Le processus de sélection d’un site pour ce projet avait commencé en 2010, avec 22 emplacements potentiels. (Photo: Frank Gunn / La Presse Canadienne)
Toronto — C’est une région du nord de l’Ontario qui a été choisie pour accueillir dans un «dépôt géologique en profondeur» tous les déchets nucléaires du Canada.
Il s’agit d’une étape cruciale dans un projet de 26 milliards de dollars sur plusieurs décennies visant à enfouir sous terre des millions de grappes d’uranium irradié.
La Société de gestion des déchets nucléaires (SGDN), un organisme à but non lucratif financé par les entreprises qui produisent de l’énergie nucléaire et des déchets, a indiqué jeudi que le conseil municipal d’Ignace et la communauté ojibwée voisine de Wabigoon Lake, dans le nord-ouest de l’Ontario, avaient «démontré leur consentement pour que le processus passe à l’étape suivante».
Laurie Swami, présidente et chef de la direction de la SGDN, a déclaré que l’organisation allait maintenant entamer le processus pour obtenir les autorisations réglementaires, qui pourrait prendre de sept à dix ans. La construction du site devrait ensuite durer dix ans et les activités d’enfouissement pourraient commencer dans les années 2040.
Le processus de sélection d’un site pour ce projet avait commencé en 2010, avec 22 emplacements potentiels ; la liste avait finalement été réduite en 2020 à deux sites, tous les deux en Ontario.
La Société de gestion des déchets nucléaires (SGDN) explique qu’elle a finalement opté pour le canton d’Ignace après que la municipalité et la communauté ojibwée voisine ont accepté d’aller de l’avant avec le projet.
L’autre finaliste était un site englobant la municipalité de South Bruce et une autre communauté ojibwée, celle de Saugeen, près d’Owen Sound, beaucoup plus au sud en Ontario.
La SGDN indique que les communautés ojibwées d’Ignace et de Wabigoon Lake ont toutes deux décidé d’aller de l’avant, alors que le camp du «oui» avait remporté de justesse un référendum dans la municipalité de South Bruce. Par contre, la communauté ojibwée voisine de Saugeen n’avait pas pris de décision «et la SGDN avait un calendrier pour sélectionner un site d’ici la fin de cette année».
«La décision d’aujourd’hui est le fruit d’un processus de sélection d’un site fondé sur le consentement et dirigé par les Canadiens et les peuples autochtones, a indiqué jeudi Mme Swami. Nous venons véritablement d’écrire une page d’histoire.»
Le chef de la communauté ojibwée de Wabigoon Lake, Clayton Wetelainen, a indiqué que le rôle de sa communauté en tant qu’hôte potentiel du combustible nucléaire irradié du Canada représentait «l’une des responsabilités les plus importantes de notre époque».
«Nous ne pouvons pas ignorer ce défi et permettre qu’il devienne un fardeau pour les générations futures, soutient le chef Wetelainen dans un communiqué de la SGDN. Nos membres ont clairement exprimé dans notre décision que nous avons la bravoure et le courage de passer à l’étape suivante de ce projet.»
La Première Nation veillera à ce que son rôle de gardien de la terre et de l’eau reste au cœur du processus décisionnel, ont déclaré le chef Wetelainen et le conseil. «Wabigoon veillera à ce que la sûreté, la protection de l’environnement et les valeurs anichinabées soient respectées tout au long de ce processus.»
La mairesse d’Ignace, Kim Baigrie, a déclaré que la ville avait été la première à se porter candidate il y a plus de 14 ans.
«Grâce à un processus constructif, avec l’intégrité, la responsabilité et la transparence comme principes directeurs, ce canton a appris, s’est éduqué et est devenu un élément intégral de la décision prise aujourd’hui par la Société de gestion des déchets nucléaires», a-t-elle écrit dans un communiqué.
La Société de gestion des déchets nucléaires avait été fondée en 2002 par l’«Ontario Power Generation», la Société d’énergie du Nouveau-Brunswick et Hydro-Québec.
Par Allison Jones