B Corp, le Québec inc. passe à la vitesse supérieure

La progression de B Corp est particulièrement marquée au Québec. (Photo: Adobe Stock)

B CORP: REDÉFINIR LA PERFORMANCE. Depuis 2022, la certification B Corp est passée à la vitesse supérieure au Québec. Avant cette année charnière, on dénombrait, bon an, mal an, une dizaine d’entreprises qui obtenaient leur certification. Depuis, le registre officiel de B Lab Global — l’entreprise américaine qui gère la certification — s’est bonifié de 38 nouvelles entreprises québécoises en 2022, de 40 en 2023, et d’une vingtaine pour l’année en cours.

La progression de B Corp est particulièrement marquée au Québec. Ces deux dernières années, la province a affiché la plus forte croissance de nouvelles certifications B Corp au Canada et la seconde en Amérique du Nord, derrière la Californie. Pour se donner une idée de la taille du mouvement B Corp Québec dans le Canada, la province regroupe 27 % des B Corp (150 sur 547) dont le siège social est au Canada, alors que, dans l’ensemble, elle héberge 23,7 % des sièges sociaux canadiens.

« Depuis la pandémie, on assiste à une vague de certifications », note Michele Musci, stratège d’impact de l’agence Republik. Son hypothèse : quand le Québec a été mis « sur pause », les dirigeants d’entreprise ont soudainement eu le temps de s’intéresser à la question. Car du temps, il en faut. Le questionnaire en ligne compte de 200 à 250 questions visant à évaluation l’influence de l’entreprise dans cinq grandes catégories : la gouvernance, les employés, la clientèle, la collectivité (incluant les fournisseurs) et l’environnement. Si le processus n’a pas la lourdeur administrative des rapports SGI (« Sustainable Governance Indicators ») ou GRI (« Global Reporting Initiative »), il demeure très rigoureux.

Aussi, l’époque où une entreprise pouvait se dire « première B corp de son secteur » est bel et bien révolue. Au Québec, on trouve des entreprises certifiées en droit (Lambert & Olivier Notaires), en génie (Technologies Ecofixe), en marketing et communications (Canidé, Tam-Tam\TBWA, Tux) et même en construction (Construction Longer). Et si la certification a d’abord intéressé les petites entreprises (car le processus est plus léger pour celles-ci), des entreprises de taille « moyenne » se joignent maintenant au mouvement (par exemple, Norda Stelo et Optel en 2023 et Altitude Sport en 2024).

Un cadre de référence « complet » et « facile à comprendre »

À l’agence de développement durable Coesio, les clients découvrent souvent la certification « par la bande ». « Nos clients se demandent d’abord comment intégrer le développement durable ou des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans leur organisation, dit Marius André, directeur des relations d’affaires de Coesio. Ils agissent par la pression de donneurs d’ordre, par de nouvelles réglementations dans leur secteur ou par le souhait intrinsèque des dirigeants qui souhaitent développer un modèle d’affaire plus durable. Nous leur présentons la certification B Corp comme un élément différenciateur, une fois qu’ils se sont donné des objectifs de développement durable. »

Pour Michele Musci, la certification B Corp apparaît comme un bon « point de départ » pour une entreprise qui n’a jamais fait de démarche RSE [MC1] (responsabilité sociale d’entreprise) ou ESG. « C’est une méthodologie à la fois complète et facile à comprendre, qui donne un aperçu à 360 degrés des pratiques à adopter pour devenir une entreprise responsable. Nous l’utilisons régulièrement comme cadre de référence dans les mandats ESG. »

Par où commencer ?

— B Local Québec est le repère des entrepreneurs qui veulent remplir le questionnaire B Corp par « eux-mêmes ». Il s’agit d’un OSBL indépendant de B Lab Global. « Nous avons un rôle de sensibilisation et de soutien à la communauté B Corp à travers l’organisation d’événements et l’animation d’un canal Slack », dit Aurelia Talvela, présidente de B Local Québec.

— Du côté de la consultation, Boite Pac est l’agence de référence pour obtenir la certification B Corp. « Les entreprises viennent vers nous par manque de temps ou de connaissances, explique Thomas Ferland-Dionne, cofondateur de l’entreprise. Nous offrons des gabarits pour l’ensemble de la documentation exigée par B Lab Global : guide des employés, code d’éthique, évaluation des fournisseurs, etc. » Sans être leur fonds de commerce principal, les consultants Artio Strategies, Republik et Coesio font aussi de l’accompagnement B Corp.

— Elle-même certifiée depuis 2013, la Banque de développement du Canada encourage les entreprises à obtenir la certification. « Nous présentons la certification B Corp aux entreprises qui s’y intéressent, par les webinaires mensuels B Corp 101 qui fournissent les bases de la certification, nous a expliqué Hélène Guillemette, conseillère principale aux affaires publiques à la BDC. Nous fournissons également du soutien aux entrepreneurs sur des questions plus pointues, à travers des conversations individuelles. »