Hydro-Québec: «Il faudra produire et livrer à temps dans un contexte de croissance rapide»
François Normand|Édition de la mi‑novembre 2024Maxime Aucoin, vice-président exécutif aux stratégies et aux finances pour Hydro-Québec (Photo: courtoisie)
CONTRATS HISTORIQUES. Hydro-Québec dépensera de 12 à 16 milliards de dollars (G$) par année pendant dix ans pour réaliser son ambitieux plan d’action 2035. Les montants sont très élevés, tout comme les attentes de la société d’État à l’égard des fournisseurs. Maxime Aucoin, vice-président exécutif aux stratégies et aux finances, a répondu à nos questions à ce sujet.
D’ici 2035, Hydro-Québec investira de 155 G$ à 185 G$ pour ajouter de 8000 MW à 9000 MW d’énergie renouvelable. Pensez-vous que l’industrie électrique du Québec est prête à répondre à cette demande extraordinaire dans un si court laps de temps ?
Maxime Aucoin: En effet, nous sommes conscients que le Plan d’action 2035 est très ambitieux, comparable à la phase 1 du développement de la Baie-James. Nous nous attendons à des efforts accrus de la part des entreprises québécoises, notamment dans les secteurs de la production d’équipements et des services. Cela implique aussi une mobilisation importante des chaînes d’approvisionnement, et nous travaillons déjà à renforcer nos liens d’affaires avec les fournisseurs, les regroupements représentant les entreprises présentes dans le secteur de l’électricité et le gouvernement.
Hydro-Québec a l’intention de collaborer étroitement et d’innover dans ses démarches avec les entreprises pour garantir la disponibilité des ressources nécessaires tout en favorisant la flexibilité et la capacité de production requises. Nous tentons également d’offrir de la prévisibilité à nos fournisseurs ainsi qu’aux entreprises qui composent notre chaîne d’approvisionnement.
Hydro-Québec est le principal donneur d’ordres dans ce vaste chantier à venir, même s’il y aura plusieurs gros fournisseurs sous la société d’État. Quelles sont les attentes de base d’Hydro-Québec (flexibilité, constance, volumes suffisants, etc.) à leur endroit ?
Maxime Aucoin: Premièrement, l’un des plus grands défis sera la capacité de produire et de livrer à temps dans un contexte de croissance rapide. La constance et la prévisibilité sont des éléments clés pour garantir que les infrastructures électriques seront déployées selon les calendriers prévus.
La prévisibilité que nous offrons avec le Plan d’action permet aux acteurs des industries de se préparer.
Nous attendons de nos fournisseurs qu’ils développent leur capacité, forment de la main-d’œuvre et augmentent leur efficience afin de favoriser une saine concurrence dans l’industrie tout en maintenant des standards de qualité et de santé et sécurité élevés.
Deuxièmement, qu’ils soient agiles pour répondre rapidement à des volumes importants et variables, dans un contexte d’accélération de la transition énergétique.
Nous déployons de plus en plus de démarches collaboratives avec nos fournisseurs afin de les impliquer davantage dès la conception, puis dans la réalisation des projets. Nous croyons pouvoir en tirer des bénéfices tant sur le plan financier que sur le plan du respect des échéanciers et de la gestion de nos risques.
Les PME ont besoin d’information pour mieux comprendre et anticiper les besoins d’approvisionnement d’Hydro-Québec dans son plan d’action 2035. Prévoyez-vous donner des séances d’information/préparation pour aider un maximum d’entreprises québécoises à pouvoir répondre à vos appels d’offres ?
Maxime Aucoin: Hydro-Québec met en place des séances d’information pour aider ces entreprises à mieux comprendre et à anticiper les besoins d’approvisionnement d’Hydro-Québec dans son plan d’action 2035.
D’ailleurs, nous travaillons avec l’industrie et les associations pour faire connaître la façon de faire affaire avec Hydro-Québec.
Hydro-Québec détaille également sur son site web le processus pour devenir fournisseur et pour mieux connaître notre contexte et nos façons de s’approvisionner.
Tous les grands projets d’infrastructures et d’investissements en capital comportent des risques dans l’exécution. Quels sont les principaux risques d’Hydro-Québec dans l’exécution de son plan d’action 2035 et comment fera-t-elle pour les réduire ?
Maxime Aucoin: Les projets d’infrastructures de cette ampleur comportent toujours des risques qui peuvent avoir des répercussions sur la livraison des projets.
En ce qui concerne l’approvisionnement, les principaux risques concernent la rupture de la chaîne d’approvisionnement, la disponibilité de la main-d’œuvre et la sécurisation des équipements en quantité suffisante et juste à temps pour la réalisation de tous nos projets.
Pour pallier ces risques, Hydro-Québec améliore en continu ses procédures et processus, met en place des stratégies d’approvisionnement globales et à long terme. Elle a aussi mis en place des stratégies rigoureuses de gestion des risques et de gestion de la performance des fournisseurs.
Celles-ci incluent une planification détaillée des projets pour atténuer les conséquences potentielles des imprévus, ainsi qu’une stratégie prudente de financement étant donné l’importance de nos investissements à venir.
Les lois en matière environnementale évoluent également très vite. Hydro-Québec souhaite anticiper ces évolutions en s’assurant de faire affaire avec des fournisseurs responsables dès aujourd’hui.