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Le 24e Congrès mondial du pétrole débute à Calgary

La Presse Canadienne|Publié le 18 septembre 2023

Le 24e Congrès mondial du pétrole débute à Calgary

Le Congrès mondial du pétrole est dirigé par la WPC Énergie, une organisation qui regroupe près de 65 pays membres du monde entier, dont des pays membres de l’OPEP et des pays non membres de l’OPEP. (Photo: La Presse Canadienne)

Calgary — Les dirigeants de certaines des plus grandes sociétés de combustibles fossiles au monde se réunissent cette semaine au Canada, unis dans leur position voulant que le «pic pétrolier» ne soit pas à la veille de les mettre en faillite.

Alors que le cours de référence du baril de pétrole brut West Texas Intermediate dépasse le seuil des 90$ US — son plus haut niveau depuis novembre l’an dernier —, des dirigeants et des représentants gouvernementaux du monde entier se réunissent à Calgary pour le 24e Congrès mondial du pétrole.

L’événement est l’une des plus grandes conférences sur le pétrole et le gaz naturel au monde et il n’a pas eu lieu au Canada depuis 2000.

L’industrie subit aujourd’hui une pression bien plus grande qu’à l’époque pour assumer son rôle dans l’alimentation du changement climatique — l’été 2022 a été le plus chaud jamais enregistré, selon les climatologues, et il a été marqué par des incendies de forêt et des inondations dans le monde entier. Malgré tout, les dirigeants du secteur pétrolier et gazier restent optimistes quant à l’avenir de leur industrie.

«Aujourd’hui, si vous me le demandez (…) je verrais (une production mondiale de pétrole) d’environ 110 millions de barils par jour en 2050», a affirmé lundi Amin Nasser, le chef de la direction de Saudi Aramco, la plus grande compagnie pétrolière au monde, lors d’une table ronde lors de la conférence.

«Elle est en croissance, pas en déclin.»

Les commentaires de M. Nasser surviennent juste une semaine après que l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a prédit que la demande mondiale de pétrole devrait atteindre 101,8 millions de barils par jour d’ici la fin de 2023, alimentée par la résurgence de la demande chinoise.

Ceci — combiné à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a perturbé les marchés énergétiques du monde entier — contribue à maintenir les prix des combustibles fossiles à un niveau élevé. En outre, l’Arabie saoudite et la Russie ont récemment convenu de prolonger leurs réductions volontaires de production pétrolière jusqu’à la fin de cette année, ce qui a conduit à ce que l’AIE appelle un «déficit substantiel du marché».

Mais l’AIE prédit également que la demande de pétrole et de gaz atteindra son maximum en 2030, à mesure que la transition vers les véhicules électriques s’accélérera et que les pays intensifieront leurs efforts pour limiter le réchauffement climatique attribuable aux combustibles fossiles à 1,5 degré Celsius.

Lundi, M. Nasser a fait valoir que les projections du «pic pétrolier» étaient fondées sur des «attentes irréalistes».

Il a averti que surestimer la rapidité avec laquelle le monde peut passer à une énergie plus propre met en danger le bien-être de nombreuses personnes, en particulier dans les pays en développement où des solutions coûteuses ne sont pas réalisables.

«Il est important de disposer d’un calendrier réaliste pour réaliser toutes ces choses», a affirmé M. Nasser.

«Au sortir de la crise de la Covid, les gens pensaient que les (énergies) alternatives permettraient de répondre à l’augmentation de la demande. Ce n’est pas le cas. Les prix ont augmenté de manière significative et ont eu un impact sur le monde entier.»

Aide gouvernementale nécessaire

Le thème du congrès de cette année est la transition énergétique, et les entreprises du monde entier profitent de la conférence pour souligner ce qu’elles font pour réduire leurs émissions.

Le captage, le stockage et l’utilisation du dioxyde de carbone (CSUC), en particulier, constituent une priorité majeure. Au Canada, l’Alliance nouvelles voies — un consortium regroupant les principales sociétés d’exploitation des sables bitumineux du pays — a proposé de construire un énorme réseau de captage et de stockage du carbone dans le nord de l’Alberta, au coût de 16,5 milliards de dollars.

M. Nasser a affirmé que le CSUC, qui capte les émissions de carbone nocives de l’industrie lourde et les stocke en toute sécurité sous terre, serait essentiel pour amener le monde à carboneutralité d’ici 2050.

Mais Darren Woods, chef de la direction du géant pétrolier américain Exxon Mobil, a affirmé que le secteur des combustibles fossiles continuerait à avoir besoin du soutien du gouvernement pour l’aider à faire avancer les choses — que ce soit sous la forme d’incitations financières pour le développement technologique, le développement de marchés du carbone ou de mesures réglementaires pour accélérer les projets de construction.

«Je pense que les gens sous-estiment la taille du système énergétique mondial et le défi de passer de ce que nous avons aujourd’hui à un nouveau système énergétique», a affirmé lundi M. Woods à Calgary.

«Nous ne disposons pas aujourd’hui de la technologie nécessaire pour résoudre ce problème de manière abordable.»

M. Woods a assuré qu’Exxon continuerait à investir dans la décarbonation et a ajouté que le coût de solutions telles que le CSUC diminuerait avec le temps.

En attendant, il a indiqué que son entreprise et d’autres continueraient à fournir aux clients les produits à base de combustibles fossiles nécessaires pour répondre à la demande.

«Il semble y avoir un vœu pieux selon lequel nous allons appuyer sur un bouton aujourd’hui et nous retrouver là où nous devons être demain», a affirmé M. Woods.

Il a ajouté qu’il pensait que la transition énergétique serait suffisamment progressive pour que les compagnies pétrolières ne risquent pas de voir le sol se dérober sous leurs pieds.

«La nature de la situation est telle que vous verrez ce (pic pétrolier) arriver, bien avant qu’il n’ait un impact négatif sur une compagnie pétrolière.»