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Shell met en oeuvre ses projets de captage et de stockage du carbone

La Presse Canadienne|Mis à jour le 26 juin 2024

Shell met en oeuvre ses projets de captage et de stockage du carbone

Shell Canada affirme qu'elle met en oeuvre son projet de captage du carbone Polaris en Alberta. (Photo: Frank Augstein / La Presse Canadienne)


Calgary — Shell Canada affirme qu’elle met en œuvre son projet de captage du carbone Polaris en Alberta.

La société — la filiale canadienne de la multinationale britannique Shell PLC — a annoncé mercredi avoir pris une décision définitive positive en matière d’investissement dans le projet, conçu pour capturer environ 650 000 tonnes de dioxyde de carbone par an provenant de la raffinerie et du complexe chimique de Scotford, propriété de Shell, près d’Edmonton.

Cela équivaut à environ 40% des émissions directes de CO2de Scotford provenant de la raffinerie et à 22% de ses émissions provenant du complexe chimique.

Shell n’a pas divulgué la valeur monétaire du projet Polaris, mais a indiqué qu’il devrait amorcer ses activités vers la fin de 2028.

Shell a également annoncé mercredi qu’elle poursuivrait le projet Atlas Carbon Storage Hub en partenariat avec ATCO EnPower. La première phase d’Atlas, qui sera reliée au projet Polaris par un pipeline de 22 km, assurera un stockage souterrain permanent du CO2 capté par le projet Polaris.

Polaris est le deuxième projet de captage et de stockage du carbone de Shell au Canada. Son premier, nommé Quest, a été achevé fin 2015 et est également situé dans le complexe de Scotford.

Ce projet, dont la construction a coûté 1,3 milliard de dollars (G$), a permis de capter et de stocker environ 1 million de tonnes de CO2 par an provenant de l’usine de valorisation de Scotford depuis 2015, a déclaré Shell.

Un nouveau crédit d’impôt fédéral

La décision de Shell de donner son feu vert au projet Polaris intervient quelques jours seulement après qu’un nouveau crédit d’impôt fédéral à l’investissement pour le captage et le stockage du carbone a reçu la sanction royale.

Ce crédit d’impôt a été annoncé pour la première fois en 2022, mais sa finalisation récente signifie que les entreprises peuvent désormais demander et réclamer le crédit pour compenser les coûts en capital liés à la construction d’installations de captage du carbone.

«Cela (le crédit d’impôt) était un élément essentiel de la décision (concernant Polaris)», a indiqué la présidente de Shell Canada, Susannah Pierce.

Il y a eu une vague de propositions de captage du carbone au Canada ces dernières années, même si peu d’entre elles ont reçu une décision définitive d’investissement.

Le captage et le stockage du carbone, qui consistent à capter et à comprimer les émissions nocives de CO2 provenant des processus industriels, puis à les stocker en toute sécurité sous terre, sont considérés par beaucoup comme le meilleur moyen de décarboner les industries très polluantes telles que la production de pétrole, de gaz et de ciment.

Mais cette technologie est très coûteuse et les entreprises se montrent réticentes à y investir de l’argent sans un soutien important des gouvernements.

Le plus grand projet de captage du carbone proposé au Canada, une proposition de 16,5G$ présentée par un groupe de sociétés de sables bitumineux appelé Alliance Nouvelles voies, n’a pas encore reçu de décision définitive d’investissement.

Mme Pierce a déclaré que chaque projet est différent, mais dans le cas de Shell, Polaris est un «élément clé» de la stratégie globale de décarbonation de l’entreprise.

«Nous nous sommes engagés à décarboner notre installation de Scotford, nous avons de l’expérience en matière de CSC (captage et stockage du carbone) grâce à nos années d’exploitation de l’installation Quest», a-t-elle souligné en entrevue.

«Avec la bonne combinaison d’un cadre fiscal et d’une réglementation, nous avons pu comparer l’alternative du CSC à toutes les autres solutions pour respecter nos obligations de conformité, et celle-ci a fonctionné», a-t-elle ajouté.

En plus du crédit d’impôt fédéral à l’investissement, Mme Pierce a souligné que le projet Polaris peut profiter d’une gamme de programmes, de réglementations et d’incitatifs fédéraux et provinciaux en vigueur ou en voie de l’être.

Il s’agit notamment du programme d’incitation au captage du carbone de l’Alberta, de la réglementation fédérale sur les carburants propres et de la réglementation de l’Alberta sur l’innovation technologique et la réduction des émissions, qui permet aux entreprises qui ont réduit leurs émissions de générer des crédits qui peuvent être économisés ou vendus à d’autres émetteurs.

Pas une «solution miracle»

Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a déclaré mercredi aux journalistes à Ottawa qu’il s’attend à ce que le processus de captage et de stockage du carbone représente sept à huit pour cent des efforts globaux de réduction des émissions du Canada d’ici 2030 — et que cela fasse partie d’un «portefeuille» de technologies qui devront être déployées pour respecter les engagements internationaux en matière de climat.

«J’ai toujours dit que le captage du carbone était l’une des nombreuses solutions pour lutter contre les changements climatiques, a déclaré le ministre. Si vous regardez notre plan de réduction des émissions, le captage du carbone jouera un rôle, mais ce n’est pas une solution miracle.»

 Par Amanda Stephenson

 

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