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Pourquoi les prix du lithium s’effondrent-ils?

François Normand|Mis à jour le 16 avril 2024

Pourquoi les prix du lithium s’effondrent-ils?

Une machine d'extraction de lithium déplace un sous-produit de sel à la mine du désert d'Atacama à Salar de Atacama, au Chili. (Photo: Getty Images)

Les prix du lithium, un minerai stratégique dans la transition énergétique, se sont effondrés depuis 14 mois, et ce, en raison d’inventaires élevés et d’une demande de véhicules électriques beaucoup moins forte que prévu.

En 2023, le prix des hydroxydes de lithium chinois – l’un des prix mondiaux de référence – a chuté de 82,3%, selon un nouveau rapport de Benchmark Mineral Intelligence (Battery Raw Materials: Due for a Recharge?), une firme d’analyse de l’industrie minière mondiale.

«Les prix du lithium ont chuté de manière significative tout au long de 2023. Les stocks intermédiaires élevés ont réduit les activités d’approvisionnement, alors que la demande en aval des marchés finaux des véhicules électriques n’a pas répondu aux attentes», peut-on lire dans le rapport de 25 pages de la firme britannique.

Si on rajoute les sept premières semaines de 2024, la chute du prix du lithium atteint 90% depuis janvier 2023, soulignait lundi un article du Wall Street Journal.

Selon Benchmark Mineral Intelligence, même si les ventes de véhicules ont battu des records mensuels consécutifs, en Chine et ailleurs dans le monde, les acteurs du marché s’attendaient à des ventes beaucoup plus importantes.

Dans le même temps, les prix élevés du lithium en 2022 ont aussi incité des producteurs de lithium à accroître leur production.

Par conséquent, cette situation a contribué à accroître les inventaires et à créer une suroffre de ce minerai stratégique sur les marchés, tirant grandement les prix par le bas.

 

En 2023, le prix des hydroxydes de lithium chinois – l’un des prix mondiaux de référence – a chuté de 82,3%. (Source: Benchmark Mineral Intelligence)

Une mine et six projets au Québec

Cette problématique concerne le Québec au plus haut point. Nous abritons la seule mine de lithium en activité en Amérique du Nord, soit celle de l’australienne Sayona Québec, à La Corne, en Abitibi-Témiscamingue.

Le 24 janvier, la société a d’ailleurs procédé à une réorganisation «pour faire face à la réalité du marché du lithium», en licenciant 15 employés, majoritairement des cadres supérieurs.

Six autres projets de mines de lithium sont dans les cartons au Québec, selon les plus récentes données du ministère des Ressources naturelles et des Forêts, publiées en février.

Sur ces six projets, Sayona Québec en possède deux, soit le projet Authier, en Abitibi-Témiscamingue, et le projet Moblan, à la baie James.

L’américaine Arcadium Lithium a deux projets à la baie James, dont la mine Whabouchi de Nemaska Lithium, une société qu’elle a acquise en 2023. En principe, Nemaska Lithium doit mettre cette mine en service à la fin 2025.

En 2026, la minière devrait aussi mettre en service une usine de deuxième transformation du lithium dans le parc industriel et portuaire de Bécancour. Elle produira de l’hydroxyde de lithium destiné aux batteries de véhicules électriques.