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HQ lance une étude préliminaire sur la rivière du Petit Mécatina

La Presse Canadienne|Publié le 04 avril 2023

HQ lance une étude préliminaire sur la rivière du Petit Mécatina

Hydro-Québec estime qu’il faudrait plus de 100 térawattheures (TWh) additionnels d’électricité pour répondre à la demande et atteindre la carboneutralité d’ici 2050. (Photo: La Presse Canadienne)

Hydro-Québec va lancer une étude préliminaire qui pourrait aboutir à la construction de barrages, une possibilité qu’a évoquée à plusieurs reprises le premier ministre François Legault.

La société d’État va réaliser une étude préliminaire sur le potentiel hydroélectrique de la rivière du Petit Mécatina sur la Côte-Nord, selon un suivi annuel de son plan stratégique 2022-2026, dévoilé mardi. En avance sur ses objectifs d’efficacité énergétique, Hydro-Québec annonce aussi son intention de rehausser ses cibles à un seuil qui sera déterminé plus tard.

Les études préliminaires n’aboutiront pas nécessairement sur un projet de centrale, insiste le porte-parole Maxence Huard-Lefebvre, en entrevue. «On s’entend, on ne va pas au terrain avec une bétonnière. L’idée, c’est vraiment de prendre des informations. On est en mode observations.»

De premiers échanges ont eu lieu avec les communautés locales et la société d’État compte poursuivre le dialogue, affirme le porte-parole. «Ces échanges-là vont se poursuivre.»

 

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L’idée d’exploiter le potentiel hydroélectrique de la rivière du Petit Mécatina a été évoquée une première fois par le premier ministre libéral Jean Charest en 2009. L’hypothèse retenue prévoyait deux centrales (Petit-Mécatina-3 et Petit-Mécatina-4) pour un total de 1200 mégawatts (MW). «Le projet qui a été présenté dans les années 2000, ça ne veut pas dire que ça serait le même aujourd’hui», répond M. Huard-Lefebvre.

De manière générale, une étude préliminaire s’étale entre 12 et 18 mois, ajoute le porte-parole.

Par le passé, d’autres rivières ont aussi été évoquées comme emplacements possibles, notamment Grande rivière de la Baleine, la rivière Nottaway et la rivière Magpie. Celles-ci ne sont pas visées par l’annonce de mardi. «Ça ne veut pas dire qu’il ne pourrait jamais y avoir d’études préliminaires, précise le porte-parole. À ce stade-ci, ces rivières ne sont pas visées présentement.»

L’étude préliminaire est lancée au moment où Hydro-Québec envisage la fin des surplus énergétiques vers 2027. La société d’État estime qu’il faudrait plus de 100 térawattheures (TWh) additionnels d’électricité pour répondre à la demande et atteindre la carboneutralité d’ici 2050.

Le premier ministre François Legault a évoqué à plusieurs reprises la construction de nouveaux barrages pour répondre à la demande. La proposition a toutefois été critiquée par des groupes environnementaux et autochtones.

Québec doit aussi renouveler le contrat d’approvisionnement en électricité de Churchill Falls avec Terre-Neuve-et-Labrador, qui génère le tiers des bénéfices d’Hydro-Québec. Ces négociations seront déterminantes dans l’ampleur des besoins à combler.

Le bon choix?

Le directeur général de la Fondation Rivières, André Bélanger, croit qu’Hydro-Québec fait fausse route en n’excluant pas d’emblée la construction de nouveaux projets hydroélectriques. Le potentiel éolien du Québec est suffisant pour combler les besoins énergétiques et ces projets pourraient être déployés à un coût moindre, argumente-t-il.

«C’est un choix que le gouvernement fait de détruire des territoires sauvages, de transformer des rivières sauvages en grand réservoir artificiel alors qu’il y a d’autres solutions qui existent.»

Le directeur scientifique de l’Institut de l’énergie Trottier, Normand Mousseau, croit, au contraire, que l’étude préliminaire annoncée par Hydro-Québec est nécessaire. «On a besoin d’informations, on a besoin d’études, ça, c’est clair», réagit le professeur.

Il faudra voir les détails d’un éventuel projet avant de déterminer s’il est nécessaire, selon M. Mousseau. Il note que le coût du kilowattheure est moins élevé pour l’éolien, mais que d’autres éléments sont à prendre en compte, à savoir quel serait le potentiel de stockage sur la rivière du Petit Mécatina.

Un réservoir permet un ajustement à la demande, que ne permet pas l’éolien. «La valeur est plus complexe à évaluer, ce n’est pas juste le coût du kilowattheure. C’est aussi de savoir s’il livre au moment où on en a besoin.»

Le ministre de l’Économie et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, estime que l’acceptabilité sociale serait «moins problématique» avec la rivière du Petit Mécatina qu’elle ne pourrait l’être pour d’autres emplacements. «Celle-là, il (Hydro-Québec) considère qu’il y a du potentiel», commente-t-il en mêlée de presse.

Le chef de l’opposition officielle, Marc Tanguay, accuse, pour sa part, le gouvernement de ne pas avoir de «direction claire» et de gérer Hydro-Québec «à la petite semaine». Il réitère sa demande de tenir une discussion nationale sur le développement énergétique. «La CAQ tire dans toutes les directions: barrage, pas de barrage, éolien, efficacité énergétique, etc. Et maintenant, une étude sur la rivière du Petit Mécatina», réagit le chef libéral par intérim.

Efficacité énergétique: en avance

Hydro-Québec a aussi indiqué, mardi, qu’elle avait l’intention de rehausser ses cibles d’efficacité énergétique. Sa cible initiale est de 8,2 TWh à l’horizon 2029. Or, la cible cumulée pour 2020-2022 a été dépassée de 20% pour atteindre 2 TWh. Hydro-Québec va mener des consultations afin d’établir une cible plus ambitieuse.

La société se dit également en bonne voie de doubler sa capacité éolienne d’ici 2030, soit de 4000 MW à 8000 MW. Six projets de parcs éoliens ont été retenus récemment pour près de 1150 MW de puissance installée. Des appels d’offres sont en cours pour 1500 MW d’énergie éolienne.

Hydro-Québec mise aussi sur la réfection de centrales existantes pour augmenter sa capacité de production. Des travaux sont actuellement effectués dans trois centrales, ce qui permettra d’ajouter 128 MW à la puissance installée de son parc en 2028. D’ici 2035, elle vise l’ajout de 2000 MW avec ces rénovations.