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Charbon sidérurgique: Glencore fait une offre pour Teck

La Presse Canadienne|Publié le 12 juin 2023

Charbon sidérurgique: Glencore fait une offre pour Teck

Glencore avait révisé son offre non sollicitée pour Teck plus tôt cette semaine, pour y inclure une portion de 8,2 milliards de dollars US en espèces. (Photo: 123RF)

Teck Resources a confirmé lundi qu’elle discutait avec Glencore au sujet de sa proposition d’acheter les activités de charbon sidérurgique de la plus grande société minière diversifiée du pays, le dernier développement d’une bataille de plusieurs mois sur son avenir.

Teck, établie à Vancouver, a indiqué dans un communiqué que l’offre de Glencore était l’une des nombreuses «indications d’intérêt non sollicitées» qu’elle avait reçues de différentes parties concernant ses activités dans le secteur du charbon.

Teck a souligné que la proposition de Glencore était «préliminaire, conditionnelle et non contraignante» et qu’elle était évaluée avec toutes les autres offres par le conseil d’administration de Teck et un comité spécial indépendant.

«Le degré élevé d’intérêt exprimé par un large éventail de parties souligne la valeur des actifs de charbon sidérurgique à marge élevée et à longue durée de vie de Teck», a affirmé la société dans son communiqué, ajoutant que le fait qu’elle soit en contact avec des parties intéressées ne signifiait pas qu’une transaction aura lieu.

«Teck n’a pas l’intention de fournir d’autres mises à jour jusqu’à ce qu’elle détermine qu’une divulgation est nécessaire», a-t-elle précisé.

Le géant suisse des matières premières Glencore a d’abord lancé son offre publique d’achat hostile de 25 milliards $ sur Teck Resources au début du printemps, alors que la société établie à Vancouver était au milieu de son propre effort de restructuration.

Teck s’efforce de séparer ses actifs de charbon de ses activités de métaux de base dans l’espoir d’accroître sa production de cuivre et de zinc pour répondre à la demande mondiale croissante de ces métaux, qui sont tous deux utilisés dans la production de véhicules électriques et sont considérés comme des ressources clés pour la transition énergétique à venir.

Teck a annulé en avril un vote de ses actionnaires sur son projet de scission de ses activités de charbon sidérurgique en une société distincte, après qu’il est apparu qu’elle ne disposait pas du soutien nécessaire pour la proposition, et a annoncé qu’elle poursuivrait une autre scission, plus simple.

Cette décision a été largement considérée comme une victoire pour Glencore, dont l’offre initiale pour Teck avait été rejetée par le conseil d’administration de la société. Glencore avait fait pression sur les actionnaires pour qu’ils votent contre la proposition de scission de Teck, affirmant qu’elle ne pourrait pas poursuivre sa propre offre publique d’achat non sollicitée si le plan de séparation des activités de Teck était mis en œuvre.

Lundi, Glencore a publié une nouvelle déclaration confirmant qu’elle avait soumis une nouvelle offre au conseil d’administration de Teck, proposant cette fois d’acquérir la partie sidérurgique des activités de l’entreprise pour un montant en espèces non divulgué.

Glencore a ajouté qu’elle restait disposée à poursuivre son offre pour l’ensemble de Teck, mais qu’elle avait fait une autre offre pour les activités charbonnières en vue de les combiner avec ses propres actifs dans le domaine du charbon thermique.

«Nous notons également que les actionnaires continuent de soutenir fermement une transaction entre Glencore et Teck», a fait valoir Glencore dans son communiqué.

La société s’est dite «pleinement engagée» à s’assurer que l’acquisition des activités charbonnières profite au Canada et a assuré qu’elle était disposée à travailler avec Teck «pour définir un ensemble complet d’engagements au profit de toutes les parties prenantes concernées».

D’autres prétendants potentiels pourraient avoir soumis des manifestations d’intérêt, notamment un consortium d’actionnaires japonais de Teck, ainsi qu’une grande société minière cherchant à consolider et à essaimer les actifs de la société dans le secteur du charbon, a estimé Cole Smead, de Smead Capital Management.

Mais il a dit croire que Glencore avait «l’offre la plus propre».

«Glencore est toujours le principal soumissionnaire, sans aucun doute, a affirmé M. Smead. C’est la seule entreprise qui a avancé un prix et un multiple fermes.»

Vague de nationalisme économique

L’acquisition non sollicitée par un géant international de la plus grande société minière diversifiée du Canada a déclenché un sentiment de nationalisme économique. Certains observateurs ont souligné que l’acquisition de la société canadienne par Glencore intervient au moment même où le gouvernement s’est engagé à mettre en place une stratégie nationale sur les minéraux critiques dans le cadre de son plan global sur le climat.

Le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, la Mining Association of B.C., ainsi que la chambre de commerce du Grand Vancouver ont exprimé leur inquiétude quant au risque de pertes d’emplois et ont émis des doutes sur les performances de Glencore en matière d’environnement, de sécurité et de gouvernance.

Toute fusion des deux entreprises devra en outre être approuvée par le gouvernement fédéral. Le chef de l’opposition, Pierre Poilievre, a demandé au gouvernement de bloquer toute tentative de prise de contrôle hostile.

Le ministre de l’industrie, François-Philippe Champagne, n’a pas pris d’engagement, mais s’est exprimé publiquement sur la valeur de Teck en tant qu’entreprise canadienne.

Teck est contrôlée par la famille Keevil, qui détient les actions de catégorie A de la société avec la japonaise Sumitomo Metal Mining.