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Le risque de mauvaises récoltes simultanées serait sous-estimé

AFP|Publié le 04 juillet 2023

Le risque de mauvaises récoltes simultanées serait sous-estimé

Source majeure d’émissions de gaz à effet de serre, la production alimentaire contribue au réchauffement de la planète et est très exposée en retour à ses conséquences. (Photo: 123RF)

Les risques de mauvaises récoltes dans plusieurs greniers à blé du monde à cause du changement climatique sont sous-estimés, affirme une étude publiée mardi qui tire la «sonnette d’alarme» sur la menace de déstabilisation du système alimentaire mondial.

La probabilité que plusieurs grandes régions productrices de denrées alimentaires soient simultanément victimes de mauvaises récoltes ou de faibles rendements à cause du changement climatique est plus forte qu’auparavant, conclut cette étude publiée dans Nature Communications par des chercheurs basés aux États-Unis et en Allemagne.

Cette concomitance pourrait entraîner une flambée des prix, de l’insécurité alimentaire et même des troubles civils, souligne l’auteur principal de l’étude, Kai Kornhuber, chercheur à l’université Columbia, joint par l’AFP. Il prend pour exemple l’année 2010: des chaleurs extrêmes en Russie ainsi que des inondations dévastatrices au Pakistan avaient nui aux récoltes, avec des répercussions mondiales significatives.

Source majeure d’émissions de gaz à effet de serre, la production alimentaire contribue au réchauffement de la planète et est très exposée en retour à ses conséquences.

L’étude s’est penchée sur les données météorologiques et sur les modèles climatiques entre 1960 et 2014, puis sur les projections pour la période de 2045 à 2099.

Les chercheurs ont tout d’abord examiné les conséquences du «jet stream» ou courant-jet — les courants d’altitudes qui déterminent les conditions météorologiques — sur les plus importantes régions productrices de céréales au monde.

Ils ont constaté qu’un «fort mouvement de méandres» du courant-jet a des répercussions particulièrement importantes sur les principales régions agricoles d’Amérique du Nord, d’Europe de l’Est et d’Asie de l’Est, avec une réduction des récoltes pouvant aller jusqu’à 7%.

Ce phénomène de fluctuations du courant-jet avait joué un rôle en 2010.

L’étude révèle aussi que les modèles informatiques actuels sont certes efficaces pour reproduire le mouvement atmosphérique du courant-jet, mais qu’ils sous-estiment l’ampleur des phénomènes extrêmes qui en résultent.

Pour Kai Kornhuber, cette étude devrait constituer «un signal d’alarme sur nos incertitudes» concernant l’impact du changement climatique sur le secteur alimentaire. «Nous devons nous préparer à ces types de risques climatiques complexes à l’avenir et les modèles actuels ne semblent pas en tenir compte», a-t-il résumé.