La minière canadienne Osisko avalée par un géant sud-africain
Initiative de journalisme local|Publié le 13 août 2024La transaction estimée à 2,16 milliards de dollars permet à l’entreprise sud-africaine de mettre la main sur la totalité du gisement Windfall, situé à la frontière de l’Abitibi et du Nord-du-Québec. (Photo: courtoisie)
Le géant de l’or Gold Fields avale la minière canadienne Osisko. La transaction estimée à 2,16 milliards de dollars permet à l’entreprise sud-africaine de mettre la main sur la totalité du gisement Windfall, situé à la frontière de l’Abitibi et du Nord-du-Québec.
Gold Fields détenait depuis l’an dernier 50% de ce gisement présent sur le territoire de la Première Nation crie de Waswanipi. Si les actionnaires d’Osisko approuvent la transaction, cette acquisition parachèvera la mainmise de l’entreprise sur ces veines d’or qui recèlent un potentiel de revenu brut de 6,2 milliards de dollars canadiens.
«D’un point de vue québécois, c’est une bonne nouvelle», lance en entrevue avec Le Devoir le président de la minière Osisko, Mathieu Savard. «On assiste à la venue de capitaux étrangers qui arrivent au Québec par la grande porte. Ils ont encore à investir 1,1 milliard pour bâtir [la mine]. Ils vont aussi utiliser l’expertise québécoise. […] La ressource ne bouge pas, et les personnes qui vont la travailler non plus.»
Osisko n’avait pas encore commencé l’exploitation de Windfall, mais estimait pouvoir extraire environ 306 000 onces (8,67 tonnes) d’or par année durant au moins une décennie, selon une étude de faisabilité datée de 2022. Au total, au moins 3,3 millions d’onces (93,5 tonnes) d’or se trouveraient disséminées sur ce site de 125 kilomètres carrés.
L’exploitation devrait débuter vers la fin de 2026, estime Mathieu Savard, et se prolonger bien au-delà de la décennie prévue dans l’étude initiale. «D’une année à l’autre, bon an mal an, les ressources sont renouvelées, et on voit souvent des durées de vie de projet qui doublent ou triplent avec le temps.»
L’or au sommet
Cet achat survient alors que le prix de l’or atteint des sommets. L’once (28,3 g) d’or s’échange actuellement pour près de 3400 dollars canadiens, tandis que sa valeur oscillait plutôt autour de 2500$ depuis trois ou quatre ans.
«En l’espace de neuf ans, nous avons transformé Windfall en l’un des projets de développement d’or les plus grands et de la plus grande qualité à l’échelle mondiale», s’est vanté par écrit le chef de la direction d’Osisko, John Burzynski. «[Les équipes de Gold Fields] sont tout à fait aptes à faire entrer Windfall dans la phase de production, et nous leur souhaitons le meilleur pour la suite.»
L’offre de Gold Fields de racheter Osisko au prix de 4,90$ par action équivaut à une prime d’environ 55% par rapport à la valeur courante de la minière canadienne sur les marchés. Il s’agit d’un «premium» de 66% par rapport au prix de l’action à la fermeture de la Bourse de Toronto vendredi dernier.
La transaction n’est toutefois pas encore conclue et doit d’abord être approuvée par les actionnaires d’Osisko, ce qui semble cependant une formalité, puisque le conseil d’administration de l’entreprise recommande son approbation.
En achetant la minière Osisko, Gold Fields se porte acquéreur de deux autres gisements d’or potentiels dans le secteur de Lebel-sur-Quévillon. Ces projets n’en sont toutefois qu’à la phase d’exploration.
Gold Fields est basée à Johannesburg et exploite déjà neuf mines en Australie, en Afrique du Sud, au Ghana et en Amérique du Sud. L’entreprise a tendance à s’installer à long terme dans les pays où elle met les pieds. L’achat de la minière Osisko marque d’ailleurs son entrée en bonne et due forme en sol canadien. «On a choisi Montréal et Windfall pour s’établir en Amérique du Nord. C’est une forme de déclaration», soulève Mathieu Savard.
Ce reportage bénéficie du soutien de l’Initiative de journalisme local, financée par le gouvernement du Canada.
Par Jean-Louis Bordeleau, Initiative de journalisme local, Le Devoir