Northvolt: «on n’a pas peur de Goldman Sachs», dit Legault
La Presse Canadienne|Mis à jour le 22 octobre 2024L'entrée du site de Northvolt à Saint-Basile-le-Grand. (Photo: La Presse Canadienne /Christinne Muschi)
Québec — Engagé dans des négociations pour sauver le projet d’usine de batteries de Northvolt, le gouvernement Legault assure qu’il n’ajoutera pas un sou dans le projet et ne cédera pas ses garanties sur les sommes investies dans l’entreprise suédoise en difficulté.
Le gouvernement réagit ainsi à un reportage de Radio-Canada qui laisse entendre que Québec serait prêt à perdre une partie des centaines de millions investies dans la filiale implantée ici pour sauver la maison mère.
Un des créanciers principaux de la société suédoise, la banque d’affaires Goldman Sachs, exige en effet d’avoir accès aux avoirs des filiales à l’étranger, notamment au Québec, des garanties comme condition pour réinjecter des fonds et sauver l’entreprise.
Une source proche du dossier a confirmé les informations à La Presse Canadienne mardi matin et a laissé entendre que la ministre de l’Économie, Christine Fréchette, serait favorable.
«Les contribuables québécois se font demander de garantir l’investissement d’une grande banque de New York dans une start-up en Suède», a dénoncé le chef parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau–Dubois, à la période de questions.
«On en a vu d’autres», a répliqué le premier ministre François Legault, en assurant qu’il ne cédera aucune garantie.
«On est en négociations et on travaille à protéger les intérêts des Québécois», a indiqué Mme Fréchette à la période de questions.
«On s’assure que ça va aller de l’avant», a-t-elle ajouté.
«Vous avez négocié quoi vraiment? [Elle] est incapable de négocier avec Goldman Sachs», a accusé le député libéral Frédéric Beauchemin.
«Combien vaut notre investissement? On n’a plus de garanties, donc ça vaut moins. […] Il n’y a plus de commandes, donc ça vaut moins.»
Dans un message, une source gouvernementale bien informée a indiqué mardi que Québec veut préserver les 500 millions de dollars (M$) misés par Investissement Québec dans le projet d’usine.
Car cette mise de fonds pourrait être à risque. Goldman Sachs serait prête à réinjecter des fonds pour assurer le salut de la maison mère, en autant qu’elle obtienne en garantie les avoirs de l’entreprise à l’étranger, par exemple les fonds dans le compte de Northvolt au Québec.
En outre, la Caisse de dépôt et placement du Québec a également investi 200M$ dans l’aventure.
Le gouvernement Legault garderait 240M$, soit la valeur du terrain prévu pour ériger l’usine de batteries, en Montérégie, a indiqué la source proche du dossier.
Le PQ s’est également insurgé contre le recours éventuel à des fonds du Québec pour sauver la maison mère en Suède.
«Vous réalisez l’absurdité de la situation, c’est honteux», a déclaré le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, en mêlée de presse à l’Assemblée nationale.
Il a accusé François Legault de ne pas avoir dit la vérité quand il a assuré en Chambre que le Québec avait des garanties pour ne pas perdre sa mise dans ce montage financier.
«Tout ça était de la foutaise», a lancé le chef péquiste, pour qui c’est une «dette très risquée».
Par Patrice Bergeron