L'OPEP+, qui a été créée en 2016, compte pour environ la moitié de la production mondiale. (Photo: 123RF)
Après un report de la décision pour cause de désaccord, plusieurs membres de l’OPEP+ ont annoncé jeudi de nouvelles coupes de production de pétrole pour 2024, avec un objectif: enrayer la récente chute des cours.
Une nouvelle fois, les efforts sont essentiellement supportés par les deux piliers de l’alliance des pays exportateurs d’or noir, l’Arabie saoudite et la Russie.
À l’issue d’une réunion des ministres du groupe, Ryad a annoncé l’extension de sa mesure de réduction d’un million de barils par jour (bpj) jusqu’à «la fin du premier trimestre 2024».
Moscou va abaisser sur la même période ses exportations de brut et de produits pétroliers de 500 000 barils quotidiens.
Parmi les 23 membres, d’autres pays, comme les Émirats arabes unis, l’Irak, le Koweït, le Kazakhstan, l’Algérie ou Oman vont également procéder à des diminutions de moindre ampleur, a précisé l’alliance dans un communiqué.
Les marchés ont réagi avec déception devant l’absence d’accord collectif de l’OPEP+, le WTI américain fléchissant temporairement de 3%.
«Il s’agit d’une victoire au goût amer pour les Saoudiens » qui n’ont pu convaincre que sept membres», estime Jorge Leon, analyste chez Rystad Energy.
Réticences africaines
Initialement prévue dimanche à Vienne, la réunion avait été repoussée sur fond de discorde.
L’Arabie saoudite, désireuse de partager le fardeau, s’est en effet heurtée aux réticences des pays africains.
Parmi les réfractaires, l’Angola et le Nigeria voulaient « augmenter leurs quotas » afin d’accroître leur manne pétrolière, source de précieuses devises étrangères, d’après une source proche des discussions.
Ces deux pays n’ont pas digéré les conclusions de la réunion de juin, qui actaient une baisse de leurs objectifs de production, après des années de sous-investissement.
Les différends n’ont pas été complètement réglés, Luanda rejetant son nouveau volume de production attribué par le groupe, a rapporté l’agence Bloomberg.
Après les coupes claires de la pandémie, l’alliance avait rouvert les vannes en janvier 2021 avant de les resserrer de nouveau fin 2022 sur fond d’incertitude économique.
Elle garde actuellement sous terre environ 5 millions de barils par jour, jouant sur la raréfaction de l’offre pour tenter de faire remonter les cours.
Au total, les réductions supplémentaires annoncées ce jeudi s’élèvent à près de 900 000 barils par jour.
Le Brésil convié
Mais cette stratégie peine à porter ses fruits.
Les deux références du brut ont dévissé au cours des semaines passées, tout en restant au-dessus de la moyenne des cinq dernières années.
Les prix évoluent désormais autour de la barre symbolique des 80 dollars américains le baril, après une éphémère envolée du Brent à près de 100 dollars américains fin septembre et loin des 140 dollars américains atteints à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine.
La demande apparaît fragile, entre préoccupations autour de l’économie de la Chine, premier importateur de brut au monde dont la reprise post-COVID-19 s’avère beaucoup plus poussive que prévu, et signaux mitigés venant de l’Europe et des États-Unis.
Côté offre, la production de brut des États-Unis et du Brésil a atteint des niveaux records, provoquant un changement des rapports de force.
L’OPEP+, qui compte pour environ la moitié de la production mondiale, «n’a plus la mainmise sur le marché qu’elle avait autrefois», souligne Neil Wilson, analyste chez Finalto.
L’alliance, née en 2016 en réaction aux défis posés par la concurrence américaine, espère toutefois être rejointe par le Brésil dès janvier 2024.
«C’est un moment historique pour le Brésil, qui ouvre un nouveau chapitre du dialogue et de la coopération internationale sur l’énergie», a salué le ministre Alexandre Silveira, présent à la réunion.
Mais le ministère de l’Énergie a tempéré cette annonce, précisant dans un communiqué transmis à l’AFP qu’il «analysait la question».