Northvolt: «Il faut changer d’attitude au Québec», dit Legault
La Presse Canadienne|Publié le 08 février 2024Québec et Ottawa ont mis 2,75 milliards de dollars (G$) sur la table pour la construction de l’usine, mais les subventions totales atteignent 4,6G$. (Photo: La Presse Canandienne)
Québec — Le premier ministre François Legault a pris la défense jeudi du promoteur de l’usine de batteries Northvolt contre la fronde que suscite ce mégaprojet.
En mêlée de presse, il a appelé les Québécois à changer d’attitude sur le développement économique.
Son ministre de l’Environnement, Benoit Charette, s’est pourtant dit confiant le même jour que le projet allait se réaliser comme prévu.
Le projet Northvolt, le plus important investissement industriel privé de l’histoire du Québec, se construira notamment sur des milieux naturels en Montérégie et il est en train de fédérer tous les groupes environnementaux contre lui.
M. Legault a dit avoir eu des discussions avec certains représentants d’entreprises qui ne «comprennent pas» l’opposition aux grands projets économiques.
«Quand je regarde certaines personnes critiquer sans nuances les projets de développement économique au Québec, ça me rend triste», a-t-il commenté au parlement.
«Aujourd’hui, là, avec ce genre d’attitude, on ne serait pas capable de faire [le complexe hydroélectrique de] la Baie-James que les gouvernements précédents ont fait. Donc, si on écoutait ces gens-là, il n’y a rien qui changerait. Donc, il faut vraiment changer d’attitude au Québec.»
Selon lui, les gens «ne comprennent pas» que ce genre de grand projet industriel rapporte notamment des revenus au Trésor québécois pour payer des services à la population.
Et en outre, Northvolt permet au Québec de s’affranchir de sa dépendance aux énergies fossiles avec des batteries de véhicules électriques qui seront alimentées grâce à Hydro-Québec.
«Ça veut dire quoi, avoir des véhicules électriques? Ça veut dire d’abord que les pièces vont venir du Québec. Deuxièmement, au lieu de mettre du pétrole puis d’envoyer notre argent aux pétrolières, bien, on va pouvoir consommer de l’électricité québécoise.»
Son ministre de l’Environnement, Benoit Charette, semblait moins inquiet de la concrétisation du projet Northvolt.
«C’est une entreprise qui a fait ses preuves en Europe, qui veut bien faire les choses, qui collabore bien avec le ministère de l’Environnement, donc très confiant que le projet va aller de l’avant et qu’il sera profitable. […] C’est un projet qui est bien en marche.»
Québec et Ottawa ont mis 2,75 milliards de dollars (G$) sur la table pour la construction de l’usine, mais les subventions totales atteignent 4,6G$.
Les groupes écologistes et sociaux accusent le gouvernement Legault d’avoir notamment assoupli des règles environnementales pour accommoder l’entreprise et de ne pas mettre en place un Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) pour évaluer le projet et ses retombées.
«Le gouvernement Legault a créé lui-même un dangereux précédent en modifiant les règles du BAPE sur les projets tels que Northvolt», a réagi Jacinthe Villeneuve, du Comité Action Citoyenne — Projet Northvolt.
«De ce fait, il impose sa vision de développement au détriment du principe de précaution, de l’environnement et des enjeux sociaux. La mobilisation citoyenne actuelle est le résultat d’un manque de processus transparent et d’un contournement des règles.»
Un règlement a été modifié en février dernier par Québec pour permettre au projet Northvolt d’échapper à un examen du BAPE, selon des informations d’abord relayées par Radio-Canada.
La capacité de production de l’usine serait de 56 000 tonnes métriques, alors que le Règlement relatif à l’évaluation et l’examen des impacts sur l’environnement de certains projets ont été modifiés de façon à éviter une évaluation du BAPE aux usines de batteries qui produisent 60 000 tonnes métriques ou moins.
Le site projeté pour la construction de l’usine de fabrication et de recyclage de batteries est situé sur un terrain de 171 hectares à Saint-Basile-le-Grand et McMasterville.
Patrice Bergeron, La Presse Canadienne
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