Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Teck déconcertée par la disparition d’une espèce de poisson

La Presse Canadienne|Publié le 09 mars 2020

La contamination causée par les mines de Teck est un problème de longue date.

Teck Resources se dit déconcerté par la quasi-disparition d’un poisson rare d’un long tronçon d’une rivière contaminée depuis longtemps, en aval des activités d’extraction du charbon de l’entreprise, dans le sud-est de la Colombie-Britannique.

Selon une étude récente sur la truite fardée dans la rivière Fording, la population de ce poisson fort prisé par les pêcheurs s’est effondrée de façon inattendue. Des tronçons de rivière regorgeant de centaines de truites étaient vides deux ans plus tard.

En 2017, les enquêteurs travaillant pour l’entreprise en 2017 estimaient qu’il y avait 76 poissons adultes par kilomètre dans le tronçon de 60 km de la rivière entre les quatre mines de Teck et la ville d’Elkford, en Colombie-Britannique. Deux ans plus tard, ce chiffre était tombé à 9.

À l’automne de 2017, on recensait près de 3700 poissons de cette espèce. Il n’y en avait que 66 en octobre 2019.

« Nous ne savons pas quels facteurs ont contribué à cette situation », dit le porte-parole de Teck, Doug Brown.

La contamination causée par les mines de Teck dans les rivières du bassin versant de la rivière Elk est un problème de longue date. L’extraction de charbon libère du sélénium, un élément qui en grande quantité est toxique pour la faune et les humains.

Les rapports sur les concentrations de sélénium dans les voies navigables de la région indiquent des niveaux égalant ou supérieurs aux directives de la province concernant l’eau potable en Colombie-Britannique.

Les stations de surveillance des eaux de la rivière, près des mines, ont signalé des quantités 50 fois supérieures à celles recommandées pour la santé aquatique. Près de la ville de Fernie, en Colombie-Britannique, des analyses observaient des quantités 10 fois supérieures aux normes.

Teck prévoit dépenser plus d’un milliard de dollars d’ici 2024 pour nettoyer ses affluents. Une usine de traitement des eaux en panne a été réparée et deux nouvelles installations devraient être opérationnelles d’ici la fin de l’année, signale M. Brown.

« Dès lors, nous nous attendons à voir des réductions vraiment importantes du sélénium en aval, souligne-t-il. Nous sommes en retard sur la mise en œuvre en raison des défis que nous avons dû relever avec la première installation. »

Le sélénium n’est pas le seul problème. Les effluents miniers provoquent une calcification dans laquelle les truites doivent pondre leurs œufs.

Aucun de ces problèmes n’est nouveau et Brown a déclaré que rien n’avait changé au cours des deux dernières années pour expliquer la quasi-disparition de l’un des rares stocks génétiquement purs restants d’une des espèces emblématiques de l’Ouest canadien.

« Nous ne savons pas si la situation est attribuable à la qualité de l’eau liée aux mines, à des causes naturelles, à la prédation ou aux changements climatiques. C’est le travail que nous devons accomplir pour comprendre pleinement lequel de ces facteurs joue un rôle. »

La chute démographique était cependant prévue.

« La population de truites fardées dans le cours supérieur de la rivière Fording est dans une spirale descendante critique, avait signalé un expert d’Environnement Canada en 2014. De nouvelles augmentations des concentrations [de sélénium] dans les tissus aquatiques et des poissons ne peuvent conduire qu’à un seul résultat: l’effondrement de la population totale. »

Le gouvernement de la Colombie-Britannique dit être au courant de cette situation qui le préoccupe. Des programmes de surveillance sont en train d’être mis en place en collaboration avec Teck et la Première Nation de Ktunasa, dit un porte-parole du ministère de l’Environnement, David Karn.

« [La province] travaille avec d’autres agences provinciales et fédérales pour examiner et superviser les mesures d’atténuation à court terme, déterminer la cause du problème et les sujets d’étude pour 2020. »

Teck fait maintenant un rapport toutes les deux semaines aux provinces de l’évolution de la situation. Ces rapports doivent être réalisés par des enquêteurs indépendants, ajoute M. Karn.