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Hydro-Québec veut hausser les tarifs industriels de 3,3%

François Normand|Mis à jour le 01 août 2024

Hydro-Québec veut hausser les tarifs industriels de 3,3%

(Photo: Ryan Remiorz La Presse Canadienne)

Hydro-Québec demande à la Régie de l’énergie de lui accorder une hausse de tarifs de 3,3% à compter du 1er avril 2025 pour les clients industriels. Ceux des particuliers sont toujours plafonnés à 3%, comme l’a décrété le gouvernement du Québec jusqu’à la fin de son mandat.    

La société d’État en a fait l’annonce ce jeudi matin, lors du dépôt de sa nouvelle demande tarifaire auprès du tribunal administratif.

La Régie examinera cette demande lors d’audiences publiques qui se dérouleront entre les mois de septembre et décembre. L’organisme rendra sa décision au plus tard au mois de mars, et ce, pour une entrée en vigueur des nouveaux tarifs dès le 1er avril 2025.

Dans un communiqué, Hydro-Québec affirme que ces hausses de tarifs «sont le résultat de la pression inflationniste des dernières années et sont les mêmes que celles de 2024 pour la clientèle résidentielle et les grands clients industriels».

La clientèle commerciale devra assumer une hausse de tarifs de 3,9%, mais elle est inférieure à celle de 5,1% accordée en 2024, souligne la société d’État.

Pour les particuliers, l’effet par mois de l’ajustement tarifaire de 3% correspondrait à 2,40$ pour un logement, à 4,50$ pour une petite maison, à 6,00$ pour une maison de taille moyenne et à 7,40$ pour une grande maison.

Actuellement, le tarif industriel L au Québec s’établit, en moyenne, à 5,6¢/kWh, selon les données d’Hydro-Québec.

Si la Régie de l’énergie autorise une hausse de 3,3% en 2025 (soit la même hausse qu’en 2024), le tarif industriel passerait donc à 5,8¢/kWh.

Joint par Les Affaires, Jocelyn B. Allard, PDG de l’Association québécoise des consommateurs industriels d’électricité (AQCIÉ), a déclaré qu’il s’explique mal pourquoi Hydro-Québec a encore besoin d’augmenter les tarifs industriels de 3,3% en 2025.

«Depuis deux ans, les tarifs des grands industriels ont déjà augmenté d’environ 8%», dit-il, en précisant qu’il voit deux objections à une nouvelle hausse de tarifs de 3,3% en 2025.

Premièrement, la portion industrielle du tarif du «bloc d’électricité patrimoniale» — l’énergie des centrales hydroélectriques construites au Québec au 20e siècle, dont plusieurs sont déjà amorties ou payées — n’est pas assujettie à l’inflation.

Cette portion le sera uniquement à compter du 1er avril 2026, et non pas le 1er avril 2025.

Deuxièmement, Hydro-Québec n’a pas encore réalisé d’importantes dépenses en capital pour son plan d’action 2035, qui prévoit des investissements de 155 à 185 milliards de dollars sur dix ans.

La société d’État n’a donc pas encore besoin de nouveaux revenus pour réaliser un rendement sur ses investissements.

Nouvelles options pour les consommateurs

Hydro-Québec a profité du dépôt de sa nouvelle demande tarifaire pour annoncer qu’elle triplera son budget en efficacité énergétique.

Ainsi, il passera de 150 millions de dollars (M$) en 2022 à 500M$ en 2025 afin d’encourager notamment l’installation de thermopompes efficaces.

La société d’État lancera aussi un tarif incitatif volontaire qui permettra de réaliser des économies allant jusqu’à 350$ par année pour les clients et clientes qui déplaceront leur consommation, par exemple, en rechargeant leur véhicule électrique durant la nuit.

Hydro-Québec facilitera aussi l’autoproduction — notamment avec des panneaux solaires — pour l’ensemble de la clientèle, et ce, en raison du fait que la capacité maximale d’autoproduction passera de 50 à 1 000 kilowatts (kW).

De plus, à partir de 2026, Hydro-Québec offrira une subvention pour acheter des panneaux solaires.

Enfin, la société d’État veut créer un nouveau tarif pour les consommateurs résidentiels et industriels qui surconsomment l’électricité. Ce tarif entrera en vigueur le 1er avril 2027, si du reste la Régie de l’énergie l’autorise.

Il s’agit d’un tarif d’environ 3% qui s’ajouterait à la hausse annuelle des gros consommateurs d’électricité. Par exemple, si leur hausse annuelle régulière s’établit à 3%, il devrait alors assumer une hausse de 6%.

Hydro-Québec offrira des subventions pour aider ces consommateurs à réduire leur consommation d’énergie, aussi bien dans le secteur résidentiel qu’industriel.

L’AQCÉI dénonce cette mesure qu’elle assimile à une nouvelle «intrusion bureaucratique» dans la gestion des opérations des industriels.

«Est-ce qu’Hydro-Québec est en accord avec les orientations du gouvernement du Québec qui veut de plus en plus réduire la lourdeur administrative afin de créer davantage de richesse?», s’interroge Jocelyn Allard.