Cet hydrogène vert serait vendu au Québec (autour des hubs), mais aussi à l’étranger. (Photo: 123RF)
Hydrogène Québec, une coalition de plus de 50 organisations privées et publiques, souhaite créer une dizaine de nouveaux hubs de production et de distribution d’hydrogène vert dans la plupart des régions côtières de la province d’ici 2030.
«Les villes et les communautés sont au cœur de notre projet de hubs», affirme à Les Affaires, Marie Lapointe, directrice exécutrice d’Hydrogène Québec, qui regroupe des organisations comme Air Liquide, Énergir, Hydro-Québec, Métaux BlackRock et Evolugen.
Cet hydrogène vert serait vendu au Québec (autour des hubs), mais aussi à l’étranger. Selon les projections d’Hydrogène Québec, il y aura de la demande pour ce carburant vert dans les secteurs de l’industrie, du transport, de la chimie, des biocarburants et des systèmes gaziers.
À terme, ce carburant renouvelable pourrait aussi servir à décarboner en partie le secteur minier au Québec, estime Marie Lapointe.
L’hydrogène vert est produit principalement par électrolyse de l’eau à partir d’électricité verte. C’est la raison pour laquelle ce carburant est prisé dans la transition énergétique dans le monde, et que la Québec est perçu comme un pôle de production potentiel important.
En Europe, la France a annoncé en septembre 2020 qu’elle investira 7,2 milliards d’euros (10,2 G$CA) pour développer cette filière d’ici 2030. L’Allemagne et le Royaume-Uni injecteront respectivement plus 8 milliards d’euros (11,4 G$CA) et 4 milliards de livres sterling (6,7 G$CA).
Dans son dernier budget, Québec a quant à lui indiqué qu’il investira pour déployer sa première stratégie sur l’hydrogène vert et les biocarburants — ces derniers sont faits avec de la biomasse pour être notamment incorporés dans les carburants fossiles comme l’essence.
Si l’on tient compte des annonces passées déjà faites, on parle d’un cadre financier de plus de 1 milliard de dollars (G$) d’ici 2025-2026.
Des investissements de 2,5 à 3 milliards de dollars
Selon une carte fournie par Hydrogène Québec, la majorité de ces futurs hubs seraient situés dans des ports — sur la voie maritime du Saint-Laurent, mais aussi sur les rivières des Outaouais et Saguenay — afin de faciliter la distribution de ce carburant renouvelable.
«D’ici 2030, on parle d’un investissement global oscillant de 2,5 à 3 G$ pour réaliser ce réseau avec un minimum de 10 nouveaux hubs», dit Marie Lapointe, estimant qu’il y aura sans doute des partenariats public-privé pour développer ces projets.
À ce jour, cinq projets de hubs d’hydrogène vert sont bien avancés ou en voie de l’être au Québec, soit à Varennes, Bécancour, Sorel-Tracy, Baie-Comeau et à Gatineau.
Au total, il y aurait donc à terme une quinzaine de hubs si le plan de match d’Hydrogène Québec se déroule comme prévu.
Or, rien ne garantit sa réalisation.
Car, pour que ce projet de réseau voit le jour, il faudra nécessairement beaucoup d’énergie verte, alors le Québec commerce à en manquer.
Dans son plan stratégique 2022-2026 qu’elle vient de publier, Hydro-Québec a d’ailleurs annoncé qu’elle augmenterait sa capacité de production afin de répondre à la forte augmentation de la demande d’électricité en raison de la transition énergétique.
Marie Lapointe estime qu’il faudrait 5000 mégawatts d’électricité renouvelable d’ici 2030 pour mettre en place le réseau de hubs. «Il va falloir de l’énergie d’Hydro-Québec et des producteurs privés», dit-elle.
Reste à voir si l’offre d’énergie sera au rendez-vous.