Céline Juppeau, fondatrice de Kotmo (Photo: courtoisie)
B CORP: REDÉFINIR LA PERFORMANCE. Alors que Kotmo a une certification (2016) et deux « recertifications » (2018 et 2021) sous la cravate, le concepteur et distributeur d’objets promotionnels basé à Montréal a utilisé sa documentation B Corp pour soumissionner — avec succès — à un important contrat d’approvisionnement gouvernemental. Portrait d’une « B Corp » qui a choisi de faire rimer « local » et « environnemental ».
Il y a un an et demi, Kotmo a été retenue par une société d’État provinciale pour devenir un des deux fournisseurs principaux d’objets promotionnels. Lors de l’appel d’offres, Céline Juppeau, fondatrice de Kotmo, a eu l’agréable surprise de constater que tout un volet du questionnaire abordait les pratiques de développement durable de l’entreprise. Et que des points étaient liés aux réponses. « C’est la première fois que je voyais la notion de durabilité aussi présente et concrète dans un appel d’offres public. En dix ans de carrière, j’ai pu constater que les actions ne suivaient pas toujours les beaux discours [environnementaux]. Or, ça m’a redonné un peu d’espoir dans les processus d’appel d’offres. Ça m’a montré qu’on est capable de les changer, pour tenir compte de l’impact social et environnemental dans le choix d’un fournisseur. »
La pondération des points lui a donné la chance de faire valoir sa candidature, même si, selon elle, elle n’était probablement pas le plus bas soumissionnaire. Aussi, la fondatrice de Kotmo n’a pas eu de difficulté à récolter les points d’« impact », compte tenu de sa certification B Corp. « Pour avoir les points, il fallait soumettre des preuves. Plusieurs questions ressemblaient à celles du questionnaire de B Corp. Nous avions déjà toute la documentation pour justifier nos réponses », explique-t-elle. Pour démontrer son engagement à faire affaire avec des fournisseurs issus de la diversité, Céline Juppeau a pu joindre sa politique d’approvisionnement responsable, appuyée par des factures de ces entreprises-là, incluant des liens vers les sites des entreprises de réinsertion sociale.
L’entrepreneuse montréalaise conclut que la certification lui a été d’une grande aide dans le processus d’appel d’offres. « Une des raisons pour lesquelles je suis allée chercher une certification, c’était pour avoir un regard externe qui puisse valider et apporter une crédibilité à nos démarches en développement durable. Ce n’est pas juste moi qui le dis, il y a un parti externe qui confirme que nos actions ont un impact positif sur la société et sur l’environnement. »
Planter les germes d’une croissance durable
Tout compte fait, Céline Juppeau est venue récolter les fruits d’un travail de longue haleine, puisqu’elle s’est engagée dans le processus de certification dès la fondation de son entreprise en 2014. « Quand je fais des conférences dans l’écosystème entrepreneurial, j’encourage les entrepreneurs à s’intéresser à B Corp dès la fondation de leur entreprise. C’est beaucoup plus facile d’analyser nos pratiques quand on a peu de dépenses, peu de revenus, peu d’employés et de fournisseurs. »
Le simple fait de remplir le questionnaire du B Impact Assessment (BIA) a nourri sa réflexion sur son modèle d’affaires. « Quand j’ai monté l’entreprise, nous nous concentrions sur la dimension locale, à savoir d’où provenaient les objets promotionnels. Or, en répondant aux questions du BIA, je me suis mise à réfléchir à la diversité de mes fournisseurs. Par la suite, nous avons décidé d’ajouter des critères de sélection pour favoriser les entreprises appropriées féminines, les entreprises de réinsertion sociale, des entreprises issues de la relève entrepreneuriale et les entreprises familiales. »
Plus récemment, c’est le volet environnement qui a retenu davantage son attention. « Dans notre dernier plan de développement durable, la réduction de nos GES occupe une place majeure. Nous avons un outil de mesure pour calculer l’empreinte de nos livraisons et nous pouvons partager cette information à nos clients. » Autre effort environnemental : Kotmo a développé un stylo entièrement fabriqué ici, à partir de plastique « recyclé postconsommation ». Une première au Québec, selon l’entrepreneuse.
Vision cohérente
N’est-ce toutefois pas s’imposer un fardeau supplémentaire que de s’imposer, comme PME, une certification comme B Corp ? « Comme j’ai commencé au début de l’entreprise, je suis habituée. Je sais où aller chercher l’information. Je n’ai jamais eu recours à des consultants. Pour moi, ça fait partie intégrante de mon travail. En tant que gestionnaire de l’entreprise, ça me permet de m’assurer de la cohérence de notre mission. » Les neuf employés de Kotmo ont aussi leur rôle à jouer, précise-t-elle. « Chaque employé a une petite action à faire pour la réalisation de notre plan de développement durable. Nous y allons étape par étape, dans un esprit d’amélioration continu. »