Le chef de la direction de Glencore, Gary Nagle, soutient que la fusion permettrait d’obtenir des synergies d’une valeur d’au moins 4,25G$ américains après impôts. (Photo: 123RF)
C’est le sujet de l’heure dans l’industrie minière au Canada et à l’international: la tentative de Glencore d’acheter la minière canadienne Teck Resources pour la somme de 22,3 milliards de dollars (G$) US.
Les Affaires vous propose un retour sur les événements des dernières semaines qui ont marqué cette offre d’achat non sollicitée de la part de la société établie en Suisse.
16 février
Teck Resources annonce qu’elle songe à se départir de ses activités de charbon sidérurgique. La société dit notamment réfléchir à céder les parts de l’entreprise à ses actionnaires. À ce moment, 60% des 14,3G$ de revenus de Teck proviennent de cette ressource qui sert surtout à la production de l’acier et non au chauffage.
La minière établie à Vancouver exprime vouloir se repositionner sur des ressources qui seront recherchées «dans un monde à faibles émissions de gaz à effet de serre.»
21 février
Créer deux entreprises distinctes: c’est le plan que propose Teck Resources dans sa volonté d’isoler le charbon sidérurgique de ses autres activités minières comme le cuivre et le zinc.
Ainsi, Teck Metals se consacrerait aux activités métallurgiques et Elk Valley Resources sur celles provenant du charbon sidérurgique.
«Pour l’instant, ensemble, la valeur de Elk Valley et de Teck est moindre de ce qu’elle sera dans le futur. C’est pour ça qu’ils veulent séparer les deux entités. Ils savent qu’ils vont créer de la valeur pour les actionnaires. En ce moment, il y a un rabais dans la valeur de Teck, car il y a du charbon. Si tu sors le charbon, tu dépénalises Teck», analyse André Gaumont, ex-président de Mine Virginia, lors d’une entrevue avec Les Affaires.
3 avril
Teck dit non à une offre d’achat non sollicitée de la part du géant suisse Glencore.
Cette offre, d’une valeur de 22,3G$ US, représente une prime de 20% par rapport à sa valeur boursière à la fin mars.
Le président et chef de la direction de Teck, Jonathan Price, fait valoir que la proposition de Glencore «exposerait les actionnaires de Teck à une grande entreprise de charbon thermique et à une entreprise de négoce de pétrole, ce qui serait contraire aux engagements environnementaux pris par Teck.» L’entreprise dit croire que son plan propose plus de valeur pour les actionnaires que l’offre de Glencore.
De son côté, le chef de la direction de Glencore, Gary Nagle, soutient que la fusion permettrait d’obtenir des synergies d’une valeur d’au moins 4,25G$ américains après impôts.
«Des fonds ne voudront pas de Elk Valley. Mais ce n’est pas grave, car c’est très profitable et les besoins sont énormes. L’entité sera donc payante en elle-même. Les marges sont très très fortes pour le charbon sidérurgique. Ceux pour qui ça ne dérange pas d’avoir le mot charbon dans leur portefeuille et qui veulent de bons rendements vont en acheter», exprime André Gaumont, à propos de ce qui deviendrait Elk Valley Resources après une éventuelle scission de Teck en deux entreprises.
11 avril
Glencore revient à la charge avec une offre révisée.
Cette fois, les actionnaires de Teck recevraient 24% du regroupement des activités métallurgiques des deux sociétés. Surtout, Glencore ajoute un paiement en espèce de 8,2G$ US, essentiellement pour racheter aux actionnaires de Teck leur exposition au charbon. Pourquoi? Dans le projet de Glencore, les activités de charbon sidérurgique de Teck fusionneraient avec celles de charbon thermique de l’entreprise suisse. Cette dernière reconnaît ainsi que de nombreux actionnaires de Teck souhaitent sortir du charbon.
13 avril
Le conseil d’administration de Teck refuse l’offre révisée de Glencore, tout en la qualifiant d’«opportuniste» et d’«irréaliste».
«Teck a clairement exprimé qu’être acquise par Glencore et fusionner avec vos activités de charbon thermique ou de commerce de pétrolier ne représentait pas l’intérêt supérieur de nos actionnaires», écrit alors Sheila Murray, présidente du conseil de Teck, dans une communication envoyée au conseil de Glencore.
«Puisque vous avez publiquement affirmé que vous êtes prêts à essaimer vos activités de charbon thermique, nous vous suggérons d’aller de l’avant avec ce projet, de séparer vos activités pétrolières, et puis de recontacter Teck Metals une fois que notre scission aura été complétée», ajoute Mme Murray.
19 avril
Encore une fois, Glencore revient à la charge.
La minière suisse se dit prête à bonifier son offre, mais les actionnaires de Teck devraient d’abord rejeter le plan de scission de ses activités métallurgiques de celles liées au charbon sidérurgique.
«Glencore n’a jamais affirmé que sa proposition était la meilleure et dernière, écrit le chef de la direction de l’entreprise, Gary Nagle, dans une lettre ouverte aux actionnaires de Teck. Nous pensons qu’en nous engageant, nous pourrions améliorer les conditions et la valeur de notre proposition, ce qui serait dans l’intérêt de tous les actionnaires de Teck.»
Le chef de la direction de Teck, Jonathan Price, réplique en disant que la proposition de Glencore était «une distraction — une tentative transparente et opportuniste de perturber notre plan de séparation avec une proposition mal définie et très incertaine».
20 avril
Un actionnaire clé de Teck Resources, Sumitomo Metal Mining, annonce qu’il votera pour le plan de la société de Vancouver de scinder en deux ses opérations.
La Japonaise ne possède pas moins de 18,9% des actions de catégorie A (à votes multiples) de Teck et 0,1% de ses actions de catégorie B. Elle possède également une participation de 49% dans Temagami Mining, qui détient 55% des actions de catégorie A de Teck.
Un peu plus tard dans la journée, la firme montréalaise de gestion de placements Lekto Brosseau annonce elle aussi qu’elle votera en faveur du plan de Teck Resources.
26 avril
Teck Resources a annoncé qu’elle n’irait pas de l’avant avec un vote de ses actionnaires sur son plan visant à scinder ses activités métallurgiques et celles du charbon sidérurgique en deux entreprises distinctes, ajoutant qu’elle choisirait une approche qu’elle a qualifiée de plus simple et plus directe.