Enquête sur la pollution liée à une mine de charbon au Canada
La Presse Canadienne|Publié le 11 mars 2024Les États-Unis et le Canada ont convenu de lancer une enquête conjointe sur un différend transfrontalier de longue date. (AP/The Spokesman Review, Rich Landers)
Les États-Unis et le Canada ont convenu de lancer une enquête conjointe sur un différend transfrontalier de longue date concernant la pollution provenant des mines de charbon de Colombie-Britannique se déversant dans les eaux américaines.
«Nos deux pays se sont engagés à suivre une voie collaborative, fondée sur la science et le savoir autochtone et orientée vers l’action», ont écrit, dans une déclaration commune, l’ambassadeur des États-Unis au Canada, David Cohen, et son homologue canadienne, Kirsten Hillman.
L’accord, annoncé lundi, implique les deux gouvernements nationaux, de même que la Colombie-Britannique, les États du Montana et de l’Idaho, ainsi que six communautés autochtones des deux côtés de la frontière.
Ils travailleront sous les auspices de la Commission mixte internationale, un groupe fondé sur des traités qui arbitre les différends liés à l’eau.
L’accord crée un organisme de gouvernance et un comité de recherche chargés de trouver des moyens de réduire la contamination provenant des mines de charbon de la vallée d’Elk, en Colombie-Britannique, qui se jette dans le lac Koocanusa, un réservoir à cheval sur la frontière, et dans les rivières américaines.
Cet organe de gouvernance doit être opérationnel d’ici la fin juin, le rapport de recherche final étant attendu deux ans plus tard.
Des rapports publics sont requis.
Le problème dure depuis une décennie, a déclaré Kathryn Teneese, présidente de la nation Ktunaxa, qui représente les six Premières Nations du Canada et des États-Unis qui vivent le long de ces eaux.
«Cela a pris du temps, a-t-elle commenté. C’est un bon début. Ce n’est que le début d’un processus long et agressif.»
Des décennies d’exploitation minière à ciel ouvert dans le sud-est de la Colombie-Britannique ont exposé du sélénium, un élément toxique pour les poissons associé aux gisements de charbon. Ce sélénium s’écoule en aval.
Une étude récente du US Geological Survey confirme que la contamination provient de ces mines, ajoutant que les efforts déployés par le propriétaire de la mine, Teck Resources, pour ralentir ces rejets ne font pas beaucoup de différence sur la quantité s’écoulant vers le sud.
En 1985, le rapport estime qu’un peu moins de deux tonnes de sélénium s’écoulaient de la rivière Elk jusqu’au lac Koocanusa. L’année dernière, ce chiffre était passé à près de 11 tonnes.
Teck a installé un système de traitement de l’eau d’une valeur de 1,4 milliard de dollars à la mine et structure de nouvelles activités pour capter au moins 95% du sélénium provenant des opérations actuelles. Les données du gouvernement du Montana montrent que les concentrations de sélénium dans l’eau du lac Koocanusa sont stables depuis au moins 2012.
Mais le rapport indique que le sélénium continue d’être emporté en aval, en particulier pendant les périodes de débit élevé.
Les responsables américains, notamment les sénateurs, le Département d’État et l’Agence de protection de l’environnement, font pression depuis des années pour qu’une enquête conjointe entre les États-Unis et le Canada soit menée sur la situation. Le président américain Joe Biden et le premier ministre Justin Trudeau avaient promis d’agir d’ici l’été dernier.
L’impasse a peut-être été levée en août dernier, lorsque la Colombie-Britannique a finalement accepté un rôle au sein de la Commission mixte internationale.
Teck, qui en train de vendre ses actifs charbonniers à la multinationale suisse Glencore, n’est pas représenté au conseil de gouvernance. L’entreprise sera en mesure de soumettre des informations au comité, selon de hauts responsables de l’administration américaine.