Énergie: l’innovation verte n’est pas qu’une «expérience de laboratoire»
AFP|Mis à jour le 27 juin 2024Arvin Ganesan, PDG d’une entreprise spécialisée dans les batteries longue durée, Fourth Power (Photo: US Energy Foundation)
Londres — L’innovation verte dans le secteur de l’énergie n’est pas qu’une « expérience de laboratoire », affirme à l’AFP Arvin Ganesan, PDG d’une entreprise spécialisée dans les batteries longue durée, qui témoigne de son « optimisme » vis-à-vis des technologies vertes.
« Si le coût des énergies renouvelables, plus le stockage, est inférieur au coût de construction d’une nouvelle centrale au gaz », alors ça marchera, explique ce dirigeant de Fourth Power.
Arvin Ganesan est l’un des entrepreneurs réunis cette semaine à Londres par le cofondateur de Microsoft et philanthrope milliardaire, Bill Gates, qui cherche à stimuler les investissements dans les technologies de pointe, perçues par certains comme prometteuses dans la lutte contre le changement climatique.
Ancien d’Apple et de l’administration Obama, Arvin Ganesan a développé un prototype de batterie, capable selon lui, de stocker l’excédent d’électricité des éoliennes et des panneaux photovoltaïques pendant des semaines pour une fraction du coût des batteries standards de l’industrie, afin de la restituer ensuite lorsque le soleil ne brille pas ou que le vent ne souffle pas.
Ce type d’innovations, dont le potentiel suscite parfois le scepticisme de certains écologistes, «n’est pas une expérience de laboratoire», il y a «des marchés, des clients» et cela incite à «l’optimisme», juge M. Ganesan.
En quoi votre entreprise peut aider à résoudre la crise climatique?
Arvin Ganesan: « Si nous voulons des énergies renouvelables à faible coût, il faut un stockage extrêmement bon marché, sinon les combustibles fossiles resteront la source d’énergie la plus facilement disponible.
À moins que nous puissions nous attaquer au problème du prix et du développement à grande échelle, les énergies renouvelables ne fonctionneront pas pour l’ensemble du réseau. Et c’est ce sur quoi nous travaillons à Fourth Power.
Ce n’est ni un espoir ni un rêve. Il y a beaucoup de travail à faire (…) mais en réalité, c’est juste une question économique et l’équation est très simple: (…) si le coût des énergies renouvelables, plus le stockage, est inférieur au coût de construction d’une nouvelle centrale au gaz, alors mettez de côté la philosophie, mettez de côté le changement climatique, les énergies renouvelables et le stockage seront déployés dans tous les cas. »
Plusieurs entreprises sont déjà sur ce créneau. Y a-t-il de la place pour tout le monde?
A.G.:« Ce n’est pas une histoire de compétition entre quatre ou cinq sociétés qui se disputent un bout de gâteau, la question est plutôt de savoir si elles peuvent être moins chères que le gaz naturel. Et dans ce cas, oui, chacune d’entre elles pourra réussir. […]
Quand la vague est suffisamment grosse, plusieurs personnes peuvent surfer dessus, donc je ne pense pas qu’il y ait de concurrence. Nous nous battons pour un gâteau bien plus gros. […] Ces entreprises ont des clients, elles ont des marchés. Cela ne ressemble pas à une expérience de laboratoire. »
Y a-t-il un appétit croissant des investisseurs pour les technologies climatiques?
A.G.: « Effectivement, le marché a investi assez massivement dans les solutions technologiques climatiques. (…) On est à un moment très intéressant et plein d’opportunités. Ce sera un succès si on ne les regarde pas comme une catégorie appelée technologie climatique, mais qu’elles sont simplement considérées comme de bons investissements. »
Vous avez l’air optimiste…
A.G.: « Le catastrophisme climatique est un problème, cela démotive les gens. Mais ensuite, vous venez ici, vous voyez toutes ces entreprises, et beaucoup d’autres vont apparaître dans les trois ou quatre prochaines années. C’est un vrai changement et c’est très cool de pouvoir y assister.
C’est aussi une question de narratif. […] Si ce changement aboutit à un réseau électrique plus propre, plus résilient et plus fiable, cela va donner aux gens l’espoir que la technologie résoudra réellement leurs problèmes. C’est pourquoi il est important de faire part de cet optimisme.
Travaillant autour du climat depuis longtemps, moi aussi je traverse ces moments où je me demande ce que je fais ici et à quoi peut ressembler l’avenir de mes enfants. Mais même avec les politiques poussives actuelles, le pic des émissions carbone devrait être atteint d’ici un an ou deux. Et à côté de ça, sur les marchés, il y a cette tendance très favorable aux technologies plus propres. C’est une raison de se réjouir. »