Washington double les droits sur le bois d’oeuvre canadien
François Normand|Publié le 24 novembre 2021Cette hausse des droits fera bondir le prix des maisons aux États-Unis. (Photo: 123RF)
Le département américain du Commerce (DOC) a annoncé aujourd’hui son intention de doubler les droits (compensateurs et antidumping) sur les importations de bois d’œuvre canadien pour l’année 2022, afin de les faire passer de 8,99% à 17,9% pour l’ensemble de l’industrie au pays.
Dans le cas de Produits forestiers Résolus (PFR), un important exportateur de bois d’œuvre aux États-Unis, cette taxe atteindra 29,66% (elle était auparavant de 20,25%), précise au bout du fil Jean-François Samray, PDG du Conseil québécois de l’industrie forestière du Québec (CIFQ).
À ses yeux, cette décision du DOC est incompréhensible, alors que les prix des matières premières, des biens et des denrées augmentent en Amérique du Nord.
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«Ça va exercer une pression supplémentaire sur l’inflation», dit-il, en précisant que les prix des maisons et des bâtiments non résidentiels augmenteront à la suite de la décision de l’administration de Joe Biden.
À ce jour, dans le présent conflit du bois d’œuvre, les États-Unis ont prélevé six milliards de dollars, dont 1,2 milliard au Québec, en droits compensateurs et antidumping sur les expéditions canadiennes au sud de la frontière, selon une estimation du CIFQ.
L’organisme souligne que ce sont des sommes qui ne sont pas à la disposition des entreprises de l’industrie québécoise pour moderniser leurs usines, accroître leur production et ainsi contribuer davantage à l’économie du Québec.
Un conflit vieux de 40 ans
Le présent conflit du bois d’œuvre (Lumber 5, comme on dit dans l’industrie) a débuté officiellement le 25 novembre 2016 (alors que le président démocrate Barack Obama terminait son second mandat), quand une coalition de producteurs américains de bois d’œuvre a porté plainte contre l’industrie canadienne, l’accusant encore d’être subventionnée.
Mais ce conflit date d’une quarantaine d’années.
En 1982 et 1986, l’administration républicaine de Ronald Reagan (1981-1989) a successivement déclenché les deux premières procédures (Lumber 1 et Lumber 2) contre le Canada.
Lumber 3 a débuté en 1991 sous l’administration républicaine de George Bush père (1989-1993), tandis que son fils, le républicain George W. Bush (2001-2009), a lancé la première salve pour Lumber 4, en 2002.