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Le Congrès demande à Trump de réduire les prix du bois d’oeuvre

François Normand|Publié le 28 octobre 2020

Une coalition de 99 élus ne fait pas allusion au conflit du bois d'oeuvre, mais c'est «l'éléphant dans la pièce».

Près de 100 élus de la Chambre des représentants demandent à Donald Trump de trouver une solution pour diminuer l’explosion des prix du bois d’œuvre qui risque de miner la reprise économique. Et même s’ils ne font pas directement allusion au conflit du bois d’œuvre avec le Canada, les tarifs douaniers sont l’enjeu sous-jacent qu’ils soulèvent dans une lettre qu’ils ont récemment envoyée au président américain.

Depuis deux ans, Washington impose une taxe de 20% sur les importations de bois d’œuvre canadien (refilée aux consommateurs), qui représentent le tiers des approvisionnements américains. Les États-Unis imposent ces tarifs à la suite d’une plainte déposée en novembre 2016 par la U.S. Lumber Coalition à l’endroit de l’industrie canadienne, l’accusant d’être subventionnée.

Or, dans une décision rendue le 24 août, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) —le chien de garde des règles du commerce international— a conclu que l’imposition de ces tarifs sur les importations canadiennes «ne repose sur aucune base motivée et adéquate». Le présent conflit du bois d’œuvre entre le Canada et les États-Unis est le cinquième depuis 1982.

Dans cette lettre envoyée au président Trump le 20 octobre dont Les Affaires a obtenu copie, 99 membres de la Chambre des représentants affirment que la reprise observée dans le secteur de la construction aux États-Unis est à risque, car les constructeurs ont vu «une augmentation spectaculaire du coût des matériaux, en particulier du bois d’œuvre,» depuis le début de la pandémie de la COVID-19.

Cette démarche auprès de la Maison-Blanche est bipartisane : 64 des 99 signataires sont des élus républicains, alors que les démocrates contrôlent la Chambre des représentants, qui regroupe 435 élus.

Aucun des 100 membres du Sénat n’a signé la lettre.

Comme le prix du bois d’œuvre est déterminé par le jeu de l’offre et de la demande aux États-Unis, la taxe de 20% sur les importations canadiennes n’explique pas la flambée des prix depuis le début de la pandémie.

Cela dit, dans le contexte actuel, la seule façon de réduire rapidement et substantiellement les prix serait d’éliminer cette taxe, estiment des observateurs aux États-Unis.

 

L’éléphant dans la pièce

Pour autant, les 99 congressistes ne mentionnent pas la taxe de 20% sur les importations canadiennes dans leur lettre. Par contre, c’est «l’éléphant dans la pièce», affirme une source nord-américaine, bien au fait des tractations à Washington entourant le conflit du bois d’œuvre.

Cette source souligne que les 99 membres de la Chambre des représentants citent la National Association of Home Builders (NAHB).

Or, historiquement, cette association s’est toujours opposée aux tarifs imposés sur les importations canadiennes de bois d’œuvre à la demande de la U.S. Lumber Coalition, car ils font augmenter le prix des maisons aux États-Unis.

 

(Source: Congrès des États-Unis)

«La lettre est le reflet d’une forte opposition du Congrès contre la Coalition», souligne la source, en précisant qu’il est possible que la NAHB ait été consultée dans cette démarche.

Du reste, à l’approche de l’élection du 3 novembre, cet enjeu est très politisé.

Le 3 novembre, les 435 sièges de la Chambre des représentants seront en jeu —les membres de cette chambre sont élus chaque deux ans.

Or, les représentants des États où la U.S. Lumber Coalition est la plus forte —dans lesquels plusieurs entreprises ont signé la pétition en 2016 pour demander au département du Commerce d’imposer des tarifs douaniers contre le Canada— sont soit absents ou peu représentés dans cette liste de 99 signataires.