Financement vert: les banques en retard dans les pays émergents, selon la Banque mondiale
AFP|Publié le 29 août 2024Elles consacrent moins de 5% de leurs investissements vers des entreprises ayant un impact positif en termes de climat. (Photo: 123RF)
Une grande majorité des banques dans les pays émergents ne participent qu’à la marge au financement lié au réchauffement climatique ou à l’adaptation des sociétés pour y faire face, a estimé jeudi un rapport de la Banque mondiale.
Selon les données de l’institution basée à Washington, plus de 60% des banques installées dans ces pays, dont le PIB par habitant est compris entre 1136 dollars américains et 13 845 dollars américains, consacrent moins de 5% de leurs investissements vers des entreprises ou actions ayant un impact positif en termes de climat.
Pire, plus de 25% d’entre elles n’y consacrent aucun investissement.
Mais dans un certain nombre de cas, les établissements financiers ne sont pas aidés par leurs autorités de régulations: alors que plus de 76% des économies avancées ont mis en place un système permettant d’identifier les financements dits «verts» afin d’aider les banques à les cibler, c’est le cas pour à peine 10% des pays émergents.
Or ces pays «sont face à des murs d’investissements importants pour devenir une économie à bas carbone et résiliente au changement climatique. Nous avons besoin que les établissements privés de financement prennent part à l’effort», a estimé le directeur responsable des politiques de développement à la Banque mondiale, Axel van Trotsenburg, cité dans le communiqué.
«L’adaptation est sous-financée», a regretté pour sa part Pablo Saavedra, vice-président responsable de la prospérité à la Banque mondiale, également cité dans le communiqué, «seuls 16% des financements dans les pays émergents ou en développement vont à l’adaptation. Et de cette petite part, 98% sont des financements publics ou officiels».
L’une des difficultés est cependant dans le manque de stabilité du système financier parmi les pays émergents, alors que 30% d’entre eux pourraient être confrontés à une crise financière dans les douze prochains mois, estime la Banque mondiale.
Or dans bien des cas, les marges de manoeuvre des autorités en cas de crise financière seront très limitées, dans la mesure où un certain nombre de gouvernements doivent faire face à une hausse importante du service de leur dette, du fait de la hausse des taux d’intérêt par les principales banques centrales pour lutter contre l’inflation.
Certains se retrouvent d’ores et déjà confrontés à une crise de la dette qui les a forcés à faire appel au Fonds monétaire international (FMI).
Avec un risque que les deux crises s’entretiennent: entre 2012 et 2023, l’exposition des banques locales à la dette publique de leur pays a augmenté de 35%, le risque de crise de la dette souveraine venant renforcer celui d’une déstabilisation des établissements bancaires.