Foresterie: Québec doit tenir compte des municipalités dans sa réforme, dit la FQM
La Presse Canadienne|Publié à 8h12Parmi les cinq revendications, la principale consiste à inclure les municipalités dans la planification et l'aménagement forestier sur leur territoire. (Photo: La Presse Canadienne)
Craignant de voir les communautés locales mises de côté dans la modernisation du régime forestier, la Fédération québécoise des municipalités (FQM) veut lancer un signal clair au gouvernement Legault de tenir compte du rôle du milieu municipal en matière d’aménagement du territoire, s’il veut assurer «un minimum de succès avec sa réforme».
«Ils ne doivent pas répéter l’erreur du passé de ne pas impliquer les communautés», soutient le président du Regroupement des communautés forestières de la FQM et préfet de la MRC de la Haute-Gaspésie, Guy Bernatchez.
Lors de l’assemblée des MRC, mercredi après-midi, la fédération et son regroupement prévoient présenter une déclaration dans laquelle ils interpellent Québec pour la mise en oeuvre de «changements majeurs» afin de soutenir l’industrie forestière qui traverse une crise.
Parmi les cinq revendications, la principale consiste à inclure les municipalités dans la planification et l’aménagement forestier sur leur territoire, mentionne Guy Bernatchez.
«Par la bande, on veut aussi une décentralisation des pouvoirs et de régionaliser tout le processus décisionnel en lien avec l’aménagement forestier et d’impliquer les municipalités dans ce processus. C’est le point majeur auquel on tient», a-t-il affirmé en entrevue mardi.
D’après le préfet, la non-implication des communautés locales est un «facteur majeur qui nous a conduit à la crise actuelle». «Ces gens-là (des communautés) connaissent bien leur région et leur territoire. Elles sont incontournables dans le processus», a-t-il soutenu.
Québec s’est engagé à revoir la «Loi sur l’aménagement durable du territoire forestier». Le mois dernier, la ministre des Ressources naturelles et des Forêts, Maïté Blanchette Vézina, a indiqué qu’elle déposera «dès que possible» son projet de loi qui se fait attendre par l’industrie forestière.
«Si la ministre désire avoir un minimum de succès avec sa réforme du régime forestier, c’est impossible qu’elle puisse obtenir ce succès en contournant l’apport des municipalités», estime Guy Bernatchez, ajoutant que l’implication des communautés est importante aussi pour obtenir l’acceptabilité sociale en lien avec l’aménagement forestier.
Dans sa déclaration, la FQM évoque que «le régime actuel, mené par le ministère et les industriels, qui ne sont en aucun cas redevables à la communauté, a clairement démontré ses limites». Elle appelle à un nouveau régime basé sur une gestion territoriale, et s’assurant que «les collectivités en tirent le plus grand bénéfice».
«L’élastique est étiré»
La FQM demande aussi le déploiement rapide des initiatives annoncées lors de la dernière mise à jour économique du ministre des Finances du Québec, pour venir en aide à l’industrie forestière.
«L’élastique est étiré pour toutes les communautés forestières. On a de nos gens qui sont dans une précarité extrême. Il faut absolument que le gouvernement vienne en aide rapidement à ces communautés», a témoigné Guy Bernatchez.
Il salue par ailleurs la sortie du premier ministre François Legault en faveur de l’industrie forestière sur les réseaux sociaux, dimanche, y voyant un signe «encourageant» pour la suite.
«Au moins, on voit que le premier ministre est sensible à la cause forestière, ce que l’on ne sentait pas ces derniers mois, ces dernières années. On n’entendait pas souvent François Legault, pratiquement même jamais, parler de forêt», a dit Guy Bernatchez.
François Legault s’est notamment dit inquiet de l’impact potentiel du tarif douanier de 25% proposé par le président élu américain Donald Trump sur l’industrie forestière de la province.
Parmi ses autres revendications, la FQM souhaite que Québec accélère la réalisation de tout projet de construction requérant l’utilisation du bois de charpente afin de soutenir l’industrie du sciage. Elle demande aussi une révision «des mécanismes d’établissement de la valeur marchande des bois sur pieds, basés sur le marché libre des bois, pour éviter qu’ils entraînent systématiquement des hausses des redevances forestières».