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Québec veut plus de transformation locale des minéraux critiques

François Normand|Publié le 21 mai 2021

Québec veut plus de transformation locale des minéraux critiques

le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonathan Julien (Photo: Pierre Dufour)

L’époque où des sociétés minières se contentaient d’extraire des minéraux critiques et stratégiques (MCS) du sol québécois pour ensuite les expédier à l’étranger afin d’y être valorisés (la deuxième transformation et la troisième transformation) pourrait bien tirer à sa fin.

En entrevue en marge de l’événement Objectif Nord Les Affaires qui s’est tenu jeudi, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonathan Julien, a souligné que son gouvernement ne voyait plus d’un bon œil cette pratique pour les MCS.

«Il faut que la transformation à haute valeur ajoutée se fasse au Québec», affirme le ministre, en soulignant que le sol québécois en regorge — en octobre, Québec a publié sa stratégie (2020-2025) pour valoriser les minéraux critiques et stratégiques.

Les MCS sont essentiels dans plusieurs secteurs de l’économie. Des entreprises utilisent par exemple du cobalt, du lithium, du nickel et du graphite pour fabriquer des batteries pour les ordinateurs portables et les téléphones intelligents, les voitures électriques et le stockage d’énergie.

 

Washington s’intéresse aux MCS du Québec

Les MCS sont très stratégiques pour le Québec, rappelle Jonathan Julien, en donnant l’exemple des États-Unis, où ces minéraux sont jugés indispensables au développement économique et à la sécurité nationale.

«Sur les 35 minéraux identifiés par le gouvernement américain, 22 se retrouvent au Québec», souligne Jonathan Julien, qui a déjà eu des rencontres à Washington avec des représentants de ministères et du président, à l’époque de l’administration Trump.

Dans ce contexte, le Québec ne veut pas se contenter que les MCS soient extraits du sol québécois pour être ensuite exportés aux États-Unis afin qu’ils y soient transformés.

«Ce n’est pas l’exploitation du minerai qui est au cœur du processus de création de richesse, mais bien sa transformation», insiste le ministre, en précisant que cela inclut aussi le recyclage (ou la revalorisation) de MSC rendus à leur fin de cycle de vie.

Même si le gouvernement Legault veut que la valorisation des MCS (la 2e transformation et la 3e transformation, quand c’est possible) se fasse au Québec, il n’est toutefois pas prêt à imposer ce processus aux minières et aux autres entreprises de l’industrie.

«On ne peut pas exiger que cette transformation se fasse au Québec», dit-il.

Par contre, le ministre affirme que le Québec possède plusieurs atouts pour les inciter à le faire, et ce, d’une énergie renouvelable à des prix compétitifs à un cadre réglementaire prévisible en passant par une expertise industrielle.

Dans sa stratégie sur la valorisation des MCS, le gouvernement appuie également la R-D dans l’extraction, la transformation et le recyclage de ces minéraux, sans parler de son aide pour développer des chaînes de valeurs de MCS à proximité de la ressource.