Hydro-Québec construit un nouveau poste électrique à Bonsecours
Initiative de journalisme local|Publié à 8h17(Photo: Sébastien Michon)
Hydro-Québec débute en janvier 2025 d’importants travaux dans la région. La société d’État construit une nouvelle ligne de 20 km entre Stukely-Sud et Bonsecours. Où elle installera un nouveau poste électrique de 230-25 kilovolts (kV). Elle démantèlera aussi les postes de Lawrenceville et de Valcourt. Le projet devrait être complété à la fin de 2026.
Rencontre d’information à Bonsecours
Ce projet est en marche depuis 2018-2019 et le tracé de cette nouvelle ligne est connu depuis 2022. Hydro-Québec a tout de même tenu à organiser une rencontre d’information à Bonsecours le mardi 26 novembre dernier pour permettre aux citoyens et citoyennes de s’informer. Environ une cinquantaine de personnes y ont assisté.
Carte indiquant le tracé de la nouvelle ligne reliant Stukely-Sud et Bonsecours. En jaune-vert les lignes et postes à démanteler. En rouge, les lignes et le poste à construire.
«Rien ne remplace de parler à un être humain»
«De manière générale, les gens nous posaient des questions quant aux impacts des travaux à venir. En termes de circulation des camions, de poussière ou de déboisement. Certaines personnes nous ont aussi questionnés au sujet de la hauteur de la future ligne, des méthodes de construction ou des impacts sur l’environnement. On nous a aussi partagé des inquiétudes face à la venue potentielle de futurs projets éoliens dans la région», indique Sébastien Martineau, conseiller aux relations avec le milieu chez Hydro-Québec.
Selon lui, un tel exercice est important. «Malgré la multiplication des sources d’information, rien ne remplace le fait de parler à un être humain. Nous avons pu répondre aux questions légitimes des citoyens. Ils repartaient, pour la très large majorité, rassurés et reconnaissants de la présence d’Hydro-Québec», rapporte-t-il.
Moderniser un vieux réseau électrique
Ces travaux sont nécessaires parce que le réseau actuel de 49 kV, construit entre les années 1910 et 1960, est vétuste. Et ce, malgré l’entretien constant dont il a bénéficié. «Il faut moderniser ces installations pour répondre aux besoins futurs de la grande région de l’Estrie», soutient Sébastien Martineau.
Ce projet s’inscrit d’ailleurs dans un plan de modernisation du réseau électrique de l’Estrie. Au total, Hydro-Québec prévoit la construction de 5 nouveaux postes et lignes d’alimentation en Estrie, qui viendront remplacer 11 postes existants. De même, on installera 100 kilomètres de nouvelles lignes qui vont remplacer 239 kilomètres installés dans le passé.
«On va placer ces postes différemment, avec davantage de puissance. On gagne en efficacité parce qu’il y aura moins de postes et moins d’espace au sol utilisé», indique Sébastien Martineau.
Zones identifiées pour l’implantation de nouveaux postes électrique en Estrie. On remarque, dans le Val-Saint-François, la construction d’un nouveau poste dans le secteur de Richmond. Hydro-Québec le prévoit vers 2035.
47 propriétés touchées
Les travaux vont principalement avoir un impact sur 47 propriétés situées à Stukely-Sud (7,5 km), Bonsecours (7,6 km), Lawrenceville (1,1 km) et Sainte-Anne-de-Larochelle (3,9 km). Ainsi que dans le Canton de Valcourt, où le poste sera démantelé.
La majorité des propriétaires ont déjà conclu une entente avec Hydro-Québec. Il en reste toutefois quelques-uns qui n’ont pas encore donné leur aval. «Ce n’est pas anormal pour nous. Généralement, nous concluons des ententes de gré à gré avec environ 95 % des propriétaires. Lorsque nous avons épuisé toute possibilité d’entente, nous demandons un décret d’expropriation. Mais c’est quand même assez rare qu’on va l’utiliser», fait savoir Jacques Rodrigue, évaluateur agréé, responsable des acquisitions chez Hydro-Québec.
Dédommagement des propriétaires
L’offre de dédommagement est basée sur l’Entente sur le passage des lignes de transport en milieux agricole et forestier, conclue en 2014 avec l’Union des producteurs agricoles (UPA). «Cette entente a pour objectif d’avoir un traitement uniforme pour l’ensemble des propriétaires, partout au Québec. Elle est vraiment au-dessus de la valeur du marché. Au final, c’est avantageux de signer», avance Sébastien Martineau.
Beaucoup de camions au printemps et à l’été 2025
La première étape visible sera des travaux de déboisement et d’aménagement qui débuteront dès janvier 2025 pour se poursuivre jusqu’en avril.
À partir du printemps, des entrepreneurs commenceront la construction du poste de Bonsecours : travaux de terrassement, excavation, remblayage, bétonnage, charpente d’acier, etc.
Bien que la mise en service de poste ait lieu à la fin de 2026, le gros des travaux se fera en 2025. Surtout de mai à septembre. Les résidents de cette zone doivent donc s’attendre à beaucoup de va-et-vient des camions et machineries.
Toutefois, pour éviter qu’il y ait du transport lourd un peu partout dans le secteur, Hydro-Québec indiquera aux camions de circuler sur la route 243 puis d’emprunter le 11e rang pour se rendre au chemin Malboeuf à Bonsecours.
Hydro-Québec responsable de l’entretien des chemins
«Nos travaux sont réalisés selon la réglementation municipale de 7 h à 19 h, du lundi au vendredi. Exceptionnellement, il pourrait y avoir des travaux pendant des week-ends, si c’était justifié», précise Sébastien Martineau.
De même, Hydro-Québec sera responsable de payer les coûts d’entretien du 11e rang et du chemin Malboeuf. Par exemple par l’ajout d’abat-poussière ou de nivellement, lorsque nécessaire.
Construction d’une ligne pour alimenter le chantier
L’endroit choisi pour la construction du nouveau poste n’est pas alimenté en électricité. Hydro-Québec fera donc construire une ligne temporaire pour alimenter le chantier. Ce qui permettra d’éviter l’utilisation de génératrices «qui font du bruit et produisent des gaz à effet de serre», marque Sébastien Martineau.
De nouveaux poteaux à côté des poteaux actuels
La nouvelle ligne Stukely-Sud/Bonsecours empruntera des portions du réseau électrique existant. À ces endroits, les nouveaux poteaux seront installés à côté de ceux déjà présents. Ce qui permettra de conserver, tout au long des travaux, l’alimentation électrique des résidences reliées au poste de Lawrenceville. Les vieilles lignes seront ensuite démontées.
Les nouvelles lignes de 230 kV seront installées dans la même emprise où sont les actuelles lignes de 49 kV.
De même, plusieurs poteaux seront en composite plutôt qu’en bois. «C’est beaucoup plus solide et résistant. Au lieu de durer 60 ans, ça dure 100 ans», expose le conseiller.
Des impacts sur l’environnement?
Pendant deux ans, Hydro-Québec a fait réaliser un inventaire de la faune et de la flore présentes sur le tracé. Pour bien connaître les caractéristiques. Elle a remis une étude environnementale au ministère de l’Environnement. Ce dernier lui a ensuite délivré les autorisations nécessaires.
Selon la société d’État, les impacts environnementaux seront mineurs. Hydro a déplacé le tracé pour éviter certains milieux humides. De même, elle vise préserver quelques colonies d’ail des bois. «Nous les déplacerons chez le même propriétaire ou ailleurs, dépendamment de son choix», spécifie Harry Milad, ingénieur en gestion de projets pour Hydro-Québec.
De même, pour éviter la compaction des sols des zones forestières et agricoles par la circulation de la machinerie, les entrepreneurs embauchés par Hydro utiliseront des matelas de bois. C’est-à-dire d’immenses plaques en bois qui seront ensuite enlevées une fois les travaux complétés. Il s’agit d’une technique utilisée depuis environ une décennie.
Installation de 230 kV mais utilisation de 120 kV
Même si la nouvelle ligne sera de 230 kV, elle ne sera d’abord utilisée qu’à 120 kV. Pourquoi? Parce qu’Hydro souhaite déjà prévoir des installations qui répondront aux besoins électriques futurs de la région.
«Le gouvernement vise la carboneutralité pour 2050. Tout ce qui fonctionne au gaz ou au diesel va devoir fonctionner à l’électricité. On doit se donner la possibilité, dès maintenant, d’amener plus d’énergie. Autant le faire de cette façon. Ce qui évitera de revenir une deuxième fois dans quelques années et d’impacter à nouveau des propriétaires. De même, ça permet de réaliser ces ouvrages avec les coûts d’aujourd’hui plutôt que ceux du futur», fait savoir Sébastien Martineau.
Pas de liens avec les éoliennes
Y aurait-il des liens entre la construction de ce nouveau poste et de possibles implantations d’éoliennes dans la région? Non, répond Hydro-Québec.
«Ce projet se fait par nécessité de moderniser de vieilles installations et de transformer un réseau 49 kV en 120 kV, comme partout ailleurs au Québec. En ce qui concerne les éoliennes, on ne sait pas si le Val-Saint-François sera ciblé ou non par un prochain appel d’offres. Et s’il y avait des éoliennes, rien ne laisse présager qu’elles se connecteraient à Bonsecours. Il est possible qu’elles se connectent au poste des Cantons [à Val-Joli]», soutient-il.
BRP a déjà changé son poste électrique
Notons que dans la foulée de cette modernisation du réseau, l’usine de Bombardier Produits Récréatifs (BRP) à Valcourt a changé, il y a deux ans, son poste électrique de 49 kV en 25 kV. «Le niveau de tension est moins élevé, mais ils ont la même capacité d’alimenter les installations de l’entreprise», révèle Sébastien Martineau.
Par Sébastien Michon, Initiative de journalisme local, Le Val-Ouest