Une grosse perte pour le Québec inc., disent les ténors de l’industrie
François Normand|Mis à jour le 03 septembre 2024Sa démission survient à la veille du début des travaux de la commission parlementaire du fameux Projet de loi n° 69 pour moderniser les lois entourant l’énergie, qui affectera toutes les entreprises. (Photo: Simon Prelle)
Sans les prendre nécessairement par surprise, la démission du superministre Pierre Fitzgibbon, ce mardi, est vue comme une perte majeure pour le monde des affaires, disent les principaux ténors de l’industrie.
«C’est une grosse perte pour le monde économique, c’est une grosse perte d’une personne qui connaissait bien l’écosystème et l’environnement d’affaires», laisse tomber le président et chef de la direction du Conseil du Patronat du Québec (CPQ), Karl Blackburn.
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Une fine connaissance du Québec inc. — le ministre est un ancien entrepreneur — qui fait en sorte qu’il comprenait très rapidement les problématiques des entreprises, et qu’il proposait des solutions concrètes, insiste Karl Blackburn.
Ce mardi midi, La Presse et Radio-Canada ont annoncé que le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie et le ministre responsable du Développement économique régional, Pierre Fitzgibbon, quitterait la politique.
Les Affaires a obtenu la confirmation de la nouvelle auprès de son cabinet. Le ministre doit commenter son départ ce mercredi.
Sa démission survient à la veille du début des travaux de la commission parlementaire du fameux Projet de loi n° 69 pour moderniser les lois entourant l’énergie, qui affectera toutes les entreprises.
Elle survient aussi au moment où les déboires se multiplient pour la multinationale Northvolt, dont le projet de construire une usine de fabrication de cellules de batteries à Saint-Basile-le-Grand en Montérégie prend du retard.
Un ministre qui donnait l’heure juste
François Vincent, vice-président pour le Québec de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), salue le départ d’un ministre qui était à l’écoute du monde des affaires.
«Je le remercie pour sa grande implication pour le Québec et l’économie du Québec. On va s’ennuyer de sa franchise, même si on n’était pas tous d’accord avec lui», dit-il.
À ses yeux, le ministre Fitzgibbon avait la grande qualité de «donner l’heure juste», ce qui est plutôt rare en politique, déplore-t-il.
François Vincent fait aussi remarquer que sa contribution a été importante durant la pandémie de COVID-19. Alors que les PME pâtissaient de pertes majeures de liquidités, il n’a pas hésité à bonifier les programmes d’aide du gouvernement fédéral pour les entreprises en difficulté.
Le «champion» de la productivité
Pour sa part, Véronique Proulx, PDG de Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ), salue «l’implication» de Pierre Fitzgibbon pour appuyer le secteur manufacturier et l’ensemble de l’économie du Québec.
«Son rôle de superministre de l’économie et de l’énergie était bon pour nous», dit-elle, en espérant que la personne qui lui succédera gardera ces deux ministères afin de maintenir une plus grande cohérence des politiques publiques.
Enfin, Véronique Proulx rappelle que Pierre Fitzgibbon a été le «champion du secteur manufacturier et de l’augmentation de la productivité».