Secteur minier: les choses à garder sur votre radar en 2024
Maxime Guilbault|Publié le 14 Décembre 2023Sans surprise, le ralentissement économique anticipé impactera davantage les plus petites entreprises minières, celles qu’on appelle les «juniors» dans l’industrie. (Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. Chaque fin d’année marque le temps des bilans et des perspectives. En voici quelques-uns.
2024: un contexte macroéconomique moins positif
Sans grande surprise, S&P Global Ratings abaisse la note de la croissance économique mondiale pour la prochaine année, avec un PIB mondial de 2,8% en 2024. La situation est en bonne partie tributaire de l’économie chinoise plus faible que prévu.
Le secteur manufacturier de la Chine semble reprendre son souffle, mais son marché immobilier stagne. En fait, la Chine n’a jamais connu une croissance aussi hésitante depuis des décennies.
Il y a tout de même des signes plus positifs dans d’autres marchés.
Les États-Unis, par exemple, montrent des signes encourageants. La Réserve fédérale américaine (Fed) espère ramener l’inflation à 2% d’ici mai 2024. Le Fonds monétaire international (FMI), de son côté, s’attend à une économie mondiale résiliente.
Matières premières: prix à la hausse et à la baisse
L’OR – Si vous suivez les destinées du métal précieux, vous ne serez pas surpris d’apprendre que l’or est en hausse! Chaque fois que les marchés connaissent des incertitudes de nature économique ou géopolitique, l’or devient une valeur refuge. S&P Global s’attendait il y a moins d’un mois à une valeur frôlant les 2000 dollars américains l’once d’ici la fin de 2023. Or, la semaine dernière, on échangeait déjà le métal à 2066 $US l’once.
LE FER – La Chine est en bonne partie responsable des prix sur les marchés. L’appétit des Chinois est vorace pour ce métal et ses dérivés. Et c’est surtout l’Australie qui en bénéficie, puisqu’elle fournit près des deux tiers (64%) des besoins du marché chinois. Le Brésil arrive en seconde position avec 19% de l’approvisionnement chinois.
S&P Global prédit un prix moyen du minerai de fer de 116 $US la tonne pour 2024.
Les prix chutent depuis quelques années, mais on juge que ce n’est qu’un juste retour du balancier des années pandémiques qui ont établi des records. En 2021, par exemple, nos mines de la Côte-Nord vendaient leur fer à 250 $US la tonne. Le métal s’échange actuellement autour des 120 $US la tonne.
LE NICKEL – La production mondiale dépassera les prévisions, notamment avec la performance de la production indonésienne qui domine le marché du nickel primaire mondial. La demande pour le nickel continuera de croître en 2024.
LE CUIVRE – J’avais mentionné dans mon dernier blogue que l’absence de la ressource cause de plus en plus un déséquilibre entre l’offre et la demande. Et dans le contexte anticipé d’un ralentissement économique mondial, il est à prévoir que la demande diminuera en 2024, mais elle pourrait rebondir en 2025, notamment en raison des budgets d’exploration qu’on lui consacre, ces temps-ci.
Les principaux producteurs de cuivre sont, par ordre d’importance, la Chine, le Chili, le Pérou, les États-Unis et le Mexique.
LE ZINC – Les prix du zinc devraient diminuer dans les années à venir et les causes sont multiples: un dollar américain plus fort, des risques géopolitiques accrus, la sous-performance économique de la Chine et, surtout, un excédent de zinc qui va s’accroître d’ici 2027.
LE LITHIUM – On s’attend à ce que le ralentissement économique mondial provoque un fléchissement des ventes de véhicules électriques, ce qui se répercutera sur les prix à la baisse du lithium. Ce n’est qu’un mauvais temps à passer, si l’on se fie aux importants investissements dans l’exploration du lithium (et le développement, on l’espère!)
LE COBALT – L’horizon demeure positif pour le cobalt au regard de 2024-2025, mais on prévoit une contraction des marchés à compter de 2027.
Diminution des budgets d’exploration
On s’attend à une légère diminution de 3% des budgets consacrés à l’exploration dans le monde. La recherche pour des métaux destinés à la fabrication des batteries est encore très active, notamment en Amérique latine.
Sans surprise, le ralentissement économique anticipé impactera davantage les plus petites entreprises minières, celles qu’on appelle les «juniors» dans l’industrie.
Les efforts de décarbonation dans le monde favoriseront l’exploration de métaux plus verts, ce qui pourrait devenir un vecteur de croissance, mais seul l’avenir nous le dira.
Sur ce, je vous souhaite de Joyeuses Fêtes!