Dans le communiqué, le groupe dit avoir demandé l’avis d’actionnaires représentant environ les deux tiers des droits de vote. (Photo: 123RF)
Zurich — Le géant du négoce des matières premières Glencore a tranché l’épineuse question de sa branche charbon, décidant de la conserver plutôt que de la scinder du reste du groupe, malgré les critiques récurrentes que lui vaut cette activité.
Dans un communiqué publié en marge de ses résultats semestriels, Glencore — qui a finalisé début juillet le rachat du charbon sidérurgique du groupe canadien Teck Resources — a annoncé qu’après avoir consulté ses actionnaires et évalué «les risques et opportunités», son conseil d’administration a décidé de conserver ses activités dans le charbon.
Après une âpre bataille, Glencore s’était emparé des activités de charbon sidérurgique de Teck resources et avait dit envisager de les scinder du reste du groupe une fois regroupées avec ses propres activités, principalement dans le charbon thermique.
Mais le groupe basé à Baar, dans le canton suisse de Zoug, a finalement estimé que conserver ces activités était «la voie optimale» pour créer de la valeur pour ses actionnaires.
«Je suis convaincu que c’est la bonne décision», a déclaré aux journalistes Gary Nagle, son directeur général, lors d’une conférence téléphonique, expliquant que celle-ci a été soutenue par une «écrasante majorité» des actionnaires consultés.
Dans le communiqué, le groupe dit avoir demandé l’avis d’actionnaires représentant environ les deux tiers des droits de vote.
Contrairement à des concurrents comme Rio Tinto ou Anglo American qui se désengagent du charbon, Glencore défend bec et ongle cette ressource, disant vouloir gérer ses mines de manière responsable jusqu’à ce qu’elles arrivent à épuisement.
Cette stratégie lui vaut des critiques récurrentes de la part de militants écologistes, mais aussi d’actionnaires qui font valoir qu’une partie des investisseurs ne peuvent pas détenir des actions du groupe, le charbon étant interdit dans certains portefeuilles de placements, même si le groupe détient aussi des matières premières intéressantes pour la transition écologique, comme du cuivre ou du cobalt.
Depuis 2020, le groupe est notamment placé sur la liste d’exclusion du fonds souverain de Norvège, le plus gros investisseur au monde.
Entre «des mains responsables»
Mais la perception du marché a changé «substantiellement», a affirmé le patron de Glencore, expliquant que du point de vue des critères ESG (environnement, social et gouvernance), laisser ces actifs «entre les mains de Glencore», «avec sa stratégie responsable», est une «bien meilleure issue qu’une scission», a-t-il martelé.
«Certaines des ONG les plus orientées à gauche» ont même «poussé» pour que Glencore ne procède pas à une scission et que le charbon reste entre «des mains responsables», a-t-il défendu.
Selon lui, conserver le charbon est non seulement préférable d’un point de vue ESG, mais va aussi permettre d’utiliser les flux de trésorerie générés par cette activité dans les mines pour le cuivre et autres métaux nécessaires à la transition environnementale, a-t-il argumenté.
Cette décision a éclipsé ses résultats semestriels, l’action, cotée à la Bourse de Londres, grimpant de 1,96% à 400,85 pence vers 7 h 50 en dépit d’une perte nette de 233 millions de dollars américains (213 millions d’euros) pour la première moitié de l’exercice.
Le groupe, qui avait dégagé un bénéfice net de près de 4,6 milliards de dollars américains (G$ US) au premier semestre 2023, a vu ses bénéfices fondre sous l’effet d’amortissements et dépréciations d’actifs d’environ 1,7G$ US, notamment pour des activités dans le charbon en Afrique du Sud et le désengagement de la mine de nickel de Koniambo en Nouvelle-Calédonie.
Le groupe a également pâti du reflux des cours de matières premières clés, dont le charbon, a reconnu le patron de Glencore. Le charbon n’en reste pas moins une matière première essentielle pour le groupe, qui avait vu ses bénéfices exploser en 2022 lors que les cours du charbon s’étaient envolés à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Dans le communiqué publié mercredi, le groupe a précisé que s’il avait choisi de conserver le charbon, le conseil d’administration gardait «l’option de considérer une scission de tout ou partie de cette activité à l’avenir si les circonstances changeaient».