Northvolt: manifestation devant les bureaux de Steven Guilbeault
La Presse Canadienne|Mis à jour le 25 juin 2024Une vue aérienne du terrain aménagé par Northvolt à Saint-Basile-le-Grand le jeudi 16 mai 2024. (Photo: La Presse Canadienne)
Des citoyennes ont organisé une manifestation devant les bureaux du ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, mardi matin à Montréal. Elles demandent que le projet d’usine de batteries Northvolt soit soumis à une évaluation environnementale fédérale.
Des militantes des Mères au front et du Comité Action Citoyenne–projet Northvolt se sont présentées devant les bureaux du ministre sur le boulevard De Maisonneuve, au centre-ville de Montréal.
«On exige un processus indépendant d’évaluation des risques pour notre santé, pour l’environnement», a indiqué Isabelle Sénécal en remettant une lettre et un cerf-volant à une employée du bureau de circonscription de Steven Guilbeault.
«On souhaite que ce présent l’aide à voir plus loin que l’horizon d’une élection, plus loin que l’horizon de nos vies à nous, mais vers l’horizon qui va border la vie de nos enfants et de leurs enfants», a ajouté la porte-parole des Mères au front.
L’employée du bureau de circonscription a laissé entendre qu’elle transférait la demande des manifestantes et leur présent au cabinet ministériel de Steven Guilbeault.
Qualité de l’eau et sols contaminés
«La qualité de l’eau, qui concerne la juridiction fédérale», est l’une des inquiétudes du groupe, a expliqué Isabelle Sénécal.
Northvolt, qui compte livrer sa première batterie à l’été 2026, devra notamment obtenir des autorisations fédérales pour la prise et le rejet d’eau dans la rivière Richelieu.
L’eau de cette rivière, où vit le chevalier cuivré, une espèce de poisson menacée, doit servir au refroidissement des équipements de l’entreprise.
«Northvolt va puiser de l’eau pour des procédés de fabrication, si je comprends bien, et pour des procédés de refroidissement. Est-ce qu’il y a des risques que des polluants se retrouvent dans l’eau?», a demandé Isabelle Sénécal.
Son organisation craint également que le déplacement de sols contaminés sur le site en construction pollue la rivière.
Le terrain de Northvolt en Montérégie appartenait autrefois à l’usine d’explosifs Canadian Industries Limited (CIL).
«Est-ce qu’il y a de l’eau de ruissellement qui peut aller dans la rivière malgré les mesures que Northvolt prévoit mettre en place?» s’est interrogée Isabelle Sénécal.
«On veut s’assurer que l’ensemble du projet respecte les lois canadiennes qui servent à protéger l’environnement et protéger la santé des citoyens», a ajouté Ariane Labonté, porte-parole du Comité action citoyenne–Projet Northvolt (CAC) en rappelant que des espèces menacées comme le petit blongios et la tortue-molle à épines ont été répertoriées sur le site de Northvolt.
«Protéger une espèce», a indiqué Ariane Labonté, «sert à protéger l’ensemble de l’écosystème dans lequel elle vit» et «ce n’est pas juste pour protéger une seule espèce».
Sylvie Cantin, également de Mères au front, a déploré que les citoyens soient toujours «informés après coup», par exemple en ce qui concerne la publication d’information sur les autorisations et les permis de l’entreprise Northvolt.
«On n’a pas la formation et l’expérience» pour «juger et comprendre 2000 pages de documents», alors «c’est important que des experts participent pendant les processus d’autorisation et pas seulement après coup», a indiqué Mme Cantin.
«Les évaluations environnementales qui sont faites dans le cadre des demandes d’autorisation sont dévoilées juste une fois que les autorisations sont remises et les informations qui sont données, ce sont des informations trop complexes pour des citoyens qui ne peuvent pas juger si telle modalité, par exemple, peut empêcher des polluants de se déverser», a également dénoncé Isabelle Sénécal.
Northvolt soutient respecter toutes les règles
En après-midi, une porte-parole de Northvolt a réagi à la manifestation citoyenne en indiquant que l’entreprise a «obtenu l’ensemble des permis nécessaires, suite à une démonstration rigoureuse et sérieuse auprès des experts du MELCCFP et des municipalités» et que le «projet respectait la réglementation environnementale en vigueur».
Ces documents, «dont les études qui soutiennent ces autorisations», sont sur le site internet, a souligné Emmanuelle Rouillard-Moreau.
La porte-parole a ajouté que Northvolt adoptera «la même rigueur dans les demandes d’autorisations fédérales à venir pour lesquelles les études sont présentement en cours».
Le fabricant de batteries doit notamment faire une demande auprès de Pêches et Océans Canada pour le prélèvement et le rejet d’eau sur son site.
En début d’après-midi, le cabinet du ministre de l’Environnement n’avait pas réagi à la manifestation devant les bureaux de circonscription de Steven Guilbeault.