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Northvolt: les Forges de Sorel demande à Québec d’être cohérent

François Normand|Mis à jour le 18 septembre 2024

Northvolt: les Forges de Sorel demande à Québec d’être cohérent

Le PDG Louis-Philippe Lapierre-Boire, en nous faisant visiter l’usine de 320 travailleurs, accompagné de Philippe Tremblay, ingénieur de projets. (Photo: François Normand)

Le PDG des Forges de Sorel ne se réjouit pas des déboires de Northvolt, qui veut construire une usine de cellules de batteries à Saint-Basile-le-Grand, en Montérégie. En revanche, Louis-Philippe Lapierre-Boire affirme que Québec doit réallouer de manière cohérente le bloc de 354 mégawatts (MW) d’électricité consenti à la multinationale si son projet prend trop de retard.

Lundi, le Journal de Montréal révélait que Québec pourrait retirer le bloc de 354 MW à Northvolt si son projet prenait trop de temps à démarrer. Selon le gouvernement du Québec, les délais pourraient s’étaler de 12 à 18 mois, du reste si le projet voit le jour étant donné les grandes difficultés financières que connaît l’entreprise suédoise.

«On souhaite que le gouvernement révise les projets qui ont déjà été étudiés au lieu de reprendre tout le processus avec de nouveaux projets», dit le patron de l’usine de 320 travailleurs, qui fabrique des pièces forgées et des lingots d’acier de spécialité vendus dans le monde.

Bref, Louis-Philippe Lapierre-Boire souhaite que Québec analyse une seconde fois les demandes de blocs d’électricité présentées par des industriels qui ont été rejetées au lieu d’évaluer de nouvelles demandes d’entreprises québécoises ou étrangères.

Fondée en 1939, les Forges de Sorel exploite 24 fours, dont trois fonctionnent à l’électricité. Les 21 autres carburent au gaz naturel classique d’origine fossile.

L’entreprise veut convertir à l’électricité ces 21 fours, ce qui nécessiterait 16 mégawatts (MW) d’électricité. C’est un projet évalué à 50 millions de dollars (M$) sur 10 ans, et ce, pour un chiffre d’affaires annuel s’élevant à quelque 150M$.

Les Forges de Sorel ont besoin d’électricité en 2027

Le patron des Forges de Sorel dit ne pas avoir besoin des 16MW d’un coup, mais plutôt de manière graduelle d’ici 2034. «Cela dit, on a besoin de nouveaux mégawatts d’électricité dès 2027», insiste-t-il.

Le 10 novembre, le gouvernent de François Legault a accordé des blocs d’électricité totalisant 956 MW à 11 entreprises, dont 67% de l’énergie est allée à la filière batterie, dont 354 MW à Northvolt.

Les Forges de Sorel ne faisait pas partie de ces entreprises.

En juillet, Québec a accordé un autre bloc d’électricité (de 400 à 500 MW, selon les informations fournies à Les Affaires par l’ex-ministre Pierre Fitzgibbon), en choisissant cette fois la majorité des 11 entreprises à l’extérieur de la filière batterie, à commencer par des producteurs ou des transformateurs de métaux.

Les Forges de Sorel ne faisait toujours pas partie de ces entreprises, qui incluent une entreprise chinoise, Tiandingfeng (TDF) Canada. Cette dernière prévoit installer une usine à Sorel-Tracy et se spécialise en développement et production de matières non tissées (nonwovens en anglais).

Louis-Philippe Lapierre-Boire estime que son entreprise pourrait se retrouver dans une situation difficile si elle ne peut pas mettre la main sur de nouvelles sources d’électricité.

L’entreprise fait partie de la solution à la crise écologique

Il ne s’explique toujours pas pourquoi son entreprise ne s’est pas vu attribuer un bloc d’électricité, puisqu’elle fait «partie de la solution» pour lutter contre les changements climatiques et la crise écologique.

Les Forges de Sorel fonctionne sur un mode d’économie circulaire: 100% de la ferraille fondue dans l’usine pour fabriquer des pièces et des lingots est recyclée.

L’usine n’utilise donc aucun minerai de fer dans son procédé de production, ce qui réduit les émissions de gaz à effet de serre (GES) du Québec en amont, au niveau de l’extraction minière.