Immeubles en copropriété, tours d'habitations locatives, bâtiments commerciaux, immeubles de bureaux, centres ...
Immeubles en copropriété, tours d’habitations locatives, bâtiments commerciaux, immeubles de bureaux, centres sportifs : l’utilisation du bois s’impose de plus en plus dans les projets de construction de bâtiments en hauteur qui ne cessent de se multiplier un peu partout au Québec.
« Il y a un plus grand engouement pour le bois, on le voit bien », constate Gérald Beaulieu, directeur du Centre d’expertise sur la construction commerciale en bois (Cecobois), qui vise justement à faciliter l’usage accru du bois dans la construction multifamiliale et non résidentielle au Québec.
Chantiers Chibougamau et sa société soeur Nordic Structures témoignent de cette montée en puissance du bois dans la construction. L’entreprise a en effet participé à quelque 2 400 projets en bois massif depuis une dizaine d’années, dont le complexe résidentiel Arbora de huit étages actuellement en construction dans le quartier montréalais Griffintown ou encore l’immeuble de bureaux de six étages Synergia, construit en bordure de l’autoroute 20, à Saint-Hyacinthe.
« Le téléphone n’arrête pas de sonner. Il y a un intérêt grandissant de la part de promoteurs et de constructeurs immobiliers, au Québec, mais surtout aux États-Unis », souligne Frédéric Verreault, directeur exécutif, développement corporatif de Chantiers Chibougamau.
D’hier à aujourd’hui
L’utilisation du bois dans la construction d’immeubles en hauteur ne date pourtant pas d’hier. Entre 1850 et 1940, de nombreux immeubles en bois dont la hauteur atteignait souvent six à neuf étages ont été érigés dans les grandes villes partout au pays. En 1941, en raison de nombreux cas de propagation rapide d’incendies, l’entrée en vigueur du Code national du bâtiment mettra fin à cette pratique.
Il aura fallu attendre quelque 70 ans avant que le bois retrouve ses lettres de noblesse. En 2008, dans son livre vert intitulé La forêt, pour construire le Québec de demain, le gouvernement jetait les premiers jalons de l’utilisation du bois dans la construction non résidentielle et multifamiliale. À l’époque, les marchés de la construction résidentielle s’effondraient, particulièrement aux États-Unis, et le gouvernement souhaitait ainsi relancer une industrie forestière en crise. Cinq ans plus tard, en publiant une Charte du bois, le gouvernement franchissait une étape additionnelle pour en faciliter l’utilisation.
Ces deux initiatives « ont envoyé à l’industrie un message fort et clair que le bois avait aussi sa place dans la construction » indique Gérald Beaulieu. L’entreprise Chantiers Chibougamau, dont les produits du bois étaient principalement destinés à la charpente de maisons neuves aux États-Unis, en a d’ailleurs profité pour diversifier ses activités en investissant massivement dans l’ajout d’équipements et le développement de nouveaux produits.
D’autant que l’entreprise avait participé en 2009 à une mission exploratoire en Europe « qui nous a ouvert encore plus grands les yeux sur le potentiel de développement du bois dans la construction non résidentielle et en hauteur », se rappelle Frédéric Verreault. Un an plus tard, sa participation à la construction de l’Édifice Fondaction de six étages, à Québec, devait lui paver la voie pour d’autres projets de bâtiments en hauteur.
Des règles et des innovations favorables
En cours de route, les changements dans la réglementation ont aussi favorisé l’utilisation de charpentes de bois dans la construction de grands bâtiments. Avant 2008, le Code de construction du Québec limitait son usage à 4 étages, tandis que la hauteur permise est passée depuis à 6 puis à 12 étages.
Les technologies de construction rendent aussi possible la construction de grands immeubles en bois. L’émergence, entre autres, du bois lamellé-croisé (CLT pour cross laminated timber), développé en Europe dans les années 1990, a ouvert de nouvelles perspectives à l’industrie de la construction. Constitué d’une multitude de couches de planches de bois d’oeuvre empilées perpendiculairement et reliées entre elles, le CLT offre notamment « de fortes résistances structurales qui permettent aujourd’hui la construction de bâtiments multiétagés de plus de 4 étages sans problème », explique Stéphane Renou, président et chef de la direction du centre de recherche spécialisé en foresterie FP Innovations, dont les recherches contribuent d’ailleurs à l’utilisation accrue du bois dans les bâtiments en hauteur.
Malgré les avancées, l’utilisation du bois dans les bâtiments en hauteur au Québec demeure encore marginale. Les proportions combinées du béton et de l’acier dans la construction de bâtiments de 5 étages ou plus avoisinent encore les 90 %. La bonne nouvelle, c’est que « le potentiel de développement du bois dans ces constructions est immense », fait valoir Gérald Beaulieu.
Conscient également que les parts de marché du bois sont encore très faibles au Québec, Nordic Structures y voit aussi des débouchés importants. Cependant, l’entreprise mise principalement sur les États-Unis où elle devrait réaliser les trois quarts de ses projets en 2019. Selon Frédéric Verreault, « aux États-Unis, on ne se pose plus la question pour savoir si on va construire en béton, en acier ou en bois. Les clients veulent de plus en plus de bois et nous demandent ce qu’on peut leur offrir. Au Québec, au contraire, beaucoup d’infrastructures sont encore érigées sans même que le bois soit envisagé. Il y a beaucoup d’éducation à faire ».