«Il faut réussir en hydrogène», a insisté le ministre Pierre Fitzgibbon qui a annoncé lors d'une conférence de presse le lancement d’un projet pilote de train à hydrogène vert sur le Chemin de fer Charlevoix. (Photo: La Presse Canadienne)
Québec — Le gouvernement Legault croit toujours au potentiel de la filière d’hydrogène, précise le ministre de l’Énergie et de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, après avoir dit plus tôt cette semaine que des propositions seraient refusées, faute d’électricité disponible.
«Il faut réussir en hydrogène, insiste le ministre qui était à une conférence de presse, jeudi, pour annoncer le lancement d’un projet pilote de train à hydrogène vert sur le Chemin de fer Charlevoix. C’est une molécule qui va être rentable dans dix-quinze ans. Il faut investir aujourd’hui.»
Si elle permet de fournir une source d’énergie décarbonée, la production d’hydrogène vert nécessite d’importantes quantités d’électricité au moment où Hydro-Québec prévoit la fin des surplus pour 2027.
Québec devra donc choisir avec parcimonie les gros projets industriels qui obtiendront le droit de s’alimenter auprès d’Hydro-Québec.
Mardi, M. Fitzgibbon s’était montré moins enthousiaste à propos de l’hydrogène. Il avait mentionné qu’Hydro-Québec avait reçu des propositions de projets de production d’hydrogène demandant une alimentation équivalente à 9000 mégawatts (MW) sur une liste totale de 23 000 MW en projets industriels. «On ne peut pas en faire de l’hydrogène, il n’y a pas d’électricité.»
Le ministre a précisé jeudi qu’il serait impossible que l’ensemble des propositions de projets d’hydrogène obtiennent le feu vert. Il y aura toutefois des projets d’hydrogène parmi les projets industriels qui obtiendront l’appui du ministre. Il estime qu’entre 8000 à 10 000 MW pourront être alloués d’ici 2032, toutes industries confondues.
Le choix des projets, qui devront être «socialement acceptables», sera déterminé en fonction de la réduction des gaz à effet de serre et de l’apport économique des projets, particulièrement en ce qui a trait à l’innovation.
Les transports lourds et la production d’acier seront des secteurs où l’utilisation de l’hydrogène vert sera priorisée, dit le ministre. «45% de nos émissions viennent des transports. Probablement qu’une partie, un tiers, va devoir passer par l’hydrogène, car les batteries ne seront pas disponibles. On veut aussi faire de l’acier vert, le plasma ne sera pas suffisant, ça va prendre de l’hydrogène.»
Un train sur le chemin Charlevoix
Alstom va mener un projet-pilote de train à hydrogène vert sur le Chemin de fer de Charlevoix. Québec va financer 3 millions de dollars (M$) du projet de 8M$.
Il s’agit d’un projet pilote pour l’été. «Le train qu’apporte Alstom va retourner en Europe à l’automne, précise le premier ministre François Legault. Est-ce qu’un jour on voudrait avoir beaucoup de trains à l’hydrogène vert au Québec? Oui.»
Le président d’Alstom Amériques, Michael Keroullé, affirme que l’entreprise a déjà commencé à discuter avec le gouvernement de la possibilité d’investir davantage au Québec dans la filière de l’hydrogène vert. «On a un plan qu’on a présenté au gouvernement et à nos différents partenaires d’amener les technologies à un niveau de maturité pour commencer l’industrialisation à l’horizon 2030.»
Les annonces ne sont pas pour demain, toutefois. «Il y a encore beaucoup d’incertitudes sur la technologie, poursuit M. Keroullé. Ça va prendre quelques années. Ensuite, on regardera la phase industrielle et, bien entendu, la possibilité de construire dans les meilleures conditions ici ou dans la région.»