait de plus de 50 cents», suggère-t-il dans une note.
Le marché français demeure attrayant, croit le président et chef de la direction du producteur d’énergie, Patrick Decostre. Il souligne que l’appareil gouvernemental prend des mesures pour accélérer la réalisation de projets. «La France a besoin d’énergie très rapidement.»
Une opinion partagée par Sean Steuart, de Valeurs mobilières TD. «Le marché français reste favorable en raison des besoins de nouvelles capacités de production d’énergie renouvelable, mais aussi de la demande des clients corporatifs.»
Boralex a aussi mis fin à des contrats en France qu’elle avait le droit de résilier, représentant près de 25% de la production dans ce pays, afin de les renouveler à un prix plus élevé. «Nous avons signé des contrats pour vendre l’électricité à un prix plus élevé au quatrième trimestre, l’année prochaine et en 2024», explique M. Decostre.
Résultats inférieurs aux attentes
L’entreprise a dévoilé des résultats inférieurs aux attentes des investisseurs, tandis que sa production moyenne à long terme était inférieure de 10% aux prévisions.
Boralex a dévoilé une perte nette de 56M$, comparativement à une perte de 22M$ à la même période l’an dernier. Les revenus, pour leur part, ont diminué de 20% à 101M$.
La société a ainsi fait état d’une perte par action de 44 cents, comparativement à une perte de 20 cents l’an dernier.
Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient une perte par action de 16 cents, selon la firme Refinitiv.
L’écart s’explique par une plus faible vitesse des vents et par des dépenses plus élevées, mais de meilleurs résultats pour la production d’énergie solaire ont fait un contrepoids, a résumé Brent Stadler, de Desjardins Marché des capitaux, dans une note.
L’action perdait 1,79$, ou 4,64%, et se négociait à 36,79$ à la Bourse de Toronto, en après-midi.