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Northvolt: des saboteurs plantent des clous dans des arbres

La Presse Canadienne|Publié le 23 janvier 2024

Northvolt: des saboteurs plantent des clous dans des arbres

Une vue aérienne du chantier de construction de la nouvelle usine de batteries pour véhicules électriques Northvolt, à Saint-Basile-le-Grand. (Photo: La Presse Canadienne/Christinne Muschi)

Des actes de sabotage ont été commis sur le site de la future usine de batteries de Northvolt en Montérégie, alors que des individus ont planté des clous dans des arbres que l’entreprise suédoise compte abattre.

Dans un échange de courriels avec La Presse Canadienne, la porte-parole de Northvolt, Emmanuelle Rouillard-Moreau, a indiqué que «des individus sont entrés sur le site afin d’insérer des clous et/ou barres à clous dans une centaine d’arbres» dans la nuit de lundi à mardi.

Northvolt a déploré «l’utilisation de ce type de tactiques qui comporte des risques importants pour la sécurité des travailleurs et les communautés avoisinantes, tout en rendant la valorisation des arbres impossible».

Les auteurs anonymes de ce sabotage ont publié une revendication sur le site Montréal Contre-information, un site «qui aspire à fournir aux anarchistes de Montréal un espace pour diffuser leurs idées et leurs actions à travers des réseaux et tendances qui se recoupent».

Les saboteurs appellent «à une mobilisation large contre le projet destructeur que constitue la méga-usine de Northvolt» et demandent à «s’en prendre à cette machine à broyer le vivant en visant ses points faibles».

Insérer des clous dans les arbres permet, selon eux, de saboter l’équipement et de rendre la déforestation plus coûteuse et dangereuse, car «si une tronçonneuse heurte un clou, celui-ci va abîmer ou briser la chaîne», et ainsi ralentir les activités de Northvolt.

«Sabotons l’équipement, bloquons les chantiers et harcelons les élus à la solde de l’industrie», peut-on lire dans le communiqué.

Gestes inacceptables

Ces gestes «sont tout à fait inacceptables», a réagi en après-midi le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne.

«Dans une société libre et démocratique, les gens ont le droit de s’exprimer», mais «si les gens ont des objections à faire valoir, il y a d’autres façons de faire ça», a-t-il indiqué en marge d’une conférence de presse.

Comme il l’avait fait la veille, il a répété que l’entreprise suédoise était «soucieuse de l’environnement» et «soucieuse de travailler avec la communauté».

Il a qualifié l’arrivée de Northvolt au Québec «d’opportunité générationnelle».

«Soyons fiers, comme Québécois et Québécoises, d’avoir su attirer l’une des plus grandes entreprises à venir s’installer chez nous dans un domaine d’avenir, dans le domaine de l’environnement», a indiqué le ministre Champagne.

Audience reportée

Par ailleurs, l’audience concernant la demande d’injonction déposée la semaine dernière contre Northvolt, qui devait avoir lieu mardi au palais de justice de Montréal, a été repoussée à mercredi.

Dans un communiqué publié mardi matin, la multinationale suédoise a indiqué que cette décision a été prise à la suite d’une demande formulée par la Ville de Saint-Basile-le-Grand et d’une entente entre les parties.

L’entreprise a ajouté qu’elle ne commentera pas davantage, «par respect pour le processus judiciaire en cours». Les travaux sur le site de la future usine demeurent suspendus, a-t-elle précisé.

Il s’agit de la deuxième fois que l’audience concernant la demande d’injonction est repoussée.

La procédure s’est amorcée la semaine dernière, mais le juge David R. Collier, de la Cour supérieure du Québec, avait repoussé l’audience prévue vendredi à mardi pour permettre aux parties défenderesses de prendre connaissance du dossier.

La multinationale suédoise a amorcé en début de semaine dernière des travaux d’abattage d’arbres sur le site de sa future usine de batteries à McMasterville et Saint-Basile-le-Grand, en Montérégie.

Ces travaux ont cependant été mis sur pause le temps que la Cour supérieure se penche sur les demandes d’injonctions provisoire et interlocutoire déposées par le Centre québécois du droit de l’environnement et trois citoyennes.

Entre-temps, Northvolt ne pouvait pas procéder «aux travaux d’abattage d’arbres dans les milieux humides et à 500 mètres de ceux-ci» sur le site de la future usine, a statué le juge.

Le Centre québécois du droit de l’environnement et les trois citoyennes font valoir que les travaux de l’usine sont «inquiétants pour la biodiversité» et que le terrain de la multinationale est un «habitat pour de nombreuses espèces animales menacées ou vulnérables».

Une injonction provisoire dure normalement 10 jours, mais le Centre québécois du droit de l’environnement et les trois citoyennes demandent aussi une injonction interlocutoire.

De son côté, l’avocate qui représente Northvolt a affirmé vendredi dernier qu’une injonction provisoire de 10 jours «causerait des préjudices irréparables» à l’entreprise.

«Northvolt souhaite rappeler son engagement à participer à la décarbonation en offrant un modèle durable pour la fabrication de batteries. Nous souhaitons continuer de réaliser cette mission avec et pour les communautés», a souligné l’entreprise dans son communiqué publié mardi.

Le site projeté pour la construction de l’usine de fabrication et de recyclage de batteries est situé sur un terrain de 171 hectares à Saint-Basile-le-Grand et McMasterville.

 

Stéphane Blais, La Presse Canadienne

 

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