La demande énergétique de GNL-Québec excède la capacité du réseau d'Hydro-Québec, qui devra acheter à perte. (Photo: 123RF)
La facture sera salée pour les abonnés d’Hydro-Québec si le projet controversé d’usine de GNL-Québec se réalise au Saguenay.
Seulement pour son gazoduc de 750 km, les deux stations de pompage consommeront 1 térawatt-heure (TWh) par an, ce qui accroîtra le manque à gagner d’Hydro-Québec, selon les données obtenues par des organismes à partir d’une étude de l’Union des consommateurs.
Facture estimée: 1,5 milliard $ au total, de 2027 à 2030. Pourquoi? Parce que la société d’État devra aller en appel d’offres pour combler la demande, à des coûts de production d’énergie qui excèdent les tarifs accordés aux consommateurs.
Il avait déjà été révélé que le projet d’usine de liquéfaction de gaz naturel GNL-Québec projetée au Saguenay allait consommer 5 TWh, mais avec le 1 TWh additionnel des stations de pompage, à 6 TWh, c’est l’équivalent au total de la consommation de 300 000 résidences.
Hydro-Québec prévoit avoir écoulé ses surplus actuels d’électricité à partir de 2027. À partir de là, la société d’État devra donc augmenter sa capacité de production.
«Ces nouveaux projets (de production d’Hydro) sont évidemment beaucoup plus coûteux que le prix que paierait GNL-Québec», a commenté le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin.
GNL-Québec devrait bénéficier d’un tarif industriel de 0,05 $ le kilowattheure (kWh), alors que l’électricité pour l’alimenter coûtera beaucoup plus cher à produire.
Pour financer cette subvention indirecte, Hydro devra donc augmenter ses tarifs davantage que l’indexation habituelle, déplorent les organismes écologistes qui condamnent le projet GNL-Québec.
«Chaque Québécois devra encaisser une hausse significative de son tarif en raison du projet GNL», estime M. Bonin.
Hausse des tarifs d’électricité
Pour la seule année 2030, le manque à gagner pour Hydro-Québec se chiffrerait à près de 380 millions $, ce qui résulterait alors en une hausse supplémentaire des tarifs de 2,5 %, estime-t-on. Cette hausse s’ajouterait à la hausse prévue de 2 % en l’absence du projet GNL-Québec.
Le projet GNL-Québec et son pendant Gazoduq consistent en la construction d’un gazoduc de 750 km transportant du gaz naturel de l’Ouest, à partir de l’Ontario, jusqu’à une usine de liquéfaction à Saguenay, pour acheminer ensuite le gaz naturel liquéfié (GNL) à l’étranger par bateau.
Sur le cycle complet du projet, de l’extraction du gaz à sa liquéfaction au Saguenay, le projet émettrait près de 7,8 millions de tonnes de CO2 par an, donc il annulerait en un an tous les efforts de réduction des gaz à effet de serre (GES) du Québec depuis 1990.
Le rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) devait être déposé mercredi au gouvernement.
Le BAPE prévoit que son rapport devrait être publié 15 jours après son dépôt; il reviendra ensuite au gouvernement Legault de trancher sur le sort du projet.
La quasi-totalité des mémoires déposés lors des consultations du BAPE étaient contre le projet, alors que le gouvernement fixe l’acceptabilité sociale comme une des conditions de sa réalisation.
Le BAPE signale que pendant la période de construction, qui s’échelonnerait sur quatre ans, le projet Énergie Saguenay devrait générer 6000 emplois directs et indirects, de même que 1350 emplois directs et indirects en période d’exploitation.