Un analyste d’Eight Capital a rétrogradé l’action de Suncor à la recommandation «vendre» lundi. (Photo: La Presse Canadienne)
CALGARY — Suncor Énergie a annulé la mise à jour prévue sur ses activités à la suite de la démission la semaine dernière du chef de la direction, Mark Little.
Le géant de l’énergie établi à Calgary avait programmé l’évènement, qui devait avoir lieu mercredi, il y a des mois en réponse aux préoccupations des investisseurs concernant les performances opérationnelles et la sécurité au travail. La société s’est engagée à fournir des informations sur ce qu’elle fait pour améliorer la sécurité et le déroulement des opérations dans ses installations de sables bitumineux.
Jeudi dernier, cependant, un autre décès a eu lieu dans des installations de Suncor près de Fort McMurray, en Alberta.
Un jour plus tard, la société a annoncé que M. Little se retirait immédiatement. Dans un communiqué de presse, le président du conseil d’administration, Michael Wilson, a cité «le besoin impératif de changement» en raison du fait que Suncor n’a «pas respecté» ses propres normes de sécurité et d’exploitation.
Plus tôt ce printemps, Suncor s’est retrouvée dans la ligne de mire de la firme américaine d’investissement activiste Elliot Investment Management, qui a écrit une lettre appelant à une refonte du conseil d’administration et de la direction de Suncor. La firme a évoqué les antécédents de sécurité de Suncor, ainsi que d’autres défis opérationnels, et le cours de l’action à la traîne de la société.
Elliot Investment Management a refusé de commenter, lundi, les derniers développements chez Suncor.
L’analyste d’Eight Capital, Phil Skolnick, qui a rétrogradé l’action de Suncor à la recommandation «vendre» lundi, a déclaré dans une note que Suncor avait besoin de «vrais changements», et pas seulement d’un nouveau PDG. Il a souligné que les au moins 12 décès survenus sur les sites de Suncor depuis 2014 sont «quelque chose que nous n’avons jamais vu en 25 ans de couverture du secteur».
«Le problème n’est pas une situation attribuable à une seule personne, a écrit M. Skolnick. Il s’agit de la culture d’entreprise où les décès accidentels ont tourmenté l’entreprise avant même le mandat de M. Little en tant que PDG qui a commencé en 2019.»
En plus du décès survenu la semaine dernière, le triste bilan de Suncor en matière de sécurité comprend le décès d’un entrepreneur dans un accident de camion sur le site de la mine Base en janvier, ainsi qu’un accident en 2021 impliquant un bulldozer entrant en collision avec une camionnette à Fort Hills mine de sables bitumineux. Cet accident a entraîné la mort de deux contractuels.
Un autre travailleur est décédé en 2021 lorsque le bulldozer qu’il conduisait est tombé à travers la glace d’un bassin de résidus à la mine Base de Suncor. Un incendie, qui a fait des blessés, a aussi eu lieu dans une raffinerie, en mars.
L’action de Suncor s’échangeait à 41,42$ lundi à midi, en baisse de 2,4% par rapport au cours de clôture de vendredi.
Le cours de l’action de Suncor a augmenté de plus de 35% depuis le début de l’année et de 1% depuis qu’Elliot Investment Management a dévoilé ses intentions le 28 avril.
L’accumulation des décès chez Suncor démontre qu’une réforme importante de la culture d’entreprise est nécessaire. L’entreprise devra y consacrer temps et argent, souligne l’analyste.
«Il ne s’agit pas d’une réduction du dividende, de multiples problèmes opérationnels et de l’incapacité de respecter les directives, dont [Suncor] a souffert, a déclaré M. Skolnick. Il s’agit de risques pour les personnes.»
Kris Smith, vice-président directeur de la division Downstream, a été nommé chef de la direction par intérim. Le conseil d’administration de Suncor a formé un comité pour mener une recherche mondiale afin de trouver le prochain PDG de l’entreprise.
Suncor a déclaré que sa mise à jour des investisseurs aura plutôt lieu cet automne.