Le prix de l’once du métal jaune a grimpé d’environ 20% depuis début février, avec un précédant pic en avril, et l’argent a bondi de 36% environ sur la même période. (Photo: 123RF)
Or, argent, platine, cuivre… le métal rouge et les précieux enchainent les records sur fond de forte demande, pénuries et investissements opportunistes avant une baisse de taux américains attendue.
Sommet historique pour le cuivre
«L’écart croissant entre» une demande qui accélère, notamment pour les véhicules électriques et les centres de données, «et l’atonie de l’offre mondiale», fait décoller le cours du cuivre, affirme à l’AFP Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote.
Lundi, le cuivre a ainsi culminé à 11 104 dollars américains ($US) la tonne sur le London Metal Exchange (LME), un plus haut historique. Il a gagné environ 25% depuis début février.
Les propriétés du cuivre, en particulier sa forte conductivité et sa ductilité (le fait de pouvoir être déformé sans rompre) en font un métal crucial pour la transition énergétique, permettant de nombreuses utilisations industrielles.
Il est nécessaire pour la fabrication des batteries des véhicules électriques et pour le stockage d’énergie en général, mais apparait également dans la composition de nombreuses infrastructures d’énergie renouvelable comme les panneaux solaires ou les éoliennes.
En parallèle, l’offre minière ne suit pas, entre gisements vieillissants et difficultés à trouver et forer de nouvelles sources de cuivre. Difficultés qui motivent d’ailleurs l’offre de rachat du géant BHP sur son rival Anglo American — rejetée — car mettre la main sur les ressources minières d’une société rivale apparait plus aisé que d’exploiter de nouvelles mines.
En 2022, le spectre de potentielles pénuries avait déjà propulsé le métal à son ancien record historique, dans le sillage de l’invasion russe de l’Ukraine, les investisseurs craignant que la guerre et les sanctions occidentales contre Moscou réduisent l’approvisionnement venant de Russie.
Les précieux anticipent des baisses de taux
Les cours des métaux précieux ont également été propulsés lundi: l’or a dépassé son record historique, atteignant 2 450,07 $US l’once, tandis que l’argent a touché un plus haut depuis décembre 2012, à 32,51 $US l’once.
«Des signes de ralentissement de l’inflation aux États-Unis et des chiffres de l’emploi plus faibles que prévu» ont en effet conforté les attentes de baisses de taux d’intérêt de la Réserve fédérale (Fed) «dans les mois à venir», résume Frank Watson, analyste de Kinesis Money.
L’inflation aux États-Unis est repartie à la baisse en avril, à 3,4% sur un an, ralentissant vers l’objectif de 2% visé par l’institution monétaire.
Or la réduction des taux d’intérêt affaiblit traditionnellement les rendements du dollar et des obligations d’État (deux valeurs refuges concurrentes), ce qui favorise «les investissements qui ne rapportent pas d’intérêts, comme l’or et l’argent», précise Frank Watson.
Le prix de l’once du métal jaune a grimpé d’environ 20% depuis début février, avec un précédant pic en avril, et l’argent a bondi de 36% environ sur la même période.
La montée du cours de cette valeur refuge s’explique également par «la nervosité des investisseurs face au contexte géopolitique» tendu, en particulier après la mort du président iranien Ebrahim Raïssi, dont l’hélicoptère s’est écrasé dimanche dans un lieu reculé du pays, note Susannah Streeter, d’Hargreaves Lansdown.
Les premières informations publiées deux heures plus tard font état d’un «accident».
L’analyste cite enfin les achats d’or «en masse» de la Chine, stimulant la demande et donc le prix.
Pénurie de platine
Enfin, le platine culminait à 1 095,69 $US l’once, un niveau jamais vu depuis mai 2023, tiré par une offre sous pression et la perspective d’une «pénurie persistante», explique Ole Hansen, analyste chez Saxobank, interrogé par l’AFP.
Utilisé dans la production de convertisseurs catalytiques contribuant à réduire les émissions nocives des moteurs à combustion, le platine avait souffert ces trois dernières années des prévisions que la demande faiblirait à mesure que les véhicules électriques remplaceraient les voitures traditionnelles.
Le géant minier Anglo American propose ainsi de se séparer de son activité de platine sud-africaine, un projet déjà inclus dans la proposition de rachat de son concurrent BHP.
Pourtant, depuis fin avril, les prix remontent en flèche, les experts du secteur tablant sur une deuxième année consécutive de déficit d’offre, en raison de la diminution de la production de l’Afrique du Sud et de la Russie.
Déjà sous-approvisionné, le marché du platine devrait en effet manquer de 476 000 onces cette année, selon des estimations du World Platinum Investment Council publiées la semaine dernière.