En quittant le Québec, Cuda place IQ dans une position inusitée
Julien Arsenault, PC|Publié le 26 juillet 2019Tout porte à croire que le bras financier de l’État québécois pourrait bien liquider sa participation.
En quittant la province moins d’un an après son regroupement avec la société québécoise Junex, Cuda Pétrole et Gaz place Investissement Québec (IQ), le bras financier du gouvernement québécois, dans une position inusitée.
Une fois ce retrait complété, vers le 30 août, la société d’État, dont la mission est de contribuer au développement économique du Québec, sera actionnaire d’une compagnie qui ne détient plus d’actifs dans la province et dont les perspectives financières semblent plutôt précaires.
IQ a confirmé vendredi détenir près de six pour cent des actions en circulation de Cuda, établie à Calgary, en Alberta, par l’entremise de ses fonds propres ainsi que du fonds Capital Mines Hydrocarbures.
« À la suite de la transaction, IQ se retrouvera propriétaire d’actions d’une compagnie qui n’a plus d’activités au Québec, a indiqué un porte-parole, Jean-Pierre Bernier. Devant le fait accompli, la société va évaluer les différents scénarios qui vont lui permettre de se conformer à son mandat. »
Ainsi, tout porte à croire que le bras financier de l’État québécois pourrait bien liquider sa participation.
Avant le regroupement survenu en août dernier, IQ détenait approximativement 16,5 pour cent des actions de Junex, en vertu d’un investissement de plusieurs millions de dollars. La société d’État possède aussi une participation de 17 % dans le projet pétrolier et gazier Galt, en Gaspésie, pour lequel Cuda attendait toujours le feu vert afin de pouvoir aller de l’avant avec l’exploitation.
Cette semaine, Cuda a annoncé la cession, à un acquéreur non identifié, de la totalité de ses actifs pétroliers et gaziers au Québec dans le cadre d’une transaction dont la valeur est de 10,59 millions $, dont 4,29 millions $ en espèces. La compagnie a dit vouloir se concentrer sur l’exploitation de ses actifs au Wyoming, au sud de la frontière.
Vendredi, le président et chef de la direction de Cuda, Glenn Dawson, n’avait pas toujours pas donné suite aux appels et messages laissés par La Presse canadienne.
Le géologue de formation souhaitait aller de l’avant avec le projet Galt, où le potentiel pétrolier était évalué à plusieurs millions de barils. Toutefois, la Loi sur les hydrocarbures entrée en vigueur l’an dernier, alors que le gouvernement libéral de Philippe Couillard était au pouvoir, semble avoir découragé l’entreprise.
« Ce projet (Galt) est loin d’être mort, a indiqué à La Presse canadienne une source au fait du dossier et qui ne souhaitait pas être identifiée. Il y a probablement un autre investisseur qui va se montrer. Il est difficile d’aller chercher du financement privé. »
D’après les états financiers de Cuda déposés auprès des autorités réglementaires le 30 mai dernier, la valeur de ses principaux actifs québécois était estimée à 28 millions $.
Le retrait annoncé par Cuda survient alors que ses perspectives semblent peu reluisantes, selon les remarques accompagnant ses plus récents états financiers. Au premier trimestre terminé le 31 mars, l’entreprise avait perdu 3,2 millions $ et elle affichait un déficit totalisant 23 millions $.
« Cela témoigne de l’existence d’une incertitude sérieuse qui pourrait mettre en doute la capacité de la société à poursuivre ses activités », peut-on lire dans le rapport financier.
Afin d’amasser de l’argent, Cuda évoquait la possibilité d’une rationalisation des actifs, de nouveaux placements privés, d’une vente des activités jugées non essentielles ainsi que d’une possible restructuration de ses facilités de crédit.
Selon les données compilées par Thomson Reuters Eikon, la Caisse de dépôt et placement du Québec détenait, en date du 31 décembre, une participation de 2,25 % dans Cuda.
À la Bourse de croissance TSXV, le titre de Cuda a terminé la séance à 50 cents, ce qui confère à l’entreprise une valeur boursière d’environ 11 millions $.