HQ: hausse prévue des prix pour l’exportation d’électricité
La Presse Canadienne|Publié le 27 août 2021Les résultats d’Hydro-Québec évoquent un retour à la normale après le choc initial de la pandémie. (Photo: La Presse Canadienne)
Après avoir dû faire des concessions sur les prix de l’électricité exportée en raison des surplus d’eau dans ses réservoirs, la «grande sécheresse» de l’été devrait permettre à Hydro-Québec d’obtenir un meilleur prix pour ses exportations d’électricité.
«On avait trop d’eau en début d’année, ce qui faisait en sorte qu’on tapait les marchés, peu importe le prix», explique Jean-Hugues Lafleur, vice-président exécutif et chef de la direction financière au cours d’une conférence de presse visant à discuter des résultats du premier semestre, vendredi.
«Dans ce cas-ci, on est beaucoup plus opportuniste. Ce qu’on fait maintenant, c’est qu’on vend au marché lorsque les prix sont vraiment élevés.»
Au cours des six premiers mois de l’année 2021, Hydro-Québec a vendu son électricité hors Québec à un prix moyen de 4,2 cents le kilowattheure (¢/kWh), comparativement à 4,4 ¢/kWh en 2020. Avant la pandémie, elle a obtenu un prix moyen de 4,9 ¢/kWh pour la période comparable en 2019.
«La beauté» du système de réservoirs multiannuels d’Hydro-Québec est qu’il lui permet d’ajuster ses volumes de vente, selon les conditions du marché, ajoute Jean-Hugues Lafleur. Elle peut donc emmagasiner de l’eau lorsque les prix sont bas ou produire plus d’électricité lorsque les conditions du marché sont plus favorables. «Au lieu de vendre plus de volume à des prix bas, on vendra moins de volume à des prix plus élevés. Ce qui va faire en sorte que notre rentabilité va être égale.»
Risque climatique
Si le temps chaud et sec représente une occasion d’affaires cet été, les bouleversements climatiques représentent tout de même un risque, comme le démontrent les feux de forêt en Colombie-Britannique.
Jean-Hugues Lafleur assure qu’Hydro-Québec a un plan advenant une telle catastrophe. «On est toujours prêt pour ça. La protection de nos infrastructures, c’est vital.»
Le principal risque que l’entreprise surveille est l’assèchement des tourbières, une zone humide caractérisée par la présence de couche de tourbe. «Ça pourrait avoir des conséquences dans les prochaines années», prévient-il.
Un retour à la normale
Les résultats d’Hydro-Québec évoquent un retour à la normale après le choc initial de la pandémie. Au deuxième trimestre, elle a affiché un bénéfice net de 352 millions de dollars, soit plus de quatre fois le bénéfice de 80 M$ à la même période l’an dernier. Avant la pandémie, la société avait enregistré un bénéfice de 264 M$ en 2019 pour la période comprenant les mois d’avril, mai et juin.
«La progression marquée de nos résultats s’inscrit dans le contexte de la reprise des activités économiques au Québec», réagit Jean-Hugues Lafleur.
Le retour normal se traduit aussi par une baisse des comptes en souffrance. «Bon en mal an», la société réserve environ 90 M$ en provision pour recouvrement. En 2020, ce chiffre était de 160 M$. «Les clients paient au bon rythme, constate le financier. On revient plus à la normale du 90 M$ par année.»
Pour les six premiers mois de l’année, le bénéfice net de la société d’État a augmenté de 24% à 1,993 milliard de dollars, une hausse de 388 M$, comparativement à 1,605 G$ à la même période l’an dernier.
Hydro-Québec attribue la progression à une augmentation des ventes nettes d’électricité dans la province, à un accroissement des exportations et à des frais financiers moins élevés sur sa dette.
Dans le marché québécois, les ventes nettes d’électricité ont augmenté de 89 M$ au cours des six premiers mois de l’année, en raison notamment d’une augmentation de la demande de base de 1,4 milliards de kWh (TWh). La température plus douce au printemps a toutefois contrebalancé une partie de l’augmentation de la demande de base.
Hors Québec, les exportations nettes d’électricité ont fait un bond de 133 M$, principalement en raison d’une hausse de volume de 3,8 TWh, toujours au premier semestre. La société attribue cette progression à la reprise économique. Le volume d’exportations nettes atteint 18,5 TWh, légèrement sous le record de 18,7 TWh établi au premier semestre de 2018.
Les investissements en immobilisation, pour leur part, s’établissent à 1,861 G$, contre 1,388 G$ un an plus tôt, au moment où la crise sanitaire a ralenti ses chantiers.
De «grosses économies» sur la dette
La faiblesse des taux d’intérêt permet à Hydro-Québec de réaliser d’importantes économies. Elle a réduit ses frais financiers de 124 M$ durant les six premiers mois de l’année.
Au deuxième trimestre, elle a refinancé pour 800 M$ d’obligation à un taux de 2,67% qui n’arriveront à échéance qu’en 2060. Ces titres de dettes remplacent des obligations qui avaient des taux «d’entre 10% et 11%». «C’est très bénéfique pour la société québécoise.»
Une fois les barrages construits, leur exploitation est relativement peu coûteuse, explique le chef des finances. La grande partie des coûts proviennent des investissements dans les infrastructures, financés par de la dette amortie sur de nombreuses années. Une diminution du service de la dette a donc un impact considérable sur ses bénéfices.
D’autres importantes économies sont à prévoir si les conditions du marché obligataire restent favorables. «Deux grosses échéances» de dettes sont prévues en janvier et juillet prochain, dont les taux étaient d’environ 10%, précise Jean-Hugues Lafleur.