Climat: le Québec doit investir de 10 à 13 G$ pour sa transition
François Normand|Publié le 11 mars 2021Seulement pour l'énergie éolienne, l'AQPER estime les besoins d'énergie de 7,5 à 11 TWh d’ici 2030 et des investissements de 3,1 à 4,8 G$. (Photo: 123RF)
Le Québec doit investir de 10,3 à 13,2 milliards de dollars d’ici 2030 afin d’atteindre ses objectifs climatiques, et ce, en ajoutant de nouvelles capacités de production d’énergie totalisant environ 56 térawattheures (TWh), affirme l’Association québécoise de la production d’énergie renouvelable (AQPER).
L’AQPER, qui représente des producteurs d’énergie, des organismes publics, des consultants et des fonds d’investissement, fait cette estimation dans sa Feuille de route 2030, rendue publique récemment.
Ce document s’appuie sur les travaux de Dunsky, une firme d’analyse et de conseil en énergie, qui a présenté en juin 2019 au ministère de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques un rapport traçant les grandes lignes d’une décarbonisation de l’économie québécoise.
«Notre feuille de route est un appel à la mobilisation des acteurs des énergies renouvelables au Québec et de leurs capitaux pour atteindre nos cibles collectives», souligne le PDG de l’AQPER, Gabriel Durany.
Le Québec veut réduire de 37,5% ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030 par rapport au niveau de 1990.
Cette cible est inférieure à celle de l’Accord de Paris sur le climat de 45% pour l’ensemble des pays, et ce, afin de limiter le réchauffement de la Terre à moins de 2 degrés Celsius par rapport au début de l’ère industrielle (elle s’est déjà réchauffée de 1 degré).
Pour atteindre cette cible de 37,5%, le secteur privé et le secteur public doivent donc investir de 10,3 à 13,2 G$ au Québec pour générer 56 TWh d’énergie verte d’ici 2030 — les besoins requis une fois les économies d’énergie réalisées, insiste l’AQPER.
En termes d’énergie, ces 56 TWh représentent 7 fois le complexe de la Romaine d’Hydro-Québec, sur la Côte-Nord, qui produit environ 8 TWh.
Hydro-Québec, qui a des surplus d’énergie, devrait fournir de 15 à 20 TWh d’ici 2030, selon les estimations de l’AQPER. (Photo: 123RF)
Deux grands blocs d’énergie
La Feuille de route 2030 se sépare en deux grands blocs: l’électricité renouvelable et les bioénergies.
L’électricité renouvelable
L’AQPER estime le besoin énergétique à 29,5 TWh d’ici 2030, dont 9,5 à 14,5 TWh proviendrait des producteurs indépendants et 15 à 20 TWh de la part d’Hydro-Québec (qui a actuellement des surplus d’énergie). On parle ici d’investissements de 5 à 7,8 milliards de dollars.
L’électricité renouvelable comprend l’énergie éolienne (7,5 à 11 TWh d’ici 2030 et des investissements de 3,1 à 4,8 G$), la petite hydraulique (1 à 1,5 TWh d’ici 2030 et des investissements 500 à 600 millions de dollars) et l’énergie solaire (1 à 2 TWh d’ici 2030 et des investissements de 1,2 à 2,3 G$).
Les bioénergies
L’AQPER estime le besoin énergétique à 26,5 TWh (96 pétajoules ou PJ) d’ici 2030 et la nécessité d’investir 5,5 G$.
Les bioénergies comprennent le gaz naturel renouvelable (19,5 PJ d’ici 2030 et des investissements 2 G$), la biomasse (17 PJ d’ici 2030 et des investissements difficiles à évaluer pour l’instant, selon l’AQPER) et les biocarburants (59,5 PJ d’ici 2030 et des investissements de 3,5 G$).
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne reste pas une dizaine d’années pour mettre en production ces 56 TWh, insiste Gabriel Durany. «Il nous reste en fait de 6 à 7 ans si l’on tient compte des processus réglementaires et de protection de l’environnement.»
C’est la raison pour laquelle l’échéancier de la Feuille de route 2030 prévoit la mise en service des projets et leur implantation sur l’horizon 2024-2029. Aussi, la fenêtre d’opportunités pour investir et aider le Québec à atteindre ses cibles climatiques est relativement courte, fait remarquer Gabriel Durany.
«Mobilisons-nous, assurons-nous d’avoir les capitaux et démarrons la machine!»